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EXTRAITS CRITIQUES


Voici ce que Pierre écrivait dans Aube-Ciné au moment de la sortie du film  à l’X3 en avril 1977.

 « Voilà  bien longtemps que nous n’avons rien vu de Jean Rouch à Troyes, pour autant que ce film n’est pas seulement de lui, mais fut tourné avec ses complices de toujours… Il faut sans doute remonter aux premiers Arts et Essais des années 62 avec Chronique d’un été ou, vers 66, le fascinant sketch de Paris vu par… (Gare du Nord). En tout cas, les Troyens auront été privés de Jaguar, Petit à petit, et cette projection de Cocorico ! Monsieur Poulet est à marquer d’une pierre blanche… Mais j’y pense ! Voici à peu près un an, un dimanche après-midi, dans le cadre d’une semaine africaine au Parc des Expositions, on a pu voir La Chasse au lion à l’arc… La séance était totalement gratuite : je me souviens avoir jeté un regard circulaire pour voir si mes connaissances qui arguent du prix pour ne pas aller au cinéma étaient là… Evidemment, non. » Pierre Chaussin (Aube-Ciné N° 69 avril 1977)

« Si, comme toujours chez Rouch, l’authenticité d’une culture et d’une civilisation noires sont respectées, « Cocorico ! Monsieur Poulet est une aventure de groupe où des Nigériens libèrent leurs fantasmes et une certaine joie de vivre. La 2 CV n’a plus de frein ; pour l’arrêter, il faut poser le pied sur la roue et Tallou est vexé lorsque Damouré assure cette fonction à sa place. La « Diablesse » semble issue d’une légende et l’idée de la malédiction commande  les accidents de parcours. Au mépris de toute réalité mécanique, la bagnole traverse plusieurs fois le fleuve Niger. Pourquoi y-a-t-il une bicyclette fixée sur son toit ? C’est une surprise. Ce film africain est une invention constante de détails et d’anecdotes, représentant, à mesure, une manière de vivre, un va-et-vient entre le documentaire et la fiction, une fable humoristique où Rouch et ses compagnons trouvent leur plaisir. Un plaisir transmis aux spectateurs par la nonchalance, l’improvisation, les voies de l’imagination et le rapport étroit du cinéaste français à sa terre d’adoption, d’élection. »Jacques Siclier (Télérama ;  mars 1983)

« Nous sommes à la fois  très loin et très près des premiers essais cinématographiques de Jean Rouch. Très loin, parce que récit picaresque, fait d’une suite de péripéties qui n’ont d’autre lien que l’errance des trois personnages, n’est pas ethnographique pour deux sous, en tout cas pas au sens scientifique du terme, et il se moque comme d’une guigne du fameux cinéma – vérité de naguère. Très près, parce c’est le même choix de filmer, la même irrévérence par rapport aux conventions du cinéma léché, la même jubilation ne pas savoir très bien ce qui va se passer quand la caméra se met en marche. »

Guy Gauthier (La Saison cinématographique 77)

 

« Cette fable cinématographique tranche nettement avec le sérieux du documentaire où le cinéaste feint de laisser parler les choses et les gens eux-mêmes. Elle n’a plus à voir avec le cinéma de fiction classique. Le récit prend la forme du conte. On  y sent le plaisir de se raconter une histoire dont on connait la suite. Et on n’est pas dupe d’aucun suspens : l’aventure, ici, est à fois quotidienne et fabuleuse.

Cocorico est un film de plaisir, un spectacle jubilatoire qu’il ne faut pas manquer. C’est aussi un défi aux méthodes traditionnelles de l'industrie cinématographique. C’est enfin une expérience de cinéma à plusieurs voix, qui échappe au contrôle de l’écriture et fait sortir, pour une fois, le cinéma des formes figées où il meurt d’ennui. »

F. Roland-Levy (Libération 7/2/ 1977)

Synopsis

Propos du réalisateur