L'institutrice_Extraits critiques
L'institutrice_Extraits critiques

SYNOPSIS


En Israël, une institutrice s'intéresse à un garçon de 5 ans qui semble doué d'une facilité stupéfiante à créer des poèmes. Le garçon ne s'en rend pas compte et dans son entourage seule l'institutrice comprend sa particularité. Émerveillée, l'institutrice décide, envers et contre tout, de l'aider à développer ce don.


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Le 8 juillet dernier,  l’armée israélienne lançait contre la bande de Gaza l’opération Bordure protectrice. Ce conflit qui dura 50 jours  a fait au moins 2145 morts  dont 1460 civils et 493 enfants du côté palestinien et  70 personnes du côté israélien dont 6 civils. Le 14 juillet, pendant le  Festival de Jérusalem, Navid lapid  avait  signé avec huit autres cinéastes israéliens un appel  pour un cessez-le-feu dans la bande de Gaza. Le journaliste David Kanner  était présent et a retracé pour le Huffington Post sa rencontre avec Nadav Lapid.

«cet appel ? Quelle est la voix de ces artistes rassemblés en temps de guerre et de bombardements ? Quelle est celle du cinéaste Nadav Lapid, signataire de l'appel ?

Avant l’appel

"Un sentiment déprimant, affreux" dit le cinéaste depuis Tel Aviv pour résumer ce qui précède à l'appel. "Dans cette confrontation entre le Hamas et Israël, il se passe toujours quelque chose d'horrible et de violent. Malheureusement, d'autres violences sont encore à venir." Quelque chose qui se répète inlassablement. Comme "une mauvaise pièce de théâtre tragique, avec les mêmes gueules qu'on voit à la télé, remplies d'autosuffisance, les mêmes dialogues : 'il faut pulvériser le Hamas', et qui annonce aussi la préparation pour la prochaine fois."

Victimes

Dans cette guerre, il y a déjà trop de victimes, de cadavres, de ruines, "ici, surtout là-bas." L'appel prend forme durant le Festival de films de Jérusalem dans lequel les huit cinéastes présentent leurs films, "dans une ambiance surréaliste". Sur la petite colline, face aux murs de la Vieille Ville, on s'affaire à organiser les Premières des films, on réfléchit en stratège pour faire venir le maximum de spectateurs, on pense au film qui recevra le Prix, quels seront les lauréats. "C'est une autre galaxie", décrit Nadav Lapid. Et l'on se sent "idiot".


Les huit cinéastes se réunissent. Une première : ils n'en ont pas l'habitude parce que chacun d'abord travaille à sa façon, seul. Puis aussi, parce que la gauche en Israël, explique Nadav Lapid "est pulvérisée". Alors, à quoi bon ? Faire quelque chose ensemble, c'est compliqué. "Comment trouver la bonne formule ?" Israël : l'appel des cinéastes. Et chacun son style. L'un est plus radical, l'autre plus sentimental, l'un préfère s'adresser au grand public et l'autre privilégie un style plus émotionnel. Complexe. Ils passent 24 heures au téléphone à peser chaque mot. La déclaration est lue face au public. Elle dit entre autres : "La douleur des Israéliens et des Palestiniens ne peut être distinguée, et l'une ne cessera pas tant que l'autre durera."

"Une honte"
La ministre la Culture Limor Livnat a qualifié le geste de "honteux". Toutefois, les demandes en interviews des chaînes de télévision israélienne affluent. Mais jusqu'où peut porter la voix des artistes ? "Nulle part", répond Nadav Lapid. "Une fois qu'on a fait un film, on doit se plier aux exigences des producteurs et des attachés de presse, dire ce qu'il faut pour ne pas fâcher les opinions majoritairement de droite en Israël, et donc risquer de porter préjudice au film."

Né en 1975 à Tel Aviv, Nadav Lapid a étudié la philosophie et l’histoire, il a également travaillé comme journaliste pour le sport et la culture, il a aussi été critique de télévision et caméraman pour des documentaires.  Durant ses études à l’École de Cinéma Sam Spiegel, Nadav Lapid réalisa plusieurs courts-métrages, tous sélectionnés à Cannes, Berlin ou Locarno. Son film de fin d’études, La Petite amie d’Emile est sorti en France en 2007.  En 2008, il est sélectionné à la résidence de la Cinéfondation du Festival de Cannes où il écrit le scénario de son premier long-métrage, Le Policier. Prophétisant les mouvements contestataires qui dénoncent depuis quelques mois la situation sociale du pays, le film a déclenché les passions au moment de sa sortie en Israël. Le Policier a remporté le Prix Spécial du Jury au Festival de Locarno et celui du public au Festival des 3 Continents.

 Il est l'auteur d'un livre de nouvelles, Danse Encore, publié en Israël et en France.

Celui qui a rédigé de 4 à 7 ans, une centaine de poèmes, a participé au Festival de Cannes pour son second film,

L’Institutrice dans la catégorie «éances spéciales».


Patriote
"L'appel est une goutte dans un océan", poursuit Nadav Lapid. "Mais c'est l'acte le plus patriotique que nous puissions faire : dire ce que nous pensons réellement pour éventuellement changer les choses. Mais soyons réalistes : la gauche israélienne est une illusion. Le discours pour la paix est marginalisé".

Mémoire
La grande majorité des Israéliens a une inclination, dit le cinéaste, "à ne pas voir ce qu'il se passe de l'autre côté, à oublier l'existence même des Palestiniens". A perdre la notion de ce qu'"ils subissent depuis 50 ans d'occupation". Ainsi on pense d'abord à "éradiquer les terroristes", plutôt qu'à la "tragédie des Palestiniens." Deux camps qui se renvoient dos à dos, et dont l'un se rappelle fatalement à la mémoire de l'autre quand les sirènes retentissent dans les villes du sud d'Israël jusqu'au centre et dans les grandes villes, Tel Aviv, Jérusalem. "J'ai grandi à Tel Aviv", dit Nadav Lapid. "A 22 ans, je voulais devenir écrivain et cinéaste. C'est un processus compliqué, mais j'y parviens. Je fais des films, je voyage. Les Palestiniens", dit-il, "n'ont pas ce choix d'un Follow your dream."

Cinéma
"Dans mes films, je n'énonce rien. Je cherche à mettre sur l'écran une réalité, une sensibilité, un environnement comme un instantané de la société dans laquelle je vis". "Dans Le Policier, c'est comme un succédané des héros israéliens, ces robots portés par un système d'éducation implacable, de l'école au service militaire, en passant par les commémorations nationales, qui produit des êtres qu'on empêche de réfléchir, de mettre en doute". Dans L'institutrice, mon second film, une certaine vulgarité s'est diluée dans la société, et empêche là aussi de penser ou d'agir autrement".

Une autre voix

Créer un espace pour autre chose, une autre solution, détachée de la violence et de la Loi du talion. Faire entendre la voix des artistes, comme ces huit cinéastes qui signent un manifeste pour affirmer leur droit de penser autrement. "C'est loin d'être évident, reconnaît le cinéaste. Et cela sonne étrangement ici". Mais qui sait ? "L'histoire en Israël est très sombre. Il suffit parfois d'une virevolte pour qu'il se passe, peut-être, quelque chose de différent."

NADAV LAPID




« Chaque individu peut révéler la complexité de l’existence, de la vie en général, de notre vie à tous. »