A Swedish Love Story_Extraits critiques
Nous, les vivants

EXTRAITS CRITIQUES

Propos du réalisateur


« J’ai commencé ma carrière dans un style très réaliste et depuis trente ans, je travaille dans ce style. Aujourd’hui, j’ai pensé qu’il fallait que je condense mon expression, que je la simplifie, que je la purifie. Mais, en fait, je dis les mêmes choses que quand j’étais jeune. Je faisais déjà part de mes opinions sur la société ! Sauf qu’aujourd’hui j’ai trouvé un style un peu plus abstrait, mais en fait le sujet est le même. Il s’agit toujours de la vulnérabilité humaine, du respect qu’on lui porte, des humiliations, comment faire face, le sentiment de culpabilité et comment s’en sortir… Vous avez des nerfs dans vos mains, vous pouvez vous coincer un doigt, mais vous avez aussi les nerfs de l’âme qui font tout aussi mal quand on les touche. Et c’est pourquoi nous avons cette culpabilité spécifiquement humaine. Pour moi, la culpabilité est une chose étrange. Nous l’avons, et nous aimerions si souvent ne pas l’avoir, parce que cela serait plus simple de continuer, d’avancer sans elle. Et comment se sortir de cette conscience des choses… ? »

« En Suède nous avons également un système d’aide à la création et des financements provenant de l’Etat. Mais comme toujours ces fonds sont aux mains de la bureaucratie. Et j’ai pensé que je n’appartenais pas à cette bureaucratie. Ils ne m’aiment pas et moi non plus parce que je les trouve incompétents. Donc j’ai eu le sentiment de devoir être en marge. J’y ai pensé de façon très pragmatique et j’ai construit cette façon dont nous travaillons aujourd’hui, de manière très indépendante, enfin je l’espère… Dans un sens on ne peut jamais être indépendant, pourtant j’ai essayé de le faire et cela m’a pris beaucoup de temps pour créer ces conditions. »

Propos recueillis par Anne-Laure BELL (Flutuat.net)

 

« Je tourne sans scénario, ni story-board. Je préfère essayer, comme un peintre. Essayer l’idée, l’angle, les couleurs, les dialogues, les personnages, les positions. C’est l’avantage du studio. Et cela n’est possible qu’en étant débarrassé des pressions des producteurs. Je peux regarder et travailler à travers ma caméra toute la journée. Normalement cela coûte environ 9 000 francs par jour ! »

Propos recueillis par Nicolas Schmerkin (Repérages, 2000.)

« Ce que je cherchais pendant que j’étais à l’école, c’était comment être " léger ", naturel. Vous savez, pour chaque situation, il y a un cadre, une position de caméra qui est la bonne. Il faut avoir la patience de la trouver. Si vous ne la trouvez pas, si vous n’avez pas la patience, la scène ne sera pas naturelle, ne sera pas drôle, ne sera pas vraie.(…)  Quand vous avez trouvé la place de la caméra, tout le monde doit pouvoir dire, voilà la seule façon de faire la scène, la seule bonne position. Et c’est quelque chose qui n’a fait que se confirmer pour moi au fil du temps.  Si vous regardez mes films ou mes pubs, vous verrez que j’adopte toujours une position, qui me dispense complètement de bouger la caméra. Quand je trouve cette position, je n’ai pas besoin de couper ni de monter, parce que tout est dans la scène. »

Roy Andersson, Entretien avec François Ode, (Bref, N°17, 1993)

« Je n’ai aucun goût pour filmer un personnage seul en gros plan. Pour moi, ce qui en dit le plus sur l’individu, c’est la pièce qu’il habite, c’est l’espace. Plus encore que son visage. .. Je pense que plus on s’approche, plus on perd d’informations sur la personne qu’on filme. L’espace, la chambre en disent parfois plus long que l’œil.»

Entretien avec Stéphane Goudet (Positif N° 562 : décembre 2007)

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