L'incinérateur de cadavres
L'incinérateur de cadavres_Extraits critiques

SYNOPSIS


Monsieur Kopfringl, homme brave et peu avare de sa personne, exerce son métier d’incinérateur avec un amour troublant. Et cherche à développer son commerce, qu’il considère comme un bienfait pour l’humanité. Il revoit par hasard un compagnon d’armes - et sympathisant nazi - qui lui suggère qu’il pourrait avoir du sang allemand dans les veines...

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À la fin des années 30, M Kopfrkingl, employé du crématoire de Prague, est un père de famille et un citoyen modèle. Conscient de sa valeur et de ses responsabilités, il se fait un devoir d’inculquer sans répit à sa femme et à ses enfants l’amour du beau, de l’ordre et de la pureté. […] Il prêche de sa voix onctueuse, citant le Livre des Morts tibétain, les vertus de l’incinération des corps qui purifie les âmes….

Télérama, Joshka Schidlow, 24/01/1990

  

Progressivement et avec un humour accordé à la situation macabre, Herz dessine le portrait de ce héros pitoyable ; il le démasque afin de souligner le caractère morbide de ses égarements. Il le montre pris à la fois dans l’engrenage logique de sa propre folie et produit d’un système, reflet d’une époque. Pour cette raison le film gagne en gravité, en âpreté, en force et nous entraîne dans un cauchemar où se projette l’ombre du fascisme et où M. Kopfringel rejoint les fantômes allégoriques de M. Verdoux (Chaplin) et d’Archibald de la Cruz (Buñuel).

Le Monde, 28/7/72, Yvonne Baby

  

L’action se déroule en 1938. Les Allemands vont envahir la Tchécoslovaquie. En attendant, un bon père de famille mène sa vie. Tranquille. Il adore sa femme, ses enfants et son crématorium où il est incinérateur de cadavres. Le parti nazi le trouve parfait et finit par l’embrigader, sa spécialité pouvant toujours servir. On assiste alors à la transformation de M. Kopfrink -M.K., (on est à Prague !) en cloporte d’une lâcheté insoutenable. Il va collaborer dans l’allégresse et offrir ses services aux bourreaux pour adoucir les souffrances des hommes… et des siens.

Le Canard enchaîné, 24/01/1990


  

Juraj HERZ

Juraj Herz est né en 1934 dans la partie slovaque de la Tchécoslovaquie. En 1943, sa famille est arrêtée par la milice Hlinka, et déportée au camp de Ravensbrück, tandis que Juraj est placé dans la partie russe du camp

En 1954, il entre à l’École supérieure des Arts de la scène de Bratislava pour étudier la photographie. Il part étudier la mise en scène à l’académie des Arts du spectacle de Prague où il reçoit les cours de direction de marionnettes de Jan Švankmajer. En 1960, il travaille comme acteur et metteur en scène au théâtre Semafor. Il travaille ensuite comme assistant réalisateur aux studios Barrandov. Il est également réalisateur adjoint sur le film Le Miroir aux alouettes (1965). Il joue aussi comme acteur dans quelques films des années 1960. Jaromil Jireš l’encourage à participer au projet collectif d’adaptation de nouvelles de Bohumil Hrabal, Les Petites Perles au fond de l’eau. Juraj Herz y réalise le court-métrage Sběrné surovosti.

En 1968, il réalise son premier film, pour lequel il a les mains entièrement libres : L’Incinérateur de cadavres, d’après un récit de Ladislav Fuks. Des scènes sont cependant coupées, puis, quand l’auteur et scénariste tombe en défaveur, le film est censuré. Après ce film a lieu la Normalisation en Tchécoslovaquie. Il parvient d’abord à réaliser Sladké hry minulého léta, qui reçoit un bon accueil, puis Petrolejové lampy d’après un roman de Jaroslav Havlíček. Des scènes sont encore censurées, mais il apprécie de travailler avec l’actrice Iva Janžurová, avec qui il tourne son film suivant, Morgiana.

Après les difficultés qu’il rencontre à faire accepter le scénario de Den pro mou lásku, il se tourne vers l’adaptation de contes qu’il fait cependant pencher vers le fantastique et l’horreur, comme La Belle et la Bête ou Le Neuvième Cœur d’après E. T. A. Hoffmann. Il adapte aussi un roman de Josef Nesvadba sous le titre Le Vampire de Ferat (Upír z Feratu). En 1987, il part en Allemagne travailler pour la télévision. Il réalise d’autres contes, comme Le Roi Grenouille, et deux épisodes de la série télévisée Maigret. Il revient en République tchèque pour adapter un roman de Karel Pecka, Pasáž, en 1996. Il retrouve, grâce à une coproduction franco-belge, la même liberté que pour L’Incinérateur de cadavres. Il reçoit le prix du meilleur réalisateur en 2010 pour Habermann. Toujours en 2010, il reçoit un prix spécial pour sa contribution au cinéma mondial au festival international du film de Karlovy Vary.

L'incinérateur de cadavres

EXTRAITS CRITIQUES