Moro no brasil_synopsis
Moro no brasil_Propos du réalisateur

EXTRAITS CRITIQUES


«Moro No Brasil, nous fait ainsi assister à 105 minutes d'un "orpaillage" fructueux, mené d'oreille de maître par un Finnois en short, T-shirt délavé et estomac coulant! Un visage de marbre (un air de famille?), dissimulé sous  des lunettes noires, Mika nous exprime pourtant ses points de vue "personnels" - hors de question de résumer l'histoire musicale du pays en si peu de temps (sa voix rauque est là pour nous le rappeler). Le film continue malgré cela d'impressionner par son étoffe et sa diversité: car, loin de se limiter à ses artistes favoris, Mika nous présente  des chanteurs relativement populaires, tantôt commerciaux, tantôt confidentiels, capables  de remplir les places publiques (Margareth Menezes), ou contraints de continuer à tailler des chemises (remarquable Walter Alfaiate)... Kaurismäki sillonne les petites rues des favelas et capte l'arrivée des jeunes vers la musique (seul moyen d'échapper à la violence et à la drogue?). Le groupe Funk'N Lata, melting pot musical (un rien excessif et démago, toutefois), aide les jeunes à ne pas commettre les erreurs de leurs aînés. Caju et Castanha, eux, s'en sont sortis il y a longtemps grâce à des improvisations dévastatrices qu'ils sèment le long des rues, en s'emparant de tout ce qui se présente à leurs sens (à la clé, une démonstration à mourir de rire)! Se dessine alors le portrait  (sans doute le plus touchant) du jeune Seu Jorge, qu'un drame familial a tenté d'éloigner de la musique. Kaurismäki consacrera ses derniers plans au bar musical qu'il a ouvert au Brésil: coup  de pub difficilement blâmable pour celui qui  a consacré sa vie au pays...»

Xavier Ehretsmann (Les Fiches du cinéma : 18/06/2003)


«Avec ses airs de gentil géant du Nord, Mika Kaurismäki part à la rencontre des joueurs de maracatu, coco, forró, frevo, et autres variantes de la samba. Entre l'enquête didactique et le journal de voyage, tout intéresse Mika Kaurismäki : comprendre, apprendre, entendre et prendre le rythme. Du coup, le spectateur ne sait pas toujours sur quel pied danser. La mémoire des Indiens, qui furent les premiers à chanter le Brésil, est le fil conducteur d'une réflexion où les jaillissements de musique mettent vite un désordre... particulièrement séduisant. Finalement, c'est le plaisir pur qui l'emporte : à Bahia, puis à Rio de Janeiro, des musiciens des rues, adeptes d'une samba rap ou funky, font monter la fièvre. Et Kaurismäki de conclure, placide et logique : « A la suite de ce documentaire, j'ai acheté un bar à Rio où des musiciens viennent se produire chaque jour. Maintenant, "moro no Brasil", je vis au Brésil ! » Une bonne nouvelle.»

Frédéric Strauss (Télérama : 18/06/2003)


«Avec une économie de commentaires, Mika Kaurismäki montre l’incroyable diversité d’une musique dont les sources remontent aux Indiens, passent par la danse d’inspiration africaine et aboutissent à des rythmes plus occidentaux et contemporains. Outre qu’il vaut au Brésil l’appellation incontestable de " pays des mille danses ", Moro No Brasil pose l’éternelle question des origines et des influences.»

Gérard Delorme (Première n°316)


«rapport des personnages avec la samba est si viscéral qu'ils ne peuvent l'évoquer sans parler de leur propre vie, leurs récits dessinant le portrait d'un pays violent, ravagé par la misère. Comme touchés par la grâce, les personnages de Moro No Brasil se sont largement arrachés à cette condition. Leur récit est investi d'une force telle qu'il empêche toute complaisance.»

 Isabelle Régnier (Le Monde)


«Moro No Brasil est un film animé d’une vive curiosité et d’une fascination sincère, qui recompose la gamme de l’histoire pour mieux éclairer la partition du présent. Mika Kaurismäki s’enquiert des sources originelles qui sont venues nourrir, enrichir et diversifier, au fil des époques, le répertoire musical de Rio, Bahia, et autres métropoles, bercées par un carnaval continu de sons et de couleurs chatoyantes. La musique y bat le pavé, mais aussi le chant et la danse, arts de rue indissociables.
Le cinéaste finnois signe, un peu à la manière de Wim Wenders, un nouveau Buena Vista Social Club brésilien, un beau voyage cadencé où les visages rencontrés se mêlent pour ne former qu’une seule et même figure qui se mue au rythme trépidant du groove et de la samba. Si le regard mériterait peut-être, de ci-delà, quelques approfondissements, il n’en reste pas moins passionné et empreint d’une chaleur communicative. L’hommage d’un " gars du nord " à la fièvre du sud. Fermez les yeux, c’est comme si vous y étiez…»

Laurence Berger (Comme au cinéma)