Sans terre (Chão)
Le Brésil désenchanté (Encantado)

  

EXTRAITS CRITIQUES:


Le portrait envoûtant d’un Amérindien déraciné à Manaus, au Brésil.

Clarisse Fabre, Le Monde


Un premier film brésilien étourdissant qui joint l’expérience sensorielle à la dénonciation politique.

Ludovic Béot, Les Inrockuptibles


La mise en scène de Maya Da-Rin insiste sur le côté intérieur des choses, ce qui se passe en creux. Le rythme de l’image prend le pouls de l’apesanteur, du manque d’assise lorsque l’on se trouve dans un état physique intermédiaire. [...] Elle compose des cadres d’une beauté époustouflante, à partir d’un clair-obscur des textures.

Thibault Vicq, Culturopoing.com


Si la fièvre guette, si l’histoire est maudite, si l’absence de toute perspective continue de gagner sur la forêt, sur les langues et sur les corps, il reste des passages secrets qui seront des échappatoires, et que le cinéma, tour à tour puissant et fragile, peut encore chercher à indiquer.

Luc Chessel, Libération


PROPOS DE LA REALISATRICE


Les questions relatives à la santé et à la médecine font partie des fils conducteurs du film. Justino est accablé par la fièvre, Rosa est infirmière et s’apprête à étudier la médecine…


Le concept de maladie chez les Amérindiens est complexe. Souvent, il concerne non seulement le corps physique du malade, mais aussi ses relations avec les autres créatures de la forêt (les autres hommes, les animaux et les esprits). J’estime que notre société moderne est malade, car elle est incapable de s’identifier à l’altérité et d’agir en faveur des différences. Nous sommes la seule espèce qui s’extermine elle-même. Ce phénomène a existé pendant des siècles avec la colonisation, et il se perpétue encore aujourd’hui lorsque nous fermons les yeux sur les épreuves subies par les immigrants et les réfugiés ou lorsque nous agissons avec indifférence face au réchauffement climatique et à la déforestation.

  

Synopsis :

Manaus, ville industrielle au cœur de l’Amazonie, Justino, amérindien de l’éthnie Desana, travaille comme vigile dans le tentaculaire port de commerce. Sa fille, aide-soignante, est sur le point de partir faire ses études de médecine à Brasilia. Confronté à la solitude de sa modeste maison et à ses nuits hantées par la poursuite d’un animal sauvage, Justino est saisi d’une fièvre mystérieuse. La visite de son frère lui remémore sa vie dans la forêt. Tiraillé entre sa vie urbaine et l’Amazonie de son passé,

Justino cherche sa place.

 MAYA DA-RIN

 Maya Da-Rin est une réalisatrice et vidéaste brésilienne. Née à Rio en 1979, elle suit des études d’esthétique et de design, puis des ateliers de cinéma à l’École internationale de cinéma et de télévision de San Antonio de los Baños de San Antonio de los Baños, à Cuba. Elle est diplômée du Fresnoy, studio national d’art contemporain et d’un master de Cinéma à la Sorbonne Nouvelle.

Son documentaire Terras (2010) et Margin (2007) qui se passent déjà au cœur de l’Amazonie ont été projetés dans plus de 40 festivals. La Fièvre est son premier long métrage de fiction co-produit par la société de Maya Da-Rin au Brésil, Kompilzen fondé par la réalisatrice allemande Maren Ade et Still Moving en France. Le film a été sélectionné en compétition au festival de Locarno où il a remporté le Pardo d’or du meilleur acteur et le prix Fipresci. Il a remporté plus de 40 prix à travers le monde.

L’émigration interne au Brésil...


De nombreux autochtones ont quitté leurs habitations traditionnelles de la forêt pour un salaire, des services de santé et d’éducation. Malheureusement, Manaus ne disposait ni d’un plan d’urbanisme, ni de programmes sociaux permettant de mieux accueillir ces nouveaux arrivants. L’expansion urbaine s’est donc étendue aux zones forestières. Si la ville comptait à l’époque 200000 habitants, elle en compte aujourd’hui plus de 2, et de nouveaux indigènes s’y installent chaque jour.

Depuis lors, l’extension des villes dans la forêt, ainsi que la pénurie de nourriture, la déforestation et la présence de chercheurs d’or ont incité un nombre croissant d’indigènes à quitter leurs villages de la région du Haut Rio Negro. Lorsqu’ils arrivent dans les villes, ils doivent cependant faire face aux préjugés de la société brésilienne et sont souvent contraints de renoncer à leurs coutumes et traditions. La Constitution brésilienne de 1988 a permis de nombreuses avancées dans la reconnaissance des droits spécifiques des populations indigènes, notamment leur droit à la terre. Par la suite, nombreux sont ceux qui ont recommencé à s’auto-identifier comme indigènes. Plus récemment, les luttes identitaires, la valorisation des cultures et les revendications en faveur de la mise en place de politiques spécifiques ont pris de l’ampleur. Mais ces dernières années ont été marquées par de nombreux revers, qui représentent

Vendredi 26 mai 2023 : 20 h

 

La Fièvre (A febre)

Drame de Maya Da-Rin,


1h 38, Brésil, couleur, V.O.S.T., inédit à Troyes, sortie 2019

Sans terre

Le Brésil désenchanté