Programmation avril à juin 2024
02-Ciné-Toto et ses soeurs

VENDREDI  24  MAI  2024: 14 h 30


DIAMOND ISLAND   de  Davy CHOU


Drame, Cambodge, France, 1h 40,V.O.S.T., 2016

inédit à Troyes


Présence de Colette COQUARD et de Frank VALEZE

à toutes les séances du Cinérencontres


Synopsis:


Diamond Island est une île sur les rives de Phnom Penh transformée par des promoteurs immobiliers pour en faire le symbole du Cambodge du futur, un paradis ultra-moderne pour les riches.

PROPOS DU RéALISATEUR


Quelle place, quelle importance, le «énocide» orchestré par les Khmers rouges a-t-il dans votre vie et dans votre travail de cinéaste?

C’est difficile à dire. Si on regarde mes deux longs métrages, il est possible de voir, dans une relation de cause à effet directe (Le Sommeil d’or) ou, à l'inverse, dans le silence assourdissant de son absence (Diamond Island), un rapport évident avec le génocide perpétré par les Khmers Rouges. Certains thèmes reviennent d'un film à l'autre: la distance et la question de sa réduction, l'amnésie et la mémoire, et je ne peux m'empêcher d'y voir un lien avec l'histoire du Cambodge, celle de ma famille, et donc la mienne.


Que représentait Diamond Island pour vous? Un espace mutant dans un pays qui n’a pas digéré son passé?

Pour moi c’est un lieu qui incarne le rapport, passionnel et cruel, entre la jeunesse et le mythe de la modernité en marche du pays. Le point de départ, c’est la relation entre Diamond Island et les gens qui, de jour, la construisent, mais aussi ceux qui, le soir venu, s’y retrouvent - des centaines de jeunes en scooter qui tournent en rond dans l’île, qui regardent avec des yeux émerveillés ces constructions non finies, ces pancartes montrant un Cambodge du futur ressemblant aux Champs-Elysées. Le pays est comme précipité dans le futur, et la jeunesse qui est née pendant une période de privation conséquente à une Histoire tragique y perd ses repères. Le film s’articule autour du désir, à la fois naïf, violent et sans recul qu’engendre ce surgissement, à tous les niveaux de la société.


Cette violence d’apparition, est-elle aussi là pour liquider un passé non totalement réglé?

Ce qui étonne dans Diamond Island, et par extension dans tous les grands projets de construction apparus ces dernières années au Cambodge, c’est l’absence de traces du passé, de l’Histoire, de la culture. Je suis frappé de voir cette amnésie en marche, cette façon de mettre le passé sous le tapis en embrassant la modernité. J’ai trouvé intéressant que le film fasse le même geste, en s’immergeant pleinement dans ce monde nouveau.


D’après C.E.M.E.A. et MAKNA-PRESSE

DIAMOND ISLAND


Diamond Island (Koh Pich en khmer) était le refuge de quelques familles de pêcheurs et de maraîchers. En 2006, avec le soutien du gouvernement, ces familles ont été déplacées afin de développer un projet d’aménagement de l’île de plusieurs milliards de dollars, grâce à l’association d’un fonds d’investissements chinois et de l’OCIC, filiale de la Canadia Bank (une des plus grandes banques du Cambodge).

Aujourd’hui, cent hectares de terrain ont été aménagés. L’hôtel de ville d’inspiration gréco-romaine, les lotissements résidentiels d’Elite Town, la Canadia International School et diverses infrastructures dédiées aux loisirs sont déjà en service. Des réalisations plus ambitieuses sont en cours. Symbole de l’internationalisation des modes de construction en Asie du Sud-Est, Diamond Island attire les foules, et surtout la jeunesse phnompenhoise qui en a fait un de ses lieux de rencontre favoris


EXTRAITS CRITIQUES


Le complexe immobilier de Diamond Island est très beau pour qui aime les jeux de lignes complexes, la perfection des aplats et le miroitement du soleil levant sur les façades réfléchissantes. Pour Davy Chou, Diamond Island est un territoire cinématographique idéal: un lieu d’expérimentations visuelles, le terreau fertile d’une stylisation qui épuise ses moindres éclats lumineux et explore ses multiples formes. Le récit de Davy Chou confronte la jeunesse cambodgienne à ce territoire neuf. Diamond Isand est donc un film très beau qui irise les corps dans un magnifique écrin pop, dissout les aspirations de sa jeunesse dans le scintillement d'un luxe fallacieux. Diamond Island est un film de lux sur un monde de luxe. Ou l’inverse.

Culturopoing.com, Benjamin Cocquenet


L’empreinte enivrante que laisse le film est celle du flottement qu’installe sa mise en scène, qui gomme tout ce qui pourrait être un tour de force scénaristique ou dramatique pour rendre presque invisible le passage d’un état, d’un lieu ou d’un régime à un autre.

Cahiers du Cinéma, Gaspar Nectoux

DAVY CHOU

est né en 1983 à Fontenay-aux-Roses), réalisateur franco-cambodgien, est le petit-fils de Van Chann, l'un des principaux producteurs du Cambodge dans les année 1960 et 70.

Son premier long-métrage, Le Sommeil d’or, documentaire sur la naissance du cinéma cambodgien et sa destruction brutale par les Khmers Rouges en 1975, est présenté à la Berlinale. Son long-métrage suivant, Diamond Island, est récompensé par le Prix SACD de la Semaine de la Critique en 2016. Son film Retour à Séoul (2022) qui bénéficie d'un excellent accueil critique, est sélectionné à Un Certain Regard et dans de nombreux festivals de premier plan (Toronto, Busan, New York, Morelia, Séville...). Il représente le Cambodge aux Oscars en 2023. En parallèle, Davy Chou poursuit une carrière de producteur et a coproduit Onoda, 10 000 nuits dans la jungle d'Arthur Harari, ainsi que les films de cinéastes cambodgiens, notamment Kavich Neang.

Bora a 18 ans et, comme de nombreux jeunes originaires des campagnes, il quitte son village natal pour travailler sur ce vaste chantier. Là il se lie d’amitié avec d’autres ouvriers de son âge, jusqu’à ce qu’il retrouve son frère aîné, le charismatique Solei, disparu cinq ans plus tôt. Solei lui ouvre alors les portes d’un monde excitant, celui d’une jeunesse urbaine et favorisée, ses filles, ses nuits et ses illusions.

Ciné-rencontre

Toto et ses soeurs