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EXTRAITS CRITIQUES

Propos du réalisateur


Choix de l’unité de lieu

« L’appartement qui a été choisi se trouve dans un quartier précis de Mexico City : Tlatelolco. C’est un quartier de Mexico qui a un réel poids historique. C’est là que s’est déroulée la tuerie de 1968, la très sanglante répression étudiante ; en 1985, un terrible tremblement de terre a beaucoup touché cette zone, détruisant de nombreux bâtiments. Lors des repérages, je me suis dit qu'il était impossible de tourner là, mais le photographe a beaucoup insisté. Je n’étais pas très convaincu, mais on s’est mis à chercher un appartement et j’ai remarqué qu’il y avait ce type d’adolescents en cet endroit qui étaient bien forcés d’y vivre et d’y grandir. Ce sont des ados qui traversent là leur adolescence comme n’importe où ailleurs dans le monde. Ils doivent construire leur vie, même dans ce décor. »

Choix de l’unité de temps

« Ce choix d’unité de temps a été motivé par plusieurs éléments. Ce qui m’intéressait tout d’abord c’était de travailler une histoire linéaire. Je savais qu’il s’agissait d’un premier film, je ne voulais pas entrer dans des problèmes de structure. C’était donc plus simple pour moi, sur le plan de la forme. Je savais par ailleurs que je ne pouvais pas faire un film avec plusieurs lieux, avec beaucoup d’acteurs, car je n’aurais pas pu le tourner à ma guise : il fallait sauter le pas avec un premier long-métrage pas forcément bon marché, mais faisable, viable, qui puisse être tourné. C’est ensuite devenu un jeu, une contrainte, on s’est fixé des règles : ils ne sortiraient pas de l'appartement, ce devrait être en une seule journée... c’est devenu un jeu très amusant. Cela ne répond pas à des exigences ou à des références théâtrales. L’essentiel pour moi était de partir d’une histoire qui me plaisait et que les personnages donnent vie à cette histoire, d’une manière efficace. Je ne voulais m’encombrer ni de grues, ni d’effets spéciaux, ni de figurants, juste me concentrer sur les acteurs et la manière dont ils allaient donner vie aux personnages. »

  

Choix du noir et blanc

« Curieusement, la première motivation a été plutôt un caprice. Tout le monde m’assurait que le seul langage des jeunes était la couleur, le mouvement, la vitesse, la musique stridente... Moi j’ai dit “NON, je vais aller contre tout ça”. Je crois et je pars du postulat que l’adolescent est bien plus intelligent pour décider ce qu’il désire réellement, loin de ce qu'on lui assène dans les chaînes de télé. Ça a donc commencé comme un simple caprice ; on a fait des essais en noir et blanc et on s’est vite aperçus que cela ôtait toute distraction et permettait de mieux se focaliser sur cette histoire, pleine de minuscules détails. On s’est ensuite rendu compte que cela rajoutait quelque chose à la notion d’ennui, de vide ; les personnages s’ennuient au cours d’un dimanche où il ne se passe rien dans la ville. C’est comme si ce rien pénétrait à l’intérieur de l’appartement. L’intérieur devenait pareil à l’extérieur. En visionnant les rushes quotidiens, on a réalisé que le noir et blanc était, contrairement à ce que l’on pense, plus agile, plus dynamique, que la couleur. Je me demandais avec le photographe comment réussir des variations visuelles tout au long d’une histoire qui se déroule intégralement à l’intérieur d’un appartement. C’est le noir et blanc qui nous permettait de jouer avec les formes géométriques, les volumes, chose que la couleur ne nous aurait jamais permis. »