Extraits_critiques

Synopsis

 

El Bola est un garçon de douze ans, élevé dans une famille violente et sordide. Honteux de ce contexte familial, il évite ses camarades de classe. Grâce à l'arrivée d'un nouvel élève dans son école, il découvre l'amitié et une famille où la communication et l'amour prédominent

Questions de mise en scène


Le problème de l'enfance maltraitée est l'un des sujets les plus difficiles à aborder au cinéma. Plus qu'ailleurs sans doute, la mise en scène doit être une question de morale, la distance de la caméra un style d'écriture, la pudeur des images, une nécessité. Comment «» alors pour éviter le voyeurisme? Comment rester efficace et pertinent face à ce que l'on prétend dénoncer? Comment montrer en une heure et demie ce qui s'étale bien souvent sur des années et ne relève pas seulement de la violence physique? Quelle représentation donner à la misère morale, état par définition peu cinégénique? Autant d'interrogations portant sur l'éthique des moyens dramaturgiques au service d'une fin qu'ils doivent justifier.


Pour satisfaire à ces questions, la mise en scène du premier film d'Achero Mañas souffle du chaud et du froid. De facture réaliste, celle-ci évite heureusement de noircir l'ancrage social et demeure concentrée sur son sujet central (peu exploité, le thème du sida reste anecdotique). Le paysage urbain, une banlieue quelconque de Madrid, suffit à dire l'universalité du problème des enfants battus et n'est jamais le prétexte à une dénonciation de ses maux endémiques. Le cadre soigné de l'image, la caméra parfaitement stable ou en mouvement (douceur et fluidité de nombreux travellings), le format Scope, tous ces artifices de mise en scène contribuent même à édulcorer le propos du film et à redonner une dignité aux personnages. Quant à la caméra-épaule, inféodée à l'action, elle n'est jamais employée qu'à de rares moments. Une manière de dire que la violence n'émane pas de la mise en scène, mais des personnages eux-mêmes.

 Philippe Leclercq

Cinedoc : supplément à TDC N° 855 (mai 2003)

ACHERO MANAS

Achero Mañas est né en 1966. Il est acteur de cinéma, de théâtre et de télévision. Après de petits rôles, notamment dans 1492 : Christophe Colomb (1992, de Ridley Scott), il se distingue dans Belmonte de Juan S. Bollain en 1994.

Parallèlement à sa carrière d'acteur, il réalise des courts métrages comme Metro (1996), qui est primé dans plusieurs festivals, suivi de Chasseurs en 1997, qui reçoit le Goya (équivalent des César français) du meilleur court et de Paradis artificiels en 1998.

 Son premier long métrage en tant que réalisateur, El Bola (2000), connaît un grand succès en Espagne. Pour ce drame familial, Achero Mañas obtient 4 Goya : Goya du meilleur film, Goya du meilleur premier film, Goya du meilleur scénario pour Achero Mañas et Veronica Fernandez, Goya du meilleur espoir masculin pour Juan José Ballesta ainsi que le prix OGIC au Festival de San Sebastian.

Il est également récompensé aux European Film Awards.

En 2003, il a tourné Noviembre. Son dernier film en 2004 s’appelle Blackwhite.

Extraits critiques