Les Balles du 14 juillet 1953
Algérie du possible

VENDREDI 19 MAI à 20 h

SYNOPSIS

À Alger, Nassima Hablal, héroïne oubliée de la Révolution algérienne, me raconte son histoire de femme dans la guerre, sa lutte pour une Algérie indépendante.

Charmante, ironique et enjouée, elle me fait connaitre ses amies d'antan Baya, infirmière dans les maquis et Nelly, assistante sociale dans les bidonvilles de la capitale. À travers ses récits je reconstitue un héritage incomplet. En interrogeant l’Algérie du passé, je comprends l’Algérie du présent, restaurant une partie de mon identité́.

Ainsi, l'Histoire se reconstitue à la manière d'une grand-mère qui parlerait à sa petite-fille. Ce film donne à voir cette transmission de la premièrela troisième génération, mais il va au-delà̀. Chaque année, je rends visite à Nassima : un lien se tisse, une relation d’affection s’installe, permettant une rare intimité́.

10949 femmes est un film à propos et entre femmes, mais c'est un récit universel qui met à l’épreuve la question de la liberté́ : qu’est-ce que la liberté́ ? Quel est son prix ?

EXTRAITS CRITIQUES


  10 949, c'est le nombre d'Algériennes anciennes combattantes de la guerre d'indépendance. Parmi elles, Nassima Hablal, militante du FLN, a été filmée par la réalisatrice durant quatre ans, jusqu'à sa disparition en 2013. Un singulier portrait de femme à l'esprit bien ­trempé, et un documentaire qui, malgré son économie de moyens, en dit long sur la volatilité des souvenirs. 

Nicolas Didier, Télérama


Le film s'ouvre avec une femme qui chante "La mauvaise herbe" de Georges Brassens, tout en vidant le marc de café dans l'évier de sa cuisine désordonnée. Elle se tourne vers nous et l'air badin nous dit " J'aurais dû être chanteuse, au lieu de faire de la politique" . C'est sur ce ton qui oscille entre l'humour et le sérieux, que nous allons partager l'histoire de Nassima Hablal, militante de l'indépendance de l'Algérie. Chez elle, dans la simplicité de son quotidien, à l'heure du goûter ou du déjeuner, elle nous raconte son incroyable parcours, son engagement, sa fidélité, ses déceptions. Coquette, une rose dans les cheveux, une goutte de parfum dans le cou, un foulard noué avec élégance, cette femme malgré ses 80 ans, sa mémoire parfois capricieuse, sa canne et sa démarche claudicante, tient debout, par la force et la soif de liberté qui l'ont animée et qui la traversent encore. Elle nous fait revivre une époque, celle de la guerre d'Algérie, par ses récits et les rencontres avec la lumineuse Baya, la douce Nelly. Si parfois on a du mal à saisir la réelle chronologie des événements, on en comprend mieux les enjeux. Il y a les bons et les moins bons souvenirs, la torture etc... Mais il y a dans ce film quelque chose qui pas à pas et de façon subtile, même si en apparence tout à l'air si évident, si spontané, fait céder la résistance de la militante, la fait se livrer, mais toujours en pudeur. Le film parle moins de l'Histoire, on le regrette un peu, qu'il ne dessine le portrait complexe et délicat des dernières années d'une sacrée femme, profondément libre, sans tabou, une femme de conviction, moderne qui n'a pas dit son dernier mot et nous livre avec force un leg, celui de la figure de l'engagement politique des femmes.

(Critique de spectateur)

10949 FEMMES

NASSIMA GUESSOUM

Avec 10949 femmes, elle met en scène un documentaire qui aborde d'un point de vue original un aspect méconnu de la guerre d'Algérie. À travers le portrait d'une moujahidate, Nassima Guessoum réalise un film sur la mémoire et la transmission, sur l'Histoire et sa construction.


PROPOS DE LA RÉALISATRICE 


Nassima, qu'est-ce qui vous a motivé de faire le film ?

Plusieurs raisons m'ont motivée pour faire ce film. Tout d’abord, je suis binationale, je suis franco-algérienne. Bien que née à Paris, depuis mon enfance, j'allais chaque année passer mes étés dans un village de Kabylie, comme de nombreux enfants d'immigrés. Plus tard, Je me suis installée près d'une année, en 1999 à Alger, pour mieux connaître l'Algérie, de l'intérieur. J'avais par ailleurs fait des études d'histoire du monde arabe, en me spécialisant dans l'histoire de la guerre d'indépendance algérienne. Malgré tous les ouvrages disponibles à l'époque et tous les documentaires réalisés, je n'avais sous les yeux qu'une approche, à la fois très factuelle, faite d'événements et d'analyse politique, de dates, de chiffres, mais pas d'humain. En France on parlait "d'une guerre sans nom"; *pour moi, elle était surtout sans visage, et désincarnée*, surtout pour ce qui est de la représentation des Algériens. Ils étaient tous anonymes, fondus dans le sigle FLN ou appelés rebelles. Quant aux femmes.... Invisibles.


[…] De là j'ai fait des recherches. La majorité des femmes qui se sont engagées dans la lutte pour l'indépendance de l'Algérie, menaient des actions politiques, ou étaient agents de liaison, ou encore des infirmières dans les maquis. Les *fédayins*, celles qui menaient des actions armées de terrorisme, étaient très rares: la plus célèbre Djamila Bouhired fut parmi les 7 femmes condamnées à mort. Elle a été défendue par l'avocat Jacques Vergès, qui devint son époux.


Aucune des 7 femmes n'a été exécutée, leur condamnation a été commuée. J'ai donc voulu dépasser cette image de la femme en arme, image galvaudée de part et d'autre : côté algérien pour montrer un combat héroïque, côté français pour montrer le FLN comme "barbare". Entre les deux, j'ai cherché les vraies gens, les individus, leur parcours politique, ce qui les a construits etc...

Après des études en histoire du monde arabe à la Sorbonne, Nassima Guessoum se lance dans un master 2 en cinéma documentaire. Elle travaille ensuite dans la production ou comme assistante réalisatrice sur des documentaires sans toutefois réellement trouver sa place. Surtout attirée par la réalisation, elle signe un premier court métrage documentaire à la fin de ses études.

LES BALLES DU 14 JUILLET 1953

ALGERIE DU POSSIBLE