L'impératrice rouge_Propos Marlène Dietrich
L'impératrice rouge

SYNOPSIS


La jeune princesse Sophie-Frédérique est promise à un destin glorieux : elle doit épouser le grand-duc Pierre, héritier du trône de Russie. Dépêchée à la cour en grand équipage, sous la conduite du séduisant comte Alexeï, elle rêve de son futur bonheur à Saint-Pétersbourg. Elle va déchanter lorsqu’on lui présentera son fiancé : celui-ci est un nabot dégénéré, qui ne connait que ses vices d’enfant gâté. Le mariage a lieu, dans la pompe et l’encens. Devenue la troublante Catherine, la jeune femme va se chercher des compensations dans la compagnie des galants militaires. Tandis que son mari joue avec ses soldats de plomb, elle fait des ravages dans les casernements. A la mort de la reine mère, elle se sert de l’armée pour fomenter un coup d’État. Elle sera proclamée impératrice de toutes les Russies.


Autour du film


Von Sternberg aurait-il donc réalisé L’Impératrice rouge dans un esprit mystérieusement anti-russe ? Dans l’impossibilité de lui poser la question et parce que le cinéaste nous a habitué à plus de finesse que cela, nous y verrons plutôt un récit initiatique, le choix de l’héroïne comme de la période permettant surtout de s’en donner à cœur joie niveau costumes (génial Travis Banton), décors et passion des sentiments. Clairement amoureux de sa muse, Von Sternberg lui donne le rôle de ses rêves : quoi de plus excitant pour la fascinante Marlene qu’incarner une adolescente de seize ans, petit papillon dans sa chrysalide, qui va apprendre petit à petit les jeux de la séduction et se transformer en une veuve noire cruelle et mangeuse d’hommes ? Catherine la Grande, selon Von Sternberg, serait devenue ambitieuse par déception amoureuse : elle qui voulait donner son cœur, à un mari trop laid d’abord, puis à un amant trop lâche ensuite, va briser les cœurs des autres avec un art consommé de la sensualité. 


C’est cette histoire que filme Sternberg : il semble même prendre un malin plaisir à voir Marlene, trentenaire largement épanouie, tenter très maladroitement de jouer les jeunes filles en fleurs. Certes, elle écarquille les yeux, sautille joyeusement dans tous les sens, fait de jolies révérences, mais ses airs de sainte Nitouche ne trompent personne. Celle qu’attend Von Sternberg est la femme blasée au sourire en demi coin, qui mordille une brindille comme s’il s’agissait de l’acte sexuel le plus osé du monde, qui fait attendre les hommes au lieu de se mettre à leur service. Une femme qui d’un coup d’épaule fait tomber sa robe et dont le visage à peine dissimulé derrière un rideau transparent offre toutes les promesses du monde. Von Sternberg lui offre la féminité ultime : vêtue d’un costume d’officier, elle gravit à cheval les escaliers qui la mèneront sur la plus haute marche, dépassant d’une tête tous les autres soldats. L’Impératrice rouge est alors une ode à la plus grande, à Marlene, à cette femme, à LA femme.

Josef Von Sternberg

À la démobilisation, Émile Chautard le choisit pour être son assistant réalisateur lors d'une adaptation du Mystère de la chambre jaune, qui sort en 1919. Il travaille comme assistant pour plusieurs réalisateurs et remplace Roy William Neill, malade, dans le tournage de plusieurs scènes de By divine right, qui sort en 1925.


L'acteur de théâtre britannique George K. Arthur lui demande d'être dirigé dans un film qui marquerait ses débuts à l'écran. Sternberg lui soumet un scénario et réalise la même année 1925 The Salvation Hunters.

Ses premiers succès à Hollywood sont Les nuits de Chicago (Underworld, 1927) ainsi que Les Damnés de l'océan (The Docks of New York, 1928) qui le classent parmi les grands maîtres du muet.

En 1929 à Berlin il réalise L’Ange Bleu, librement inspiré du roman Professor Unrat de Heinrich Mann. Au générique du film, une future star, Marlene Dietrich. Von Sternberg devient son mentor, ils tournent sept films jusqu’en 1935.

Cependant, le box-office médiocre d’un certain nombre de films et la brouille avec Ernst Lubitsch (patron de la Paramount) l’obligent à quitter la Paramount et à travailler pour Columbia. S’ensuivent des projets inaboutis et des films presque oubliés, à l’exception d’Anathan, tourné au Japon en 1953.

De 1959 à 1963 il enseigne l’art du cinéma à l’Université de Californie (L.A).

Il meurt à Hollywood le 22 décembre 1969.



Josef Von Sternberg, Jonas Sternberg pour l'état-civil, est né le 29 mai 1894 dans une famille de la classe moyenne juive de Vienne, il s'installe à New York en 1910. à l'entrée des États-Unis dans la Grande Guerre, en 1917, il intègre le Signal Corps, service de propagande des armées, où il occupe un poste d'opérateur.

Marlène DIETRICH

L'impératrice rouge