SAMEDI 30 MAI  : 17 h

COÛTE QUE COÛTE


Documentaire français de Claire SIMON (2005 ; 1 h 35 ; inédit à Troyes)

Cadre et réalisation: Claire Simon ; Lumière et point : Jérôme Peyrebrune, David Ungaro, Jacques Gayard ; Montage : Catherine Quesemand ;  Son: Dominique Lancelot ; Musique originale Arthur H ; Produit par Richard Copans et Serge Lalou

SYNOPSIS

La réalisatrice a filmé pendant six mois la lutte permanente que mène une PME pour survivre et pouvoir payer les charges et les salaires de ses employés, qui est pour elle la comédie tragique du travail, de ce que l'on est amené à faire pour vivre dans notre monde.

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EXTRAITS CRITIQUES


«Claire Simon aime les gens qu'elle filme, et c'est à partir de ce désir qu'elle fait naître la fiction. Coûte que coûte est une aventure humaine comique et dramatique où tous les scénarios sont possibles. Un film intelligent et stimulant, car la réalisatrice fait du documentaire en se posant de vraies questions de cinéma. D'abord, elle ne cherche pas à nous expliquer, à nous prendre par la main comme des assistés pour nous décrire la situation économique, pour nous dire qui est qui, ce qu'il fait, etc. Tout ça, on le pioche soi-même dans le feu de l'action, au fur et à mesure des événements…Si Claire Simon agit ainsi, c'est autant par pudeur, par respect vis-à-vis des gens qu'elle filme, que parce qu'une autre idée lui trotte dans la tête : filmer, de manière héroïque, la résistance collective de ces gens dans un monde où il faut se battre, baratiner, séduire, convaincre, un peu tricher parfois…  Des documentaires comme ça, on aimerait décidément en voir plus souvent. Que ce soit au cinéma ou à la télé.»

Jacques Morice  (Télérama)


Coûte que coûte constitue un véritable désossage du système patronal, capitaliste et libéral. Il fonctionne en tout cas comme une très instructive et civique leçon de social: l'attachement amer de chacun à son boulot, la carotte d'une pseudo-participation ("Devenez actionnaires", propose le boss, décidément à bout de rouleau), le terrorisme commercial des grandes surfaces, etc. Subsidiairement, le film procède comme une intelligente machine à questions cinématographiques. L'incroyable aisance avec laquelle la caméra de Claire Simon parvient à se faire oublier au plus tendu des conflits porte en effet à s'interroger.»

Olivier Seguret (Libération)

  

Parmi ses films les plus remarqués, on se souvient de  La police  en 1988 ou de  Scènes de ménage  avec Miou Miou, en 1991. Elle découvre la pratique du cinéma direct aux Ateliers Varan et réalise plusieurs films documentaires :  Les Patients, Récréations, et Coûte que coûte  qui seront primés dans de nombreux festivals. Ces deux derniers films sortiront en salle, signes d’une nouvelle école documentaire dans le cinéma français.

 En 1997, elle présente à la Quinzaine des réalisateurs son premier long métrage de fiction Sinon oui , histoire d’une femme qui simule une grossesse et vole un enfant. Elle réalise pour Arte un film avec les élèves du TNS au parlement européen,  Ça c’est vraiment toi , mi-fiction mi-documentaire qui recevra au festival de Belfort les grands prix du documentaire et de la fiction. Après une expérience théâtrale, elle renoue avec le documentaire en tournant  800 km de différence/romance  et Mimi  (festival de Berlin 2003).

 Après un deuxième long métrage de fiction, Ça brûle (2006), elle tourne successivement un documentaire, Les Bureaux de Dieu (2008) et un film de fiction, Gare du Nord (2013).

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PROPOS   

«bonne mise en scène, même de documentaire, montre à la fois une histoire et ce qu'on n'y voit pas. C'est pourquoi je suis très sensible au style. Moi, j'aime montrer les gens à travers leurs sentiments. J'aime qu'un de mes héros, alors que l'entreprise est en pleine déconfiture, dise le bien, énumère les bonnes résolutions. Qu'il prenne le rôle des chœurs dans la tragédie grecque…

En même temps, c'est en bâtissant ce rêve qu'ils atteignent la plus haute dignité. Ces travailleurs immigrés, dans cette boîte, ils font leur pays. Comme moi je le fais dans les boîtes de production, un peu «différentes», comme Les Films d'ici, où j'ai travaillé. C'est leur utopie, comme c'est la mienne.

Et si je me retrouve en fin de compte du côté de ceux qui font, c'est que leur situation ressemble à celle des cinéastes. Ils ont les problèmes des cinéastes face à certains producteurs incompétents, qui brûlent l'argent, qui, pour des questions économiques, remettent en cause le travail fait. D'ailleurs un copain scénariste, qui a vu le film, m'a dit: «Je ne pensais pas que dans la restauration, ils avaient les mêmes problèmes que nous dans le cinéma.»

Propos recueillis par Edouard Waintrop

(Libération 11/03/1995)

CLAIRE SIMON


Née à Londres en 1955, Claire Simon est  autodidacte, elle débute dans le cinéma par le biais du montage et tourne parallèlement des courts-métrage de manière totalement indépendante.