Carol
Carol_Extraits critiques

SYNOPSIS


À New York, en 1952, quelques jours avant Noël. C'est l'effervescence au rayon jouets du grand magasin où travaille la timide Therese. Carol Aird, une femme élégante, plus âgée, lui achète un train électrique pour sa fille et laisse ses gants sur le comptoir. Therese y voit un prétexte pour renouer le contact avec elle. Car cette rencontre a beaucoup troublé la jeune femme, pourtant sur le point de partir en voyage avec son fiancé. L'émotion semble partagée car Carol l'invite à passer le week-end dans sa grande maison en banlieue. En instance de divorce, elle tente de reconstruire sa vie. Sur un coup de tête, Carol propose à Therese de partir avec elle quelques jours en voiture.


En 1952, l’Association des psychiatres américains a ajouté l’homosexualité à la liste des maladies mentales. La même année, une jeune romancière, qui venait de connaître le succès grâce à l’adaptation, par Alfred Hitchcock, de son premier ouvrage, L’Inconnu du Nord-Express, était obligée de publier sous pseudonyme son deuxième livre, The Price of Salt, dans une collection quasi pornographique. Celui-ci racontait une histoire d’amour entre deux femmes.

 

Carol est l’adaptation de ce livre de Patricia Highsmith (et porte le même titre que sa traduction française, publiée chez Calmann-Lévy). A travers les décennies, il fait partager la souffrance de la prohibition de l’amour, et la joie de la passion. C’est l’un des plus beaux qu’ait réalisés Todd Haynes et, à nos yeux, le plus beau qu’on ait vu cette année à Cannes. […]

La reconstitution d’époque au cinéma est un art périlleux, que Todd Haynes maîtrise depuis longtemps. Carol est souvent filmé à travers des vitres obscurcies par la pluie, la saleté ou la buée. Il ne s’agit plus, comme dans Loin du paradis (2002), d’invoquer les grands mélodrames de Douglas Sirk, mais de traduire en images modernes une réalité désormais lointaine. L’image d’Ed Lachman, avec sa palette hivernale d’une infinie délicatesse (seuls le prologue et l’épilogue sont situés en été), accentue encore cette distance mélancolique, pendant que la partition de Carter Burwell exacerbe les sensations des protagonistes, sans jamais franchir la ligne de l’emphase.

L’emphase, de toute façon, est étrangère à Todd Haynes. Il n’y a, bien sûr, aucune ambiguïté dans sa peinture de la société américaine, dont le puritanisme coïncidait alors avec le maccarthysme. Mais la violence et la beauté de l’histoire de Therese et Carol dit aussi que, au-delà des contingences historiques, l’amour est toujours un crime.

 

Le Monde, Thomas Sotinel. 

TODD HAYNES

Todd Haynes naît à Encino le 2 janvier 1961. Alors qu'il étudie la sémiotique et les arts à l'université, c'est vers la caméra qu'il se tourne en réalisant un premier court-métrage en 1978, et après son diplôme, il prend la direction de New York.

Très impliqué dans le soutien au cinéma indépendant, Todd Haynes réalise un court-métrage en 1987, Super star : The Karen Carpenter Story, sur la star du même nom réalisé avec des poupées Barbie, pour un traitement original. Après Poison (1991), il gagne ses premiers lauriers avec Safe, second long-métrage qui révèle également Julianne Moore dans le rôle d'une femme qui développe une allergie violente à sa vie en banlieue. Le thème de Velvet Goldmine, son film suivant (1998) est très éloigné, puisqu'il traite de façon flamboyante du glam-rock, faisant référence à la liberté qui régnait à l'époque, sur le plan sexuel notamment.

 

La musique occupe une part non-négligeable dans la carrière de Todd Haynes, qui s'attaque avec I'm not there au mythe Bob Dylan, qu'il aborde au travers d'un casting changeant selon les époques abordées, faisant du musicien un personnage incarné par Cate Blanchett, Richard Gere ou encore Heath Ledger. Carol, son film suivant sort en 2016, et aborde l'histoire d'amour qui naît entre deux femmes au cours d'un road-trip. Acclamé par la critique, il récolte plusieurs nominations aux Golden Globes 2016 (meilleur film dramatique, meilleure actrice, meilleur réalisateur).

  

Carol

EXTRAITS CRITIQUES