The lesson_Propos des réalisateurs
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Le parfum du néoréalisme

Kristina Grozeva et Petar Valchanov ont opté pour une mise en scène à la sobriété efficace, rehaussée par l’intensité retenue de leur actrice (Margita Gosheva, tout à fait convaincante). Pas de musique anticipant ou surlignant l’émotion, ni de fioritures dans les mouvements. Accrochée aux traits tirés et concentrés de Nadia, qui forment le véritable paysage de ce film, la caméra l’isole souvent dans des cadres immobiles. Ceux-ci suggèrent tantôt la droiture du regard qu’elle pose sur le monde qui l’environne, tantôt l’étau qui se resserre sur elle.

Sa quête d’une sauvegarde économique, assortie d’un dilemme moral, ne peut qu’évoquer le parcours du Voleur de bicyclette de Vittorio de Sica (les coréalisateurs disent d’ailleurs s’inspirer du néoréalisme italien et de la Nouvelle Vague roumaine). Mais cette recherche de potentiels alliés – de moins en moins recommandables – est scandée de tant de rebondissements extrêmes et invraisemblables, que sa tension dramatique s’en trouve plus d’une fois sabotée.

Une « parabole sociale » à l’inégale réussite

Par ailleurs, le parallèle suggéré entre le vol commis en classe et le risque de déchéance morale de l’héroïne paraît trop appuyé et artificiel – ces deux événements étant bien peu comparables. En voulant élaborer « une parabole sociale contemporaine », les coréalisateurs nuisent hélas à leurs propres efforts de sobriété.

C’était d’autant plus dommage que cette province bulgare est par ailleurs habilement décrite, avec ses éclairs d’humour acide bien sentis, sa corruption omniprésente, et son atmosphère particulière qu’explicitent les auteurs : « Depuis plus de 25 ans, nous vivons dans une période dite de transition. Ça ressemble un peu au Far West, sauf que cela se passe dans l’Est. »

Marie Soyeux, La Croix

 

La rébellion tranquille

Bien soutenus par la prestation convaincante de leiur actrice principale, Kristina Grozeva et Petar Valchanov réussissent à nous offrir un aperçu captivant de la vie d'une personne normale dans des circonstances extraordinaires. En effet, Nadezhda est quelqu'un de tout à fait ordinaire et ses journées d'enseignante se suivent et se ressemblent. Mais tout change quand elle se rend compte que son mari Mladen, aimant mais pas toujours malin, a investi dans un objet totalement inutile pour leur maison au lieu de faire un chèque à la banque pour leur prêt. Désespérée à la perspective de perdre sa maison, Nadezhda va tenter désespérément de sauver l'avenir de sa famille.

Tout en révélant petit à petit des détails supplémentaires sur leur personnage, les réalisateurs nous plongent dans la vie d'une petite ville bulgare. Rien ne semble évoluer autour de Nadezhda, entre les élèves qui n'ont aucune envie d'apprendre l'anglais, les collègues qui s'ennuient dans leur travail et son mari, bon à rien et mauvais père. Dans cet univers plombé, Nadezhda a du mal à aller de l'avant. Ses actes semblent des coups de pinceau rouges sur une toile grise. Elle fait tout ce qui est en son pouvoir pour trouver une solution à ses problèmes (elle demande de l'aide, pousse les gens qui l'entourent, plaide pour avoir un moratoire...), mais elle découvrira vite que la situation nécessite une réaction plus audacieuse. 

Certains spectateurs estimeront que la gageure dans l'écriture du scénario était d'empiler les obstacles devant Nadezhda tout en restant convaincant. Son itinéraire semble en effet un parcours d'obstacles, mais l'ensemble est bien maîtrisé par les deux réalisateurs qui font preuve d'intelligence, sans oublier quelques touches d'humour. Par exemple, l'ampleur du désastre que vit l'héroïne est contrebalancé par des petits moments de calme et de tranquillité (comme ce café "partagé" avec sa mère défunte...). Peut-être son prénom ("nadezhda” signifie espoir en bulgare) est-il un bon signe pour la suite, mais il faudra attendre pour avoir la réponse à cette question.                 Stefan Dobroiu, Cineuropa

la rébellion tranquille”

L’actualité du cinéma bulgare, non moins que son histoire, semble un sujet propice à faire déchanter l’honnête homme. Insensiblement, un mouvement finit pourtant par apparaître, tel qu’on peut en tout cas le déceler à partir d’une distribution française de cette cinématographie. Eastern Plays (2009) de Kamen Kalev, Avé (2011) de Konstantin Bojanov, Sofia’s Last Ambulance (2012) d’Ilian Metev forment ainsi une trilogie qui témoigne de l’émergence d’un cinéma d’auteur de grande qualité dans ce pays.

Si la Bulgarie n’égale pas encore l’insolente et loufoque floraison du cinéma roumain, du moins peut-on, à compter d’aujourd’hui, ajouter deux noms à la liste, ceux de Kristina Grozeva et Petar Valchanov, qui signent ensemble The Lesson, premier long-métrage parfaitement recommandable.

Une inspiration dardennienne assez évidente (réalisme social, parabole morale, héroïne aimantant la caméra de bout en bout…) imprègne cette réalisation. Qui s’attache au personnage de Nadia, belle brune déterminée,...Jacques Mandelbaum , Le Monde

EXTRAITS CRITIQUES

PROPOS DE LA RÉALISATRICE

SYNOPSIS