Toni_Extraits critiques
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PASCAL MERIGEAU


Le critique de cinéma et écrivain Pascal Mérigeau est né le 30 janvier 1953 à Périgné. A 17 ans, il crée une salle de cinéma à Niort. Après avoir obtenu une maîtrise de Lettres Modernes à Poitiers, il s'installe à Paris en 1976 et devient journaliste. Il écrit des critiques de cinéma pour différentes revues spécialisées puis collabore aux Nouvelles littéraires, au Point et au Monde ainsi qu'au Nouvel Observateur à partir de septembre 1997. Il a écrit de nombreux ouvrages sur le cinéma, notamment des biographies de cinéastes, comme Maurice Pialat, d'acteurs et d'actrices comme Gérard Depardieu, Annie Girardot ou encore Gene Tierney et Faye Dunaway. Il a publié sur Mankiewicz un ouvrage qui a reçu en 1995 le prix du meilleur livre de cinéma de l'année. En 2012, il a publié la biographie de Jean Renoir chez Flammarion (prix Goncourt 2013 de la meilleure biographie).

Bibliographie (romans et nouvelles) :

Quand Angèle fut seule, nouvelle écrite en 1983

Escaliers dérobés, Denoël, 1994

Max Lang n'est plus ici, Denoël, 1999


Bibliographie sélective (ouvrage sur le cinéma) :

Annie Girardot, PAC, 1978

Josef Von Sternberg, Edilig, 1983

Mankiewicz, Denoël, 1993

Maurice Pialat. L'Imprécateur, Grasset, 2000

Pialat, La rage au cœur, Ramsay, 2007

Cinéma : autopsie d'un meurtre, Flammarion, 2007

Depardieu, Flammarion, 2008

Jean Renoir, Flammarion, 2012

SYNOPSIS


Un émigré italien, Antonio Canova, dit «Toni», trouve du travail dans les carrières du village de Provence où il vient d'arriver. Amoureux de Josefa, une belle Espagnole courtisée par Albert, le contremaître, il épouse pourtant Marie, sa logeuse. De son côté, Josefa est la maîtresse de Gaby, son propre cousin. Elle projette de s'enfuir avec lui après avoir volé l'argent d'Albert. Mais la tentative de vol tourne mal et Albert est assassiné.  Josefa va alors se servir de Toni, qui entre-temps a quitté Marie. Aveuglé par l'amour fou qu'il lui voue, Toni endosse sans réfléchir le crime de la belle. Il ne pense qu'à lui faire plaisir, à la soulager, à se montrer héroïque.

«Les salles se sont mises en douze, en quinze, en vingt, pour nous donner le choix entre Les Bronzés 5, Les bronzés 5 et Les Bronzés 5. Et ce film, là, dans la salle de douze places ? Non, celui-là c’est le jeudi seulement, à 15 h 35 uniquement. Pourquoi ? Cette question ! Parce que personne ne vient le voir ! D’ailleurs, on l’a retiré au bout de deux jours pour le remplacer par Les Bronzés 5, ça vous donne une chance de plus. Et si vous n’avez pas envie de voir Les Bronzés 5, on se demande pourquoi mais vous faites ce que vous voulez, vous avez le choix entre Harry Potter 8, qui passe dans les six autres salles. Nous n'en sommes pas là ? Nous sommes sur le chemin.» P. Mérigeau : Cinéma : Autopsie d’un meurtre ( Flammarion ; 2007)

Jean Renoir mène des études dispersées avant de servir sous les drapeaux durant la Première Guerre mondiale comme chasseur à pied puis comme aviateur. Un temps céramiste, il s'oriente vers le cinéma quand il découvre les films d'Erich von Stroheim. Avec quelques amis, il commence par écrire un scénario pour sa jeune épouse Catherine Hessling, qu'il confie au réalisateur Albert Dieudonné (Catherine, 1924).

Jean Renoir commence sa carrière de cinéaste en explorateur. Fasciné par les trucages et par les possibilités d'expression du cinéma, il réalise un premier film impressionniste en 1924, La Fille de l'eau. Influencé par Stroheim et l'expressionnisme allemand, il signe Nana (1926), première œuvre réaliste et critique. Suivent des films de commande ou d'avant-garde comme Charleston (1927) et La Petite Marchande d'allumettes (1928), qui gravitent autour de sa femme Catherine Hessling. Avec La Chienne (1931), qui met en scène Michel Simon, la période réaliste commence, qui va faire de Jean Renoir un cinéaste unique dans le monde. Il retrouve Michel Simon dans Boudu sauvé des eaux (1932). La Nuit du carrefour (1932), où l'on voit son frère Pierre Renoir en commissaire Maigret, révèle ses dons d'observation de la société française. Ces films parlants mettent en valeur son art de la direction d'acteurs, tout en gardant la même qualité visuelle que les films muets. Toni (1934) marque un changement de ton : le cinéaste s'oriente vers un réalisme populiste qui perdure avec Le Crime de Monsieur Lange (1935) et La vie est à nous (1936), en pleine euphorie du Front populaire. Dans un tout autre genre, Une partie de campagne (1936-1946), souvent considéré comme son chef-d'œuvre, tout imprégné de l'esprit de son père, est une fête pour les yeux. Deux autres œuvres maîtresses suivent : La Grande Illusion (1937) montre comment les affinités de classe se nouent par-delà les différences nationales, et La Règle du jeu (1939), film prophétique et complexe, mêle farce, drame et tragédie. Jean Renoir est alors au sommet de son art : à la fois producteur, scénariste, réalisateur et acteur, sa maîtrise de chaque scène et de chaque image impressionne. Sa carrière oblique avec la Seconde Guerre mondiale. Il se réfugie aux Etats-Unis et entame une période moins heureuse. Ni son film de propagande (Vivre libre, 1943), ni son adaptation du Le Journal d'une femme de chambre (1946), ni son Homme du Sud (1945) n'emportent l'adhésion. Renoir délaisse le réalisme et les règlements de comptes au profit d'un nouveau spiritualisme. En Inde, il tourne Le Fleuve (1950) dont l'exceptionnelle beauté plastique divise la critique. Ce film montre un Renoir apaisé, qui cultive désormais le plaisir d'esthète de raconter et d'inventer des histoires. Sa maîtrise s'exprime encore dans le feu d'artifice du Carrosse d'or (1952), French cancan (1954), Elena et les hommes(1956) et Le Déjeuner sur l'herbe (1959), références picturales aux maîtres de l'impressionnisme,.

Sources : La Cinémathèque française


Cette courte biographie ne saurait  bien évidemment remplacer la lecture des quelque mille pages du magistral et passionnant «Renoir» de Pascal Mérigeau auquel nous vous renvoyons.

JEAN RENOIR