La fièvre (A febre)
La fièvre (A febre)

Vendredi  26 mai: 14 h 30


Sans Terre (Chão)

Documentaire de Camila Freitas,

1h 50, Brésil, couleur, V.O.S.T.

inédit à Troyes, sortie 2019

En présence de Camila Freitas, réalisatrice du film

Synopsis:


Des familles de petits agriculteurs se sont installées sur les terres d’une usine de canne à sucre en faillite. Avec le Mouvement des travailleurs sans terre (MST), elles se battent pour que le gouvernement brésilien engage la réforme agraire et leur permette de s’établir, alors que les forces conservatrices liées aux grands propriétaires accaparent toujours plus de terres et menacent de les chasser. Faisant de leur camp un îlot de croissance agroécologique, de réflexion politique, d’émancipation, et de résilience face aux changements politiques et sociaux, elles rêvent d’autodétermination et de réinvention.

EXTRAITS CRITIQUES


Pour son premier long métrage en tant que réalisatrice, Camila Freitas construit un récit documentaire en immersion auprès des membres du Mouvement des Sans Terre au Brésil qui forment de nouvelles communautés effervescentes. L’enjeu consiste à reprendre possession de terres indûment concentrées entre les mains de grands propriétaires terriens, comme notamment ce ministre de l’Agriculteur qui apparaît enfin sur place, lorsque ses propriétés sont occupées. Car la redistribution des terres promises par le candidat Lula avec l’élaboration d’une ambitieuse réforme agraire n’était toujours pas d’actualité durant le temps du tournage et Dilma Rousseff n’a elle-même pas répondu à cet appel, préférant concentrer ses efforts sur l’accueil des jeux olympiques et de la coupe du monde de foot.


Sur le long terme, Camila Freitas filme avec une caméra discrète où aucun regard ne vient croiser l’objectif. De la première installation à l’opération d’occupation des terres d’un ministre, c’est tout le quotidien de l’investissement qui est ici raconté, avec le développement de ressources vivrières dans un cadre agro-écologique pertinent, tandis que des écoles sont également créées alors que l’État a totalement abandonné ses propres responsabilités.

Le projet est ainsi révolutionnaire et la sensibilité de la mise en scène épouse parfaitement le rythme du quotidien avec un savant sens du montage. La confrontation directe n’a plus dès lors besoin d’être filmée pour que l’on en mesure les conséquences, comme un tracteur en train de traiter un champ de soja en fonçant sur la caméra en atteste.


Cédric Lépine, Cinémas d’ Amérique latine

CONTEXTE


Sans revenir sur la genèse du Mouvement des sans-terre, le film accompagne au contraire la persistance de la lutte de ces cultivateurs déracinés. Il montre l’installation de familles sur un terrain en friche et comment ils convertissent ce camp en un lieu de réflexion et d’entraide politique et sociale. Un portrait de la lutte pacifique à l’heure où Jair Bolsonaro qualifie les militants de «».

Cinelatino, 35° rencontres de Toulouse 2023


En suivant la lutte des groupes de Sans-Terres au Brésil, on se confronte aux contradictions du Brésil d’aujourd’hui. Le film rappelle l’urgence d’une réforme agraire, toujours annoncée mais jamais réalisée suite à l’opposition des grands propriétaires terriens soutenus par le nouveau gouvernement.

Jury du Prix Anthropologie et développement durable


Filmé sur une période de quatre ans afin de rendre compte de l’activisme du « Mouvement des travailleurs sans terre » visant à promouvoir la réforme agraire dans le centre du Brésil, Chão dépeint l’occupation comme une intervention dissonante dans le paysage. L’approche unique de Camila Freitas en matière de documentaire d’observation consiste à dresser un inventaire du changement. Il n’y a pas de routine quand tout est provisoire, fragile, fait de bois et de plastique, éclairé par des bougies, toujours menacé de disparition. Mais le travail de la caméra est constant, aussi ferme que la ténacité de la vieille dame qui travaille quotidiennement à se battre tout en rêvant à son futur bout de terre. Ces multiples corps – si différents de l’ennuyeux groupe de vieux mâles dans le tribunal judiciaire – résistent ensemble partagent des histoires les uns avec les autres et apprennent à se battre en se battant.

Autour du 1° Mai, Victor Güimaraes

  

Camila Freitas

 Est née en 1983 au Brésil. Elle a étudié le cinéma à l'université de Brasilia, puis à l'université fédérale Fluminense (UFF) dans l'État de Rio de Janeiro (Brésil), et à l'école nationale supérieure Louis-Lumière à Saint-Denis (France). Elle a vécu et travaillé à Paris comme assistante et chef opérateur pour des longs métrages de fiction jusqu'en 2013. Parallèlement elle a réalisé plusieurs courts-métrages. Chão est son premier long métrage documentaire.

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