LES CORÉALISATEURS
Sylvain Beaulieu a suivi une licence en Lettres Modernes où il s’est intéressé au cinéma (montage, prise de son et réalisation). En 2003, suite à sa maladie, il s’investit dans plusieurs expériences artistiques. Au théâtre, il a joué dans équarrissages pour tous de Boris Vian (mise en scène Muriel Blanchet), La nuit des Rois de William Shakespeare (mise en scène Muriel Blanchet), La comédie de la comédie de Jean Tardieu (mise en scène Frédérique Antelme), Tom et Lou de Jacques Develey et à mon seul désir de Gaëlle Bourges. En 2014, Sylvain a conçu à la vie à la mort, une installation sonore dans le noir pour le festival Ah ! de Parthenay. Il s'agissait d'une forme théâtrale courte et tactile, une invitation à « affronter la mort en plongeant dans les entrailles de l'univers, amorcer sa métamorphose et franchir les frontières intérieures » . Il a également coécrit et sonorisé la fiction sonore Train train de Colin Péguillan. Pendant deux saisons, Sylvain a tenu une chronique sur Radio Pulsar dans laquelle il réalisait des séquences documentaires. Il a aussi réalisé des audioguides artistiques pour le MacVal. Il joue enfin dans le groupes punk expérimental Maria Kalash (chant, guitare et harmonica). Théâtre, son, radio, musique... Mais depuis quelques années, il renoue avec le cinéma en participant à des ateliers d’audiodescription en collaboration avec Marie Diagne. Il a notamment travaillé sur l’audiodescription de Vos désirs de Gabrielle Gerll.
La neuropathie optique héréditaire de Leber
La maladie débute habituellement chez des adultes jeunes entre 18 et 35 ans. Le début est brutal avec une baisse rapide de la vision au centre de l’œil, on parle de baisse de l’acuité visuelle centrale. Il persiste le plus souvent un champ visuel périphérique, un peu comme un halo de vision autour d’une zone aveugle. La persistance de la vision périphérique permet aux personnes atteintes de se déplacer. Le contraste entre l’incapacité à effectuer certaines actions du fait de la malvoyance (lire, regarder la télé) et la relative aisance à se déplacer peut déconcerter et provoquer de l’incompréhension. Une bonne information de l’entourage (familial, scolaire et professionnelle) est donc primordiale.
Encyclopédie Orphanet
Contre toute lumière est une autofiction qui invite à la dérision comme une échappée. Corpus Film Production.
SYNOPSIS
à 26 ans Sylvain découvre qu'il a la neuropathie optique de Leber. En peu de temps, son nerf optique se dégrade et il devient malvoyant.
Quinze ans après, Sylvain sillonne un univers de brume perpétuelle propice à l’émergence du burlesque. Adepte des quiproquos, provocateur de dérapages mal contrôlés, il percute les nouveaux panneaux de circulation, il parle seul, il embrasse la mauvaise personne. Serait-il un clown sans masque ?
Nicolas Contant est directeur de la photographie, formé à l’ENS Louis Lumière. Il travaille sur des fictions (La fille et le fleuve d’Aurélia Georges 2014), Poitiers de Jérôme Reybaud (2022), Nevers d'Emilie Lamoine) comme sur des documentaires (Le Saphir de Saint-Louis de José Luis Guérin (2015), Trance d'Emilio Belmonte, Tonnerre roulant sur Bagdad de Jean-Pierre Krief (Arte), Les âmes bossales de François Perlier), Les Silencieuses de Nicole Zeizig.
Il est également réalisateur de plusieurs documentaires. Son dernier long métrage, Nous, les Intranquilles (sortie nationale 2018) est un film collectif tourné avec le Groupe Cinéma du centre Artaud. Enfin, Nicolas anime un atelier de prise de vues au master pro Documentaire: écritures des Mondes Contemporains de l'Université de Paris Cité.
Entretien avec les coréalisateurs
Contre toute lumière propose en creux une réflexion sur le rapport à la norme et aux marges dans notre société. Quels choix d’écriture, de mise en scène et de montage ont permis cela ?
SYLVAIN – En réalisant ce film en tant que malvoyant, je crois qu'il y avait quelque part en moi une volonté de revanche sur la fatalité. J'avais le désir de mettre en scène la violence absurde de la norme. Je vois Contre toute lumière… comme un docu-drama inventant une forme au présent d'art brut cinématographique. Peut-être traite-t-il de l'importance de la fulgurance, de ce qui sort du champ du rationnel, du geste inexplicable, la foudre qui frappe et déchire le voile de la réalité.
NICOLAS – Je dirai que Sylvain est en dissonance avec les injonctions à la performance et la compétition qui dominent notre culture contemporaine. Jusque dans son corps, sa lenteur, sa manière de se mouvoir, de toucher son environnement. Il s'agissait pour nous de saisir cela. Je trouve également signifiant que les technologies qui l'assistent dans son utilisation de l'informatique (technologies nécessaires mais envahissantes et aliénantes) aient été, il y a quinze ans, réservées aux personnes déficientes visuelles et se propagent aujourd'hui à l'intégralité de la société – police et armée en premier lieu – sous la forme d'intelligence artificielle.
Dossier de presse
Contre toute lumière
dansent mes ombres
Eclairages sur la réalisation du film