Les trois soeurs du Yunnan_Extraits critique
La folie almayer_Extraits critiques

SYNOPSIS


Quelque part en Asie du Sud-Est, au bord d’un fleuve tumultueux, un Européen s’accroche à ses rêves de fortune par amour pour sa fille. Une histoire de passion, de perdition et de folie, adaptée du roman de Joseph Conrad.


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« Figure essentielle de la modernité cinématographique européenne Chantal Akerman était aux côtés de Philippe Garrel, Jean Eustache, Wim Wenders ou Werner Schroeder l’une des plus talentueuses représentantes des nouveaux cinémas apparus à la fin des années 60 et au début des années 70, ainsi qu’une héritière directe de la Nouvelle Vague.

Elle confessa que c’est le choc ressenti à la projection de Pierrot le fou qui lui donna envie de mettre en scène des films, envie qu’elle concrétise très tôt avec son premier court métrage Saute ma ville réalisé en 1968 à l’âge de 18 ans…

Le cinéma de Akerman est un cinéma nomade, dans ses influences — la découverte des films de Andy Warhol, Jonas Mekas et Michael Snow, dans ses années new-yorkaises, aura sur elle une influence décisive, mais elle adaptera aussi Proust ou Conrad, ses approches (du court au long métrage, de la fiction au documentaire, de l’expérimentation pure à la comédie musicale) et ses déplacements géographiques – elle tournera aux États-Unis, en Europe, en Asie, en Israël…).

Un cinéma nomade qui n’oubliera pas ses racines juives d’Europe Centrale et son travail de mémoire – ses grands-parents et sa mère d’origine polonaise seront déportés à Auschwitz, seule sa mère en reviendra. La Shoah hante toute sa filmographie, également traversée par sa relation, intense, au judaïsme.

Au sein d’une œuvre marquée par sa radicalité et une puissance formelle souvent implacable et hypnotique, on retiendra plusieurs films qui ont marqué l’histoire du cinéma dit « moderne » et post Nouvelle Vague, en rupture avec la dramaturgie et la composition classiques. »

Olivier Père

Directeur général d’ARTE France Cinéma

En hommage à Chantal Akerman, ARTE a diffusé le mercredi 14 octobre à 00h05 La Captive libre adaptation de Proust.

  

« Ce ne sera jamais apaisé... Il n'y a pas d'apaisement possible, c'est pas tordu, ce que je dis là...».

Ch. Akerman

Chantal Akerman est née à Bruxelles, le 6 juin 1950. Ses grands-parents, des juifs polonais avaient fui les pogroms. Sa famille fut déportée de Belgique occupée par les nazis, seule la mère de Chantal Akerman revint d'Auschwitz.

À dix-sept ans, Chantal Akerman intègre l'école de cinéma belge, l'INSAS (Institut supérieur des Arts, du Spectacle et des Techniques de Diffusion), et réalise dès l'année suivante un premier court-métrage, Saute ma ville (1968), récit d'une jeune femme qui fait exploser son appartement en se suicidant. Et dont elle est l'unique interprète.

 

Fascinée par les Etats-Unis, Chantal Akerman découvre sur place, au début des années soixante-dix, les cinéastes expérimentaux comme le Canadien Michael Snow qui travaille sur l'étirement du temps. Cette rencontre lui permet d'écrire son premier long métrage, Je, tu, il, elle (1974), qu'elle réalise et interprète. Et où elle met en scène quatre moments de la vie d'une jeune femme.

 Pour son deuxième long métrage, Jeanne Dielman, 23, quai du commerce, 1080 Bruxelles (1975), Chantal Akerman filme durant près de quatre heures, trois jours de la vie le quotidien d'une femme ordinaire, interprétée par Delphine Seyrig.

Avec News from home (1976), elle rompt avec son schéma habituel en nous offrant des images de New York sur fond de lettres écrites par une mère à sa fille. En 1978, elle signe sa première véritable œuvre de fiction avec Les rendez-vous d'Anna où Aurore Clément joue une jeune réalisatrice courant l'Europe et exprimant ses idées au fil de ses rencontres.

Chantal Akerman revient à la mise en scène en 1981 avec Toute une nuit, film intimiste sur le couple. Viennent ensuite Les années 80 (1983), documentaire sur la réalisation d'un film ; Paris vu par... 20 ans après (1984), la vision du Paris des années 80 par six réalisateurs ; ainsi qu'une comédie musicale avec Golden eighties (1985).

Avec Histoires d'Amérique (1988), Chantal Akerman scrute la mémoire des émigrés juifs américains avant la seconde guerre mondiale et les camps de concentration. Deux ans plus tard, elle signe Nuit et jour, une histoire d'amour entre une fille et deux garçons, illustration de la femme d'aujourd'hui, moderne et libre. En 1995, elle tourne avec Juliette Binoche et William Hurt Un divan à New York. Avec Captive (1999), elle signe une adaptation libre du roman de Proust, La prisonnière. Chantal Akerman réalise par la suite deux documentaires ayant pour thème l'immigration des Mexicains aux États-Unis avec De l'autre côté (2001) et Israël et la diaspora juive avec Là-bas (2005).

 Après La Folie Almayer, libre adaptation du premier roman de Conrad, son dernier film, le documentaire, No Home Movie , (inédit en salles) raconte directement l’histoire de sa mère, rescapée des camps.

Chantal AKERMAN