Le chanteur de Gaza_Extraits critiques
Le chanteur de Gaza

SYNOPSIS


Elevé dans un camp de réfugiés à Gaza, le jeune Mohammed Assaf est passionné par le charme de la musique depuis son enfance lorsqu’il chantait déjà dans les mariages ou autres réceptions privées. Mais aujourd’hui âgé de vingt-cinq ans, le jeune homme ambitieux souhaite plus que tout réussir à concrétiser son plus grand rêve: devenir un grand chanteur. Aussi décide-t-il de voyager de la bande de Gaza jusqu’en Égypte afin de participer à l’émission télévisée «Idol». Sans passeport, il parvient à passer la frontière au cours d’un dangereux périple et à atteindre l’hôtel où se déroulent les auditions... 


Vivant dans la bande de Gaza, le jeune Mohammed n’a qu’une seule ambition : devenir chanteur. Il est appuyé dans cette entreprise par sa sœur Nour à qui on découvre une maladie rénale qui causera sa mort.

 

Le film est ainsi divisé en deux parties. La première et la moins convaincante, retrace l’enfance du chanteur et les diverses aventures qu’il rencontre lorsqu’il chante avec son petit groupe d’amis dans les mariages. La seconde partie, survenant après une grande ellipse temporelle, nous permet de retrouver Mohamed, devenu jeune adulte et travaillant comme chauffeur de taxi. Il semble avoir délaissé ses rêves d’enfant, mais sa passion de la chanson le rattrape comme une heureuse fatalité lorsqu’il retrouve la jeune Amal (signifiant « espoir » en arabe), atteinte comme sa sœur Nour de maladie rénale. Il décide alors de partir tenter sa chance en Égypte en participant à l’émission Arab Idol qui consacre le meilleur chanteur dans le monde arabe.

Mais Mohammed se retrouve sur une route semée d’embûches et peine à passer la frontière égyptienne. Le Caire avec ses multiples lumières apparaît dès lors comme la promesse d’un ailleurs possible. Cette capitale artistique et culturelle, incarnation du rêve et sorte de passage obligé pour toute consécration, tiendra-t-elle ses promesses ?

 

Malgré ses quelques maladresses, le film est porté par la magie enchanteresse du grain de voix de son protagoniste et par l’intensité de son désir de s’envoler au firmament, désir qui s’apparente à un instinct de survie, comme la seule échappatoire possible de cette prison à ciel ouvert qu’est devenu la bande de Gaza.

Ainsi, si le début du film renvoie au second plan la réalité des territoires palestiniens, la deuxième l’éclaire progressivement par petites touches. Les chants de Mohammed se superposant aux images des maisons en ruine traduisent ainsi, par un procédé de désynchronisation, la violence vécue au quotidien par les Palestiniens ; et ceci jusqu’à la révélation finale où la voix de Mohamed devient l’emblème des douleurs muettes de tout un peuple. C’est également à travers ces beaux plans d’ensemble nous faisant voyager de Gaza à Beyrouth, en passant par la ville du Caire, que l’on retrouve cette ancienne utopie qui a bercé le mouvement du panarabisme -réactualisée ici par un jeu télévisuel- dont la Palestine était le cheval de bataille, le symbole de l’amour et du sacrifice patriotique, l’incarnation de l’âme arabe. Les grandes scènes de liesse débordant d’énergie, d’espoir et d’enthousiasme finissent par remporter notre adhésion, rendant hommage, l’instant d’un éternel cinématographique, à ces territoires si souvent victimes de l’amnésie médiatique.

Emna Mrabet. Culturopoing.com

Hany Abu-Assad

.Hany Abu-Assad

est un réalisateur néerlando-palestinien. Avec son aîné Elia Suleiman, il est l’un des réalisateurs contemporains les plus importants de la Palestine. Né à Nazareth en 1961, en 1980 il émigre aux Pays-Bas où il est aujourd’hui installé.

Après des études de génie technique à Haarlem, il travaille pendant plusieurs années comme technicien aéronautique aux Pays-Bas. Il aurait été engagé sur la base de son passeport israélien, et renvoyé lorsqu’on serait aperçu qu’il était Arabe et non Juif Israélien. À la suite de son renvoi, il entre dans le monde de l’audiovisuel en tant que producteur.


En 1990 il fonde, aux Pays-Bas, Ayloul Film Productions, et il réalise alors plusieurs documentaires pour la télévision. En 1993, il coproduit le premier long métrage de Rashid Masharawi : Couvre-feu. Il réalise aussi deux courts métrages de fiction : Une maison en papier en 1992, puis 13th en 1997. En 1998 il signe son premier long métrage Het 14de kippetje (Le quatorzième poussin), à partir d’un script de l’écrivain Arnon Grünberg.

Il réalise ensuite les courts-métrages Nazareth 2000 (2000), et Le mariage de Rana, un jour ordinaire à Jérusalem (2002) qui le révèle au public international de la Semaine de la Critique à Cannes.


La diffusion, sur la chaîne néerlandaise VRPO (Vrijzinnig Protestantse Radio Omroep), de son film documentaire Ford Transit (2004) (situé en Israël/Palestine), est suspendue lorsqu’on s’aperçoit qu’il ne s’agit pas d’un documentaire mais d’une docu-fiction (le personnage de soldat israélien brutal est joué par un Palestinien). Ce film suscite aux Pays-Bas de nombreux débats sur les limites du genre documentaire : un documentaire doit-t-il être strictement factuel ?


En 2006 Hany Abu-Assad reçoit le Golden Globes du meilleur film étranger pour Paradise Now, son film le plus connu et le plus controversé. Après une expérience infructueuse aux États-Unis il est de nouveau primé avec son film Omar, qui reçoit le Prix du Jury dans la catégorie Un Certain Regard au Festival de Cannes 2013.


Le chanteur de Gaza est réalisé en 2015.

La Montagne entre nous, son prochain film, sera sur les écrans en novembre 2017.

EXTRAITS CRITIQUES

Le chanteur de Gaza