« Réserve, pudeur, sobriété et comme une paresse de grand seigneur à n’insister sur rien caractérisent non seulement le protagoniste mais surtout le style de Becker. Il est inutile de rappeler que le film fut un triomphe, mais il est peut être bon de noter que Becker démontra à cette occasion que, même en France, le grand public pouvait être sensible au classicisme le plus exigeant et le plus naturel. Il eut sans doute de la chance car d’autres que lui s’y essayèrent et se cassèrent les dents. Quoi qu’il en soit, Touchez pas au grisbi reste aujourd'hui comme à sa sortie l’un des meilleurs films policiers français et peut être, tout simplement, le meilleur. »

Jacques Lourcelles : dictionnaire du cinéma

Propos


  « Je crois que le cinéma en temps que système de récit visuel, constitué par le « montage » de « plans » successifs de tout temps, a été inconsciemment pratiqué par les imaginatifs, les chimériques et, plus généralement parlant, par tous ceux qui ont gardé de leur enfance l’habitude de se raconter des histoires à eux-mêmes, tout en les « projetant » sur un écran idéal. »

 

« Lorsqu’on, a trouvé une histoire à raconter, il faut la situer dans un milieu déterminé. La peinture de ce milieu, la recherche du détail juste, mesuré, pris sur le vif, donne au caractère le relief de la vie. »

 

« Je déteste laisser les gens dans le vide ; rien n’est plus faux à mes yeux...Je ne peux concevoir un personnage sans m’inquiéter de la manière dont il vit, de ses rapports sociaux, quelle que soit d’ailleurs la classe à laquelle il appartient. »

 

« Je n’ai jamais voulu (exprès) traiter un sujet. Jamais et dans aucun de mes films. Les sujets ne m’intéressent pas en tant que sujets. L’histoire (l’anecdote, le conte) m’importent un peu plus, mais ne me passionnent nullement. Je m’efforce de raconter mon affaire le mieux que je puis et c’est tout. Seuls les personnages de mes histoires m’obsèdent vraiment au point d’y penser sans cesse. »

 Autour du film


Le thème musical du film a été composé par Marc Lanjean et c’est Jean Wiener qui l'interprète à l'harmonica. Cette mélodie fit l'objet d'une chanson reprise par Aimé Barelli l'année suivante. Elle obtint un immense succès.

Malgré la grande notoriété de Jacques Becker à l’époque, le film ne fut pas présenté à Cannes, les producteurs estimant que le film ne donnait pas une bonne image de la France.

 

Le fils de Jacques Becker, Jean Becker, (L’Eté meurtrier, Dialogues avec mon jardinier) âgé alors de quinze ans, fait ici ses débuts en cinéma en tant que premier assistant réalisateur.

 

A la Mostra de Venise 1954, Jean Gabin remporta la Coupe Volpi pour la meilleure interprétation masculine pour son rôle dans le film ainsi que pour celui de Victor Le Garrec dans L'Air de Paris de Marcel Carné.