Dans ma tête un rond-point

SAMEDI 20 MAI à 20 h

SYNOPSIS


    Quelque part en Algérie, au cœur d’une cité populaire inaugurée en grande pompe, une placette non aménagée connaît une occupation chaotique qui va diviser les habitants. Dans ce modèle réduit d’une société qui cherche ses marques, chacun va y aller de son projet où il est question, pêle-mêle, de transformer la place en terrain de jeux, en espace vert, en mosquée ou encore en centre commercial. Pendant ce temps, une jeunesse en friche tente par tous les moyens d’exister, de se projeter et de donner corps à sa quête d’une vie meilleure...

EXTRAITS CRITIQUES


   ESSAHA (La place), un film de Dahmane Ouzid.

   Première comédie musicale algérienne qui a commencé à s’écrire en 1988 pour être tournée en 2009 et sortir sur les écrans français en 2012. (…) Il est assez rare, pour le souligner, de voir à l’écran les corps de filles et de garçons d’Algérie se déhancher ensemble sur une bande originale composée pour l’occasion par les fondateurs de l’Orchestre National de Barbès. Malgré ses maladresses et à sa touchante naïveté, le film dresse en filigrane le portait d’une jeunesse algérienne, dont le principal souhait est de croquer la vie à pleine dents, en butte avec les monolithes institutionnels d’une société qui n’a pas su évoluer. Et dont bon nombre des rêves de l’indépendance ont été depuis trop longtemps oubliés ou confisqués. Le film a par ailleurs reçu le prix René Vautier et Mohamed Bouamari remis par Costa-Gavras, à Montpellier, en 2011.

Les Mutins de Pangée


   La Place a adopté la forme de la comédie musicale, du film chanté et dansé, de l'interruption régulière de la narration par des intermèdes qui, justement, ne se limitent pas à être des intermèdes mais injectent une forte dose de distanciation dans le discours du film, et révèlent, dans l'artifice, la vérité même. Interprété par des jeunes talents du rap, du hip-hop ou de la musique plus traditionnelle, La Place parvient, avec succès et fantaisie, à s'interroger sur son propre statut, déterminé par une série d'influences musicales, chorégraphiques, visuelles surtout, qui témoignent d'une tradition bouleversée elle-même par la construction d'un monde que les industries culturelles ont métissé mais aussi éloigné de ses racines.


   Éclairé comme une sitcom, nourri de chansons de variétés, parodiant l'esthétique, non exempte d'une sorte de laideur, qui est celle, parfois, du vidéoclip musical, le film de Dahmane Ouzid navigue habilement entre l'apparente soumission aux codes dominants et la critique lucide de ceux-ci. La Place est un des objets cinématographiques les plus bizarres du moment.

LE MONDE, Jean-François Rauger, 12.03.2012

LA PLACE

DAHMANE OUZID

   Secrets de tournage :


   La danse, vecteur d'expression contestataire

Comme l'explique le réalisateur Dahmane Ouzid, son film veut "déculpabiliser l'exubérance des corps" dans un contexte socio-politique tendu. Par la liberté d'expression corporelle, le cinéaste cherche à allier divertissement et engagement, bien décidé à dénoncer les conditions difficiles dans lesquelles évolue la jeunesse algérienne, partagée entre conservatisme et modernité.


   Des comédiens débutants

Les rôles principaux ne sont pas tenus par des professionnels du métier : la plupart des jeunes acteurs présents dans le film sont issus du milieu de la danse urbaine (hip-hop) ou sont étudiants en arts dramatiques.


   Melting pot musical

Ce film, qui est une comédie musicale, a réuni trois représentants des tendances novatrices de la musique algérienne actuelle, donnant ainsi lieu à une sorte de melting pot musical où s'entrecroisent différentes influences, comme le jazz, la "world music" ou la "bled musique".


   Un décorateur chevronné

Ramdane Kacer, décorateur de La Place, a travaillé sur de nombreux projets télévisuels et cinématographiques. Parmi les réalisateurs avec lesquels il a collaboré, on peut citer Merzak Allouache (Chouchou) ou encore Costa-Gavras.

Dahmane Ouzid Né en 1950 à Tizi Ouzou, Dahmane Ouzid a vécu en France jusqu’en 1966, date à laquelle il retourne en Algérie. Formé à l’Institut du cinéma de Moscou, il fait ses classes au sein de l’Office public du cinéma algérien où il est assistant-réalisateur sur des longs métrages d’Ahmed Rachedi, de Mohamed Slim Riad et de Merzak Allouache; il se fait remarquer avec deux

courts-métrages : Bon voyage, bonnes vacances (Doc., 1977) et La Berceuse (Fict., 1982) qui fait partie de Faits-divers un film collectif d’après des nouvelles de Zhor Zerari. On lui doit en outre El Ghayeb (2002) et El Aaouda (2006), deux feuilletons pour la télévision. En 2007 avec le scénariste et directeur artistique Salim Aissa, il se lance dans l’aventure de la comédie musicale Essaha, une série pour la télévision qui deviendra son premier long métrage. La Place a reçu le Prix de la meilleure musique de film au festival du cinéma méditerranéen de Montpellier en 2011

DANS MA TETE UN ROND-POINT