Moro no Brasil_Extraits critiques

«Je me vois comme un réalisateur de fiction, mais les expériences que j'ai eues avec les documentaires ont toujours été très positives. On apprend plus quand on tourne un documentaire : en fait, on "écrit" son film tout en le tournant. Les deux genres ont leur intérêt, mais je dois dire que mes films de fiction ont pas mal d'aspects documentaires. Ils sont souvent basés sur des évènements réels, des personnages ayant existé ou des endroits authentiques.... Ce que l'on entend du Brésil dans les médias est, malheureusement, surtout négatif, centré sur la

violence et les crimes. Mais j'y ai vu aussi beaucoup de belles choses.»

Dossier de presse

«En 1988, je me suis rendu au Brésil où je pensais passer une semaine. J’y suis finalement resté 20 ans. Ce pays n’a pas grand-chose à voir avec le mien : en Finlande, les gens gardent tout pour eux, ils montrent peu leurs émotions et lorsqu’ils n’en peuvent plus, ils explosent. Les histoires se règlent dans l’enceinte des maisons, pas dans les rues. Au Brésil au contraire, les gens sont bavards et n’ont pas peur de laisser sortir ce qu’ils ressentent... Il s’agit plus d’un continent que d’un pays d’ailleurs, peuplé de personnes venues d’Europe, d’Afrique, d’Asie... Alors que la population finlandaise est incroyablement homogène. C’est tout cela ce qui m’a fasciné. Mais les choses changent : après vingt ans passés au Brésil, la Finlande est devenue un lieu très exotique à mes yeux.»


Propos recueillis par Pamela Messi en décembre 2009. (Il était une fois le cinéma)

Vous dédiez Moro No Brasil et une partie de votre vie à la musique brésilienne. Que préférez-vous dans celle-ci ?

«J'aime la richesse de sa musicalité, le mix de toutes ces influences culturelles. J'aime aussi cette joie dans la musique qui est en liaison avec les danses et les rituels, la rapprochant de l'état de transe. Ce qui m'impressionne beaucoup, c'est également cette façon qu'ont les jeunes musiciens de garder les traditions. La musique est transmise de père en fils, pour ainsi dire. Même la musique la plus moderne est baignée dans la tradition. D'une manière générale, la scène musicale locale a été capable de tenir son rang face à l'impérialisme musical occidental, et je trouve ça remarquable. Le Brésil est un des pays les plus riches pour ce qui est des traditions musicales. À l'étranger, on connaît surtout la bossa nova et la samba, mais il y en a tant d'autres à découvrir… Les Indiens d'origine, les Africains, les Européens –surtout les Portugais-, les Arabes et tous les autres ont été des influences et garantissent une variété étonnante d'expressions musicales.»


Comme vous le précisez au cours du film, Moro No Brasil ne montre que certains aspects de la foisonnante musique brésilienne. Quels étaient vos critères quand vous avez fait votre sélection ?


«J'ai vite compris qu'il serait impossible de tout mettre dans un seul film : ce serait aussi absurde que de vouloir inclure tous les genres musicaux européens dans un long métrage ! J'ai donc du faire des choix, des choix difficiles, durant mes travaux de recherche et le développement du script. Après plusieurs voyages dans ce gigantesque pays, j'ai choisi de me concentrer sur les régions du Nordeste, Pernambuco et Bahia, et sur Rio de Janeiro. J'ai décidé de faire un film personnel dans le sens où je ne voulais montrer que des gens que j'avais rencontrés personnellement et que j'appréciais. C'est pour cette raison que je suis le narrateur du film. Mais le développement des différents rythmes et traditions depuis leurs origines indigènes jusqu'à aujourd'hui faisait partie de l'intrigue. Mon idée de base était de commencer avec les Indiens, qui furent les premiers à chanter et à danser au Brésil, puis de montrer comment la musique a changé et s'est développée quand les cultures étrangères ont fait leur apparition, d'abord via les Portugais puis les Africains, pour montrer où on en était aujourd'hui.

Le film est centré sur les racines de la musique brésilienne, c'est pour cette raison qu'il y a si peu de gens "connus" dans Moro No Brasil. Plein de grands musiciens sont hélas absents, mais je pense néanmoins que le film montre ce que les gens ne connaissent pas.»

Propos du réalisateur