SYNOPSIS


Un lundi matin Katya, Vika et Zhanna, trois collégiennes de 14 ans de la banlieue de Moscou, apprennent qu'il y aura une soirée dansante dans leur école le samedi soir - la première de cette nouvelle année et la première de leurs vies. Mais cette soirée, Katya insulte son professeur et la soirée risque être annulée. Les filles se rebellent contre leurs parents, contre leurs enseignants et les unes contre les autres. Alors que l'effervescence du bal retombe, elles ne sont plus amies mais elles ne sont également plus celles qu'elles étaient...

EXTRAITS CRITIQUES


Dans son premier long métrage, Valeria Gaïa Guermanika dépeint avec brio un tableau réaliste dans la beauté et la cruauté du monde décalé de l’adolescence. Entre histoires d’amour immatures et serments d’amitié éternelle, elle a tout de même su relever le défi de ne jamais tomber dans le cliché, bien que la limite ait souvent été frôlée. Totalement immergé dans les aventures de ces lycéennes grâce à l’utilisation de la caméra à l’épaule, le spectateur est tellement proche des personnages que l’émotion en est presque palpable. Les plans longs et les prises de vue rapprochées rythment le film et renforcent l’impression de vivre l’histoire.

Tous les ingrédients sont réunis pour un cocktail explosif de vérité et de sincérité : on passe rapidement du rire aux larmes, d’une violence brutale à une complicité infaillible entre les personnages. Le spectateur, entrainé dans un ascenseur émotionnel, est d’autant plus affecté par le destin des héroïnes qu’il s’y identifie totalement. Caractères forts et pluriels, personnalités exacerbées et très humaines, on se retrouve partiellement dans chaque personnage. Personnages d’ailleurs parfaitement assumés et interprétés par leurs actrices, déjà très professionnelles tout en restant naturelles. Film choc. Poignant. Un feu d’artifice mais jamais artificiel, des émotions à l’état pur…

A.Schmitt et N. Robin Jeune Critique Cannes


La cinéaste connaissant le sujet et le terrain sur le bout des doigts, puisqu’elle y habite, elle y a filmé en roue libre trois excellentes actrices – plus âgées que leurs personnages d’ados de 16 ans (cela ne se voit pas) –, caméra à l’épaule, en entrant systématiquement “dans le chou du plan”, comme disait Pialat.

Histoire conflictuelle de lycéennes prêtes à tout pour sortir de l’enfance à l’occasion de la boum de l’école, quitte à y perdre des plumes et toute leur innocence, brutalement. Une œuvre dure, vernaculaire (car très locale), qui a le défaut de ne pas dévier d’un iota d’un programme très tracé. Au point que, lors d’une des séquences finales, on montre alternativement chacune des trois héroïnes humiliée, tabassée, violée et/ou soûlée… Ce martèlement du constat par le montage revient à transformer en généralité (sociologique) les cas de ces ados de 15-16 ans au lieu de les singulariser. Donc à les banaliser. Vincent Ostria,

LES INROCKS, 17 avril 2009


On a devant les yeux l’histoire d’élèves de seconde de Moscou (c’est important) qui sont tout ce qu’il y a de plus standard, des élèves d’aujourd’hui. Il me semble que la valeur de ce film est là : il s’agit d’une histoire ordinaire qui se passe avec des filles ordinaires, des lycéennes ordinaires. Elles ne sont ni alcooliques, ni prostituées, ni droguées ; ce sont des filles normales. Elles vont grandir, vont élever elles aussi des enfants, et c’est cette chaîne incessante de la vie dont nous ne voyons non pas un maillon, mais uniquement l’infime partie d’un maillon. On voit dans ce film les relations qu’ont aujourd’hui les lycéens et les enseignants, les parents et les enfants. Le conflit père fils est éternel, mais à 14 ou 15 ans, on a l’impression qu’il ne concerne que toi. Les parents ont entretemps oublié comment ils étaient au même âge…

Ygor Tolstounov, producteur, dossier de presse

VALERIA GAÏ GERMANICA

Valeria Gaï Germanica est née à Moscou le 1er mars 1984, dans une famille bohème. Elle a étudié la réalisation cinématographique à l’École de cinéma et télévision d’Internews et en sort diplômée en 2005 (sous la direction de Marina Razbejkina). Elle tourne son premier film Sisters à 19 ans. En 2008, le film Vous mourrez tous sauf moi a été présenté au Festival de Cannes, au concours « Caméra d’or » et a reçu une Mention Spéciale du jury pour le meilleur début de long métrage.

Ce long métrage traite des mêmes thèmes que ses documentaires et s’inspire directement de son expérience personnelle.

En 2010, Channel One diffuse 69 épisodes TV de School de Valeria Gaï Germanica. Consacrée à la vie des adolescents dans une école ordinaire de Moscou, cette œuvre suscite une vive polémique et Valéria devient une star controversée en Russie. Elle devient directrice de la création pour la chaîne russe MTV en 2010.

Elle a participé au film Entropie de Mary Sahakian comme actrice et a tourné en 2014 une vidéo pour le groupe de rock russe « Hallucinations sémantiques ».

PROPOS DE LA RÉALISATRICE


« Il y a quelques années, j’étais très amoureuse d’un metteur en scène. Il réagissait bizarrement à cet amour, par provocation ou pour d’autres raisons. Un jour, j’ai éclaté en sanglots et je lui ai dit : « Tu me mets hors de moi, tu es plus vieux que moi et tu mourras avant moi. Tout le monde mourra. Tout le monde mourra, sauf moi. »  Cette phrase m’est restée. Je me suis même dit : « Tous mes films parleront de toi pour que tu le voies. » Puis ce titre est devenu un film. C’est avec ironie que je repense à cette histoire aujourd’hui, bien moins sérieusement qu’à l’époque. À l’époque, justement, tout mon drame tenait dans cette phrase. Comme Katia quand elle la prononce.


 Je suis documentariste. Je fais du cinéma sur ce que je connais, sur ce que j’ai vu, sur mes propres expériences. De plus, je tourne tous mes films là où je vis, parce que je ne peux pas faire autrement. Ce quartier, c’était le mien et ce film était comme un adieu à ce quartier. Et tout ce qu’il y avait sur le plateau était authentique. L’alcool que les filles boivent est bien réel. Nous avons tout tourné en plan-séquence. On n’aurait pas pu faire autrement, ni ouvrir la bouteille ni boire le cocktail. Quand Katia et sa mère doivent se battre, les gestes sont bien réels. Polina était couverte de bleus et d’égratignures. Olga Lapchina est tombée dans le couloir et s’est fait mal au dos. Il n’y avait pas de doublures parce que les actrices ont accepté de pénétrer cette réalité et y sont allées d’elles-mêmes. Je les avais prévenues que ce serait comme ça et pas autrement.          
J’ai décidé de faire un film sur ces adolescents, parce que j’étais comme eux à 19 ans. En fait, être un adolescent glamour ou non, venir d’une riche famille ou non n’ont aucune importance. Quand, dans un quartier périphérique, un genre de cité dortoir, tu sors dehors et que tu discutes avec tes amis, tu deviens comme eux. Et le milieu social dont tu es issu n’a aucune importance.