Fish_tank_Propos de la réalisatrice

 EXTRAITS CRITIQUES


«Il est de ces films contemporains qui collent parfaitement à leur époque, qui savent la capter, par la magie de quelques personnages sublimes, pour en livrer un tableau sensible. Ce n’est pas ce qui fait leur valeur première, tant il existe de films ratés et qui se veulent inspirés d’une réalité sociale. Il ne suffit évidemment pas de s’attacher à un cadre économique et social d’actualité pour livrer un film réussi. Mais lorsque le film est réussi, sa force dans la captation d’un monde contemporain vient coiffer toute sa valeur. Et c’est parce qu’il retranscrit le goût de notre monde, de son fonctionnement et de ses dysfonctionnements, mais par une écriture précise, serrée, sensible, et par une vision artistique unique, que Fish Tank est réussi dans ce double sens. Une œuvre qui transmet la sensation d’une inscription dans le temps, pour longtemps.» Sarah Elkaïm(Critikat.com)


«, sans concession, le film s'offre un crescendo émotionnel, avec, entre autres, une magnifique scène de réconciliation entre mère et fille, pas de danse et sourires en harmonie sur fond techno. Inconnue de 17 ans, Katie Jarvis, la jeune non professionnelle qui incarne Mia, fut légitimement citée lors du dernier Festival de Cannes parmi les candidates au Prix d'interprétation féminine.»

Jean Luc Douin (Le Monde : 16/09/2009)

«Remarquablement interprété par la révélation Katie Jarvis et deux des plus prometteurs talents du cinéma britannique (Kierston Wareing, découverte dans It’s a Free World ! de Loach, et Michael Fassbender, le sensationnel héros du Hunger de Steve McQueen), bénéficiant d'une superbe photographie qui joue sur les oppositions entre les intérieurs claquemurés de la cité et la beauté panthéiste de quelques virées dans la nature, Fish Tank confirme le talent singulier et puissant de sa réalisatrice.»

Didier Roth-Bettoni (Première : 09/2009)

«Andrea Arnold avait signé un premier film, Red Road, conceptuel et assez froid. Cette fois, on s'attache aux personnages, tous pourvus de défauts mais non stigmatisés — pas même Connor. Le film prend des tours souvent inattendus, échappe au béton et gagne la campagne au bord de l'eau, dans un semblant de joie familiale. Le film décrit un processus de maturité, qui passe par la confiance en soi, le soutien, l'amour. La réalisatrice combine finement tableau social et imaginaire poétique. Au milieu des disputes affleurent de beaux instants de douceur. Pour preuve, ces séquences de ralentis, vagues de désir où Mia se sent portée, caressée, soulevée vers le haut comme une plume.»

Jacques Morice (Télérama : 16/09/2009)


«Red Road était une claque, Fish Tank un véritable coup de poing dans la figure. Repartie de la Croisette en 2006 avec un prix du Jury amplement mérité et une réputation établie, Andrea Arnold n’avait alors rien montré de l’étendue de son talent. Fish Tank est une œuvre incroyablement maîtrisée : l’immersion dans l’Essex prolétaire et paumé est totale, l’observation d’une génération sans avenir effrayante…  Semblables à des cobayes, les personnages évoluent et se cognent à la vie. Si ça fonctionne aussi bien à l’écran, ce n’est pas uniquement grâce à ces plans saisissants, ces couleurs omniprésentes mais fatalement passées, cette caméra aussi instable que les personnages ; l’efficacité du cinéma d’Andrea Arnold doit se chercher ailleurs, dans sa démarche fortement proche de celle de Ken Loach. Katie Jarvis, actrice non professionnelle de 17 ans repérée sur un quai de gare, se voit ainsi proposer un premier rôle pour lequel elle ne lira le scénario que par petits bouts, au fur et à mesure du tournage. Coup de poker pour la cinéaste, risquer le jeu d’acteur pour l’authenticité. Au final, en allant même jusqu’à confronter la jeune actrice au charismatique et pro Michael Fassbender, le réalisme est frappant, la tension palpable. Fish Tank, film profondément noir et humain, y gagne terriblement, et Andrea Arnold signe une des œuvres majeures du cinéma anglais engagé de ces dernières années.»

Jean Nicolas Berniche ( Le Figaro : 09/2009)


«Tranche de vie prolétaire, étude sur l’adolescence et le désir féminin, attentif aux corps de ses acteurs et actrices, riche en images marquantes (un poisson que l’on tue, un torse d’homme nu, une jeune femme qui urine au milieu d’un salon, une géographie où coexistent friches industrielles et nature sauvage…), Fish Tank n’a sans doute pas la singularité ou la puissance cinématographiques décisives que revêtaient certains films des frères Dardenne ou d’Abdellatif Kechiche. Mais c’est un très bon film, qui n’a pas usurpé son prix du jury cannois, exprimant au mieux les motifs attendus de son genre mais réussissant aussi à s’en affranchir.»

Serge Kaganski ( Les Inrocks : 15/09/2009)