EXTRAITS CRITIQUES


Fille du réalisateur de L’histoire officielle et de La peste, l’Argentine Lucia Puenzo réussit avec un certain talent son passage à la réalisation. Portée par un thème fort (le droit de chacun à choisir son identité sexuelle) elle s’insinue dans les doutes et les douleurs adolescentes avec pudeur, tout en scrutant l’impuissance et les peurs des parents face à la fatalité biologique qu’ils ne peuvent contrôler. L’approche est belle dans son fond, comme dans sa forme, les images captant ici une force de rébellion structurante et une certaine fébrilité pathologique qui met le doigt sur le malaise. […] Rien qui ne mine l’émotion et qui ne nous contraigne à assister à un grand déballage de bons sentiments, entre autres grâce à l’excellente direction d’acteurs. Parmi eux, mention spéciale au casting jeune qui nous conforte dans notre impression d’avoir assisté à une réflexion sociale, certes basique, mais toujours de qualité.

 Frédéric Mignard ; À voire À Lire


Plaidoyer pour le libre arbitre, le respect de chaque individu dans son intégrité physique, et le droit de chaque être humain à disposer de son corps et de son identité [...] Avec beaucoup de sensibilité et de probité artistique, le film évite les écueils inhérents au sujet. XXY n'est pas un film à thèse conjuguant vulgarisation clinique et plaidoyer moral ni un drame licencieux cultivant le sensationnalisme.  Jean-Luc Douin ; Le Monde


La cinéaste exploite le trouble de ce corps à tous les niveaux : trouble de soi, bien sûr, des adultes face à la perspective coupable ou non de l’opération “correctrice”, et enfin des autres ados, en particulier, celui d’un jeune garçon, d’abord ignorant du secret d’Alex. Honnête, XXY voudrait saisir le cas de manière clinique et intime.  Léo Soesanto, Les InRocks.

  

SYNOPSIS


Alex, une adolescente de 15 ans, a un secret : elle est hermaphrodite. Peu après sa naissance, ses parents décident de quitter Buenos Aires pour s'installer sur la côte uruguayenne, dans une maison de bois perdue dans les dunes. XXY commence avec l'arrivée d'un couple d'amis venus de Buenos Aires, accompagnés d'Alvaro, leur fils de 16 ans. Le père, un spécialiste en chirurgie esthétique, a accepté l'invitation en raison de l'intérêt médical qu'il porte à Alex.

PROPOS DE LA RÉALISATRICE


Quel éclairage avez-vous d’emblée porté sur cette histoire en tant qu’artiste, cinéaste et femme ?

De toutes les expériences liées aux cas complexes que j’ai pu approcher, il en est ressorti une douloureuse constante : la brutalité, pourtant bien intentionnée, avec laquelle la médecine et la législation traitent les enfants nés avec ce diagnostic et les conséquences irréversibles que les chirurgies dites « réparatrices » finissent par occasionner dans leur corps et dans leur vie. Lorsque j’ai commencé à écrire le scénario de XXY (2007) , j’ai été surprise par l’absence quasi totale d’histoires sur le sujet.


Quel était le plus grand risque ?

Tout était risqué. Passer de l’écriture à la réalisation d’un premier film, mélanger des acteurs connus avec des débutants, le sujet du film en lui-même... Je voulais aborder le thème central sous un angle culturel et global et non pas le réduire à quelques cas pathologiques.


Quelle a été votre ambition au moment d’écrire le scénario ?

Je préfère toujours quand la littérature et le cinéma se basent sur les personnes et les rapports humains plutôt que sur une simple intrigue. […] Je ne voulais surtout pas que mon film devienne une sorte de vulgarisation clinique ou un simple documentaire sur le sujet. Et même si le scénario a été supervisé et régulièrement relu par des médecins et des généticiens, il était primordial de faire comprendre à ces scientifiques que je ne cherchais surtout pas à faire du réalisme médical.

  

Lucia PUENZO

Lucía Puenzo est née à Buenos Aires en 1976.

Elle a écrit El niño Pez, son premier roman, lorsqu’elle avait 23 ans, publié chez Beatriz Viterbo en 2004. Elle a ensuite écrit 9 minutos (2005, Beatriz Viterbo) et La maldicion de Jacinta Pichimahuida (2007, Interzona).

Ses romans ont été traduits pour l’Italie, l’Allemagne, le Brésil, la France et les Etats-Unis. Après un court-métrage (Los invisibles, 2004), son premier long métrage, XXY, a remporté le grand prix de la Semaine Internationale de la Critique à Cannes en 2007, ainsi qu’un Goya du meilleur film étranger, parmi d’autres récompenses.

En 2009, elle adapte son premier roman El niño Pez (qui sort en 2010 en France) à l'écran, dans un film interprété par Emme et Inès Efron. La même année, elle écrit son nouveau roman, La furia de la langosta.