01-03_L'autre côté de l-espoir_Extraits critiques
08-03-Penché dans le vent_Extraits critiques
01-01_L'autre côté de l'espoir

Aki KAURISMäKI

Aki Kaurismäki naît en 1957 à Orimattila (à 100 kilomètres au Nord d'Helsinki), passe sa jeunesse dans différentes communes où il est membre actif des ciné-clubs et obtient son bac en 1973.

À la fin des années 1970, il étudie le journalisme pendant trois ans à l’université de Tampere, 3ème ville de Finlande (au nord d'Helsinki). Là, il s'investit dans le cinéma, participe à l'organisation du Festival du film de Tampere, et devient critique de films et autres sujets culturels pour la revue des étudiants de Tampere Aviisi. Recalé à l'entrée de l'école de cinéma d'Helsinki (où on le juge trop cynique), il se forme en autodidacte à Munich où son frère Mika fait ses études à l'école de cinéma locale et où la cinémathèque est dirigée par une légende, Enno Patalas. Pour gagner sa vie, Aki exerce une grande variété de métiers (facteur, ouvrier du bâtiment, etc.); dans son temps libre il voit quantité de films dans les circuits Art et Essai ou commerciaux et lit beaucoup. Le début de sa carrière cinématographique est marqué par une étroite collaboration avec son frère Mika: il joue dans ses films dès son film de fin d'étude, Le Menteur, et co-réalise avec lui Le syndrome du lac Saimaa.

Son premier long métrage est une adaptation remarquée du roman de Dostoïevski: Crime et Châtiment (1983). Il enchaîne ensuite avec un film tout à fait différent, Calamari Union (1985). Amoureux de la Nouvelle Vague, il donne le nom de Villealpha à sa maison de production, en hommage au film Alphaville de Jean-Luc Godard.

Ses films commencent à attirer l’attention dans les festivals: Ombres au paradis (1986) est sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes en 1987 puis le loufoque et musical Leningrad Cowboys Go America (1989) qui, en 1994 connaîtra une suite (Les Leningrad Cowboys rencontrent Moïse), elle-même entourée de divers courts-métrages et suivie d'une captation live des Leningrad Cowboys et Chœurs de l'Armée rouge: Total Balalaika Show (1994). Une large reconnaissance internationale récompense La fille aux allumettes (1990), troisième volet d'une trilogie du prolétariat où jouent ses deux acteurs préférés Matti Pellonpää et Kati Outinen.

Il tourne ensuite J’ai engagé un tueur (1990) avec Jean-Pierre Léaud qu'il admire depuis toujours et avec qui il devient très ami (en 1992, il jouera encore dans La vie de Bohème) et fera une courte apparition dans Le Havre. Il adapte l'opéra La Bohème (La Vie de Bohème), avec des acteurs français et Matti Pellompää, puis réalise un remake muet du classique du cinéma finlandais Juha (1999). Son film L’Homme sans passé, qui reçoit le Grand Prix du Jury et le Prix d'interprétation féminine au Festival de Cannes en 2002, est nommé aux Oscars en 2003 pour le meilleur film en langue étrangère.

Il écrit et réalise Le Havre, film finno-franco-allemand, sélectionné pour le Festival de Cannes 2011, salué par la critique et par le public, et Prix Louis-Delluc en 2011. En 2017 il sort son deuxième volet sur la trilogie des migrants, L’Autre côté de l’espoir, très bien accueilli. Le cinéaste annonce néanmoins qu'il n'achèvera pas sa trilogie et prend sa retraite après ce film.

Mais en 2023, il en sort pour tourner Les Feuilles mortes, une tragi-comédie qui devient le quatrième opus de sa tétralogie du prolétariat.


cineclubdecaen.com, La Rédaction

Dans la nuit d’Helsinki, le film commence par un écho: un départ (un Finlandais, Wikström, quitte sa femme décidément trop alcoolique) et une arrivée (un Syrien, Khaled, débarque caché dans un conteneur). Le cinéphile aguerri comprend qu’il attend la rencontre et, pourtant, L’Autre côté de l’espoir ne la livre pas tout de suite, non pour signifier qu’elle est secondaire, mais pour mieux montrer ce qu’elle brasse. Wikström erre et manigance d’abord quelques affaires, puis se retrouve aux commandes d’un improbable bistrot, avec plus d’employés que de clients. Khaled remonte la trace de sa sœur perdue en Europe, puis est amoché par une milice nocturne. Les corps titubent et trébuchent sur leurs trajectoires respectives, auxquelles le film offre le temps nécessaire pour y mêler burlesque et mélancolie. Quand la rencontre se fait enfin, ce n’est plus celle de deux idées mais de deux personnages, dont l’un a autant besoin de l’autre pour continuer son histoire.


C’est toute l’élégance du titre: L’Autre côté de l’espoir n'est pas la Finlande comme terre d'asile (le cinéma d'Aki Kaurismäki s'intéresse aux visages et aux ombres qui les abritent, pas aux revendications géopolitiques claironnées), mais plutôt chacun pour son propre voisin. Wikström donne un toit à Khaled; Khaled aide Wikström à relancer ses affaires. Ou c'est un chauffeur de camion qui trompe les autorités pour chercher ladite sœur. Ou des cuisiniers qui recueillent un chien errant. Ou un patron qui aide discrètement un employé fauché. Le scénario du film n'est qu'un parcours de combines, qui sont autant d'entraides. Il faut voir ce moment où, pour sauver l'inconnu syrien tabassé dans la rue, des piliers de bar émergent de l'obscurité en chargeant avec, pour seules armes, leurs béquilles. Les boiteux, les fugitifs, les pas-gâtés, forment chez Kaurismäki une conjuration des marginaux, peuplant cette Finlande clandestine que le cinéaste met en scène depuis le début des années 1980.


En 2011, la situation des réfugiés est autre, et L’Autre côté de l’espoir respire l'urgence. La première rencontre du film (dont une lecture autobiographique est possible) est aussi celle du «ème» Kaurismäki avec des corps différents, comme celui de Haji, interprète de Khaled et comédien en Syrie avant d'arriver réellement en Finlande, en 2010. Les plus simples plaisirs sont peut-être ainsi les dérèglements: quelques mots d'arabe se mélangeant au finnois; un morceau de saz entre deux sets de rock finlandais; un phrasé, chez les non-habitués, parfois un peu trop rapide ou un peu trop joué ; quelque chose passe et, dans le mouvement, renaissent chez Kaurismäki la comédie, l'absurde et l'espoir. Preuve de l'idée résistante que le cinéma, à son meilleur, est fait pour filmer l'Autre.


éTVDES (Revue de Culture contemporaine), Gaspard Nectoux

SYNOPSIS

Helsinki. Deux destins qui se croisent. Wikhström, la cinquantaine, décide de changer de vie en quittant sa femme alcoolique et son travail de représentant de commerce pour ouvrir un restaurant. Khaled est quant à lui un jeune réfugié syrien, échoué dans la capitale par accident. Il voit sa demande d’asile rejetée mais décide de rester malgré tout. Un soir, Wikhström le trouve dans la cour de son restaurant. Touché par le jeune homme, il décide de le prendre sous son aile.

Extraits critiques

De l'autre côté de l'espoir