Hope
La Saison des femmes

VENDREDI 24 MAI à 20 h

SYNOPSIS


Dans sa ferme du Forez, à l'est du Massif Central, Claudette, 75 ans, se bat pour rester digne face à une société qui n'a plus grand-chose à faire d'elle, et dont elle a du mal à accepter et à suivre l'évolution. Le monde moderne avale chaque jour un peu plus ses terres, ses bêtes et celles de ses voisins. Comme elle, Jean, Christiane, Jean-Clément, Raymond, Mathilde et tous les autres résistent et luttent au quotidien pour préserver leurs biens... leur vie.

À propos du film


Sans adieu n’est pas sans rapport avec le travail photographique d’Agou, puisqu’il s’inscrit dans la continuité d’une monographie, Face au silence (Actes Sud, 2010), consacrée à un monde paysan en voie de disparition.


Le film est le fruit des visites successives que Christophe Agou a rendues, entre 2002 et 2012, à de petits exploitants agricoles du Forez, en Auvergne, région dont il est lui-même originaire. Claudette, 75, qui vit parmi les poules et vitupère à longueur de temps contre les services sociaux pour ne pas vendre sa ferme à n’importe qui. Jean-Clément, qui voit son troupeau embarqué de force à l’abattoir, par mesure de prévention contre la vache folle. Christiane, traquée par un hiver mordant dans une demeure ébréchée. Raymond, qui ne se remet pas de la mort de son frère. En dépeignant les conditions de vie de ces gens, le film en expose l’isolement, le délabrement, l’abandon. Ils sont les derniers vestiges d’un mode de vie immuable, balayé par les réglementations extérieures, la concurrence des grandes exploitations, la loi du marché.


à première vue, le film de Christophe Agou s'inscrit dans une prolifique tradition documentaire consistant à recueillir les traces d'une paysannerie déclinante. Si prolifique qu'elle a fini par virer au cliché. Pourtant, Sans adieu ne reprend pas à son compte ce motif de déploration mélancolique, mais lui substitue une forme de pessimisme actif et vigoureux, dont le tableau noir et désespéré n'exclut pas, bien au contraire, une forme d'humour vital.


Car que voit-on, finalement? Des corps vieillis, brisés, usés, qui se ­retrouvent aux prises avec des fermes trop grandes, et dont ils ne peuvent plus assumer les travaux quotidiens ni l’entretien ordinaire. Les lieux de vie deviennent des cavernes envahies d’objets amoncelés et de détritus, les exploitations de grands chaos de boue, de rouille et de calamine, où les animaux s’ébattent en liberté.

SANS ADIEU

Christophe AGOU

Au milieu de cela, la pauvre figure humaine, terrée, hirsute, enfouie, semble attendre la mort dans un sursaut de colère et d’impatience.


Le film se gonfle de tout ce qui n’est pas filmé, c’est-à-dire de la relation au long cours qui engage le cinéaste auprès de ses personnages. Ce qui lui permet de capter une foule de gestes sidérants, dont Sans adieu est constellé tout du long. Comme Claudine se réveillant parmi les poules dans la voiture délabrée qui lui sert de dortoir. Comme Jean-Clément qui tient à assister à l'enlèvement de ses vaches et agrippe au moment fatidique la main de sa femme, les deux s'accrochant l'un à l'autre pour ne pas s'écrouler devant le désastre. Un grand film, ce n'est peut-être que cela: la captation miraculeuse d'un geste inoubliable par lequel s'engouffrent tout le chaos et la discorde des émotions humaines.


Mathieu Macheret, Le Monde

Christophe Agou, né à Montbrison en 1969, apprend la photographie de manière autodidacte. Dès le début des années 1990, il développe un style photographique proche du documentaire pour saisir, de manière allusive, la condition humaine.

En 1992, il déménage à New York où il commence à prendre des photographies dans la rue évoquant des sentiments de nostalgie et d'isolement.

A New York, il est connu pour ses photographies des décombres du 11 septembre, "Ground Zero", qui furent utilisées dans de nombreuses publications. Sa notoriété s'accroît avec ses photographies sur le métro de New York réunies dans son ouvrage Life Below datant de 2004.


En 2002, il revient en France, en Forez, et développe un projet autour d'une communauté de paysans dont l'identité est enracinées dans la terre. Il les suit pendant huit années en les photographiant et en les filmant lors de leurs activités. Il en résulte l'ouvrage Face au silence.


Il meurt le 16 septembre 2015 à New York des suites d'un cancer, après avoir pu terminer le premier montage de Sans adieu, qui a été présenté au festival de Cannes 2017.

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La Saison des femmes