L'institutrice_Synopsis
L'institutrice_Propos du réalisateur
L'institutrice_Propos du réalisateur
L'institutrice_Synopsis

« Les plus puissantes forces du cinéma sont convoquées par L’Institutrice, second longétrage du cinéaste israélien Nadav Lapid. Ce sont les forces invisibles, celles que l'on ne voit pas, mais que l'on ressent, que l'on éprouve ou que l'on capte. Le sujet du film lui-même est une matière sableuse, liquide, fuyante entre toutes : la poésie. Son irruption dans le champ, dès le premier plan du film qui cadre, à hauteur de petit bonhomme, une cour d'école maternelle de Tel-Aviv, est de surcroît incarnée par un enfant de 5, Yoav, ce qui rend cette matière poétique plus mystérieuse encore… La meilleure part de L’Institutrice tient à l'indéfinissable. Ce garçonnet est-il réellement surdoué, est-ce de nouveau un enfant au sixième sens dont la surnaturalité serait la poésie dans un monde qui l'a tuée ? Ou bien est-il le réceptacle miroitant, diffracté des névroses et frustrations de Nira ? »

Olivier Séguret (Libération : 09/09/2014)


«Dans le sillage de Kieslowski et d’Antonioni, Lapid retranscrit toutes les émotions, même infinitésimales, d’une femme ultrasensible, dévastée par la médiocrité́ des hommes, agressée par des corps étrangers surgissant dans son champ de vision, oppressée par les bruits qui l’entourent. Considérant l’enfant comme un trésor menacé, elle apprend a` ses dépens que la laideur peut aussi inspirer les poètes, que la confrontation brutale au réel autorise sa sublimation. On manque de place pour dire ce qui bouleverse tant dans ce film : les regards, le destin d’un personnage raconté le temps d’une scène, l’intelligence d’un cinéma consistant a` suggérer ce qui se passe de mots. L’Institutrice éblouit de bout en bout, y compris lorsqu'il déraille. A l'image de ce dernier quart d'heure a' la poésie accidentelle et au suspense terrible, traduisant une liberté́ retrouvée et un formidable don de soi. Une transmission sublime pour affronter l'horreur du monde.»

Thomas Agnelli (Première : septembre 2014)

« Il n’aura échappé à personne qu’entre la présentation du film à Cannes et sa sortie a eu lieu une guerre, et l’assassinat de centaines de civils palestiniens par l’armée israélienne. S’il est très explicitement question de conflits sociaux et raciaux dans L’Institutrice, autour de la ligne de fracture entre juifs ashkénazes et sépharades, les Palestiniens n’existent pas dans le film –sinon comme cible probable, mais jamais désignée, du fils de Nira qui vient d'être nommé officier de Tsahal et fête cela avec entrain, entre parents et copains.

Cette absence, si caractéristique du déni de toute une partie de la société israélienne hors situation de conflit ouvert, n’est pas un aveuglement du film. C’est au contraire le plus sombre et le plus grave des innombrables abîmes souterrains sur lesquels il est construit. Ceux-là mêmes auxquels se confronte la poésie, aussi, surtout, lorsqu’elle parle d’amour.» J.M. Frodon (slate.com) 

«… L’Institutrice, de Nadav Lapid, n'est pas seulement un film passionnant: c'est un film absolument majeur dans l'histoire du cinéma israélien, par ailleurs une œuvre remarquable pour les cinéphiles du monde entier. On pressentait que Nadav Lapid, auteur en 2011 d'un premier long-métrage follement ambitieux et légèrement godardien– Le Policier (2011), œuvre poétiquement politiquement tendue comme un ressort –, pourrait rapidement devenir l'une des hautes figures du cinéma israélien contemporain.

C’est désormais chose faite avec L’Institutrice, film qui ne paie pas particulièrement de mine, film qui prend le risque, comme toutes les entreprises démesurées, de passer pour désarmante et candide, film qui pourrait même être totalement incompris, c'est-à-dire compris pour ce qu'il montre plutôt que pour ce qu'il cache.»

Jacques Mandelbaum (Le Monde : 22/05/2014)


«mêler de façon fluide le récit intime à la fable unanimiste, Nadav Lapid use d’une ingénieuse mise ne scène concentrique. Il fait converger tous les regards vers un épicentre commun : le regard bleu étincelant aux énormes pupilles de sa comédienne principale, Sarit Larry. Le spectateur est immédiatement happé par certain azur. A leur tour, ses élèves, comme Yoav y cherchent l’approbation bienveillante de leur professeur. Lorsque des scènes de groupe et de classe, Lapid use de grandioses panoramiques à 360 °. En un vaste mouvement, il réussit  à embrasser une société entière et à isoler, au centre, le visage d’une femme perdue. Dans chaque plan sur les yeux de Nira se jouent à la fois la réalisation d’un futur adulte et le drame de son héroïne. C’est le miracle du film : donner à voir la puissance et la détresse à un simple regard.»

Frédéric Mercier (Transfuge : mars 2015)

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