I am not your negro_Extraits critiques
I am not your negro

Extraits Critiques

I am not your negro

James Baldwin

À partir des textes de l’écrivain noir américain James Baldwin (1924-1987), le cinéaste Raoul Peck revisite les années sanglantes de lutte pour les droits civiques, à travers notamment les assassinats de Martin Luther King Jr., Medgar Evers et Malcolm X. Un éblouissant réquisitoire sur la question raciale. 

SYNOPSIS

 En juin 1979, l’auteur noir américain James Baldwin écrit à son agent littéraire pour lui raconter le livre qu’il prépare : le récit des vies et des assassinats de ses amis Martin Luther King Jr., Medgar Evers, membre de la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP) et Malcolm X. En l’espace de cinq années, leur mort a traumatisé une génération. En 1987, l’écrivain disparaît avant d’avoir achevé son projet. Il laisse un manuscrit de trente pages, Notes for Remember this House, que son exécuteur testamentaire confiera plus tard à Raoul Peck.

Avec pour seule voix off la prose fiévreuse et combative de Baldwin, le cinéaste revisite les années sanglantes de lutte pour les droits civiques, les trois assassinats précités, et se penche sur la recrudescence actuelle de la violence envers les Noirs américains, ce qui confère une troublante actualité aux propos de l’écrivain. James Baldwin ne se contente pas de dénoncer les violences et les discriminations à l’égard des Noirs, la terreur dans laquelle lui et ses semblables vivent. Il s’attaque à ce qui, dans la culture américaine, et le cinéma hollywoodien en particulier, s’obstine à fausser la réalité : l’innocence factice, l’héroïsme côté blanc, la souffrance, la faiblesse côté noir, sans oublier les hypocrites scènes de réconciliations raciales. "Les Blancs doivent chercher à comprendre pourquoi la figure du nègre leur était nécessaire", assène-t-il lors d’une allocution télévisée. À ce commentaire, à mi-chemin entre colère froide et implacable réquisitoire, dit par Joey Starr (Samuel L. Jackson assurant, lui, la version anglaise), répond, dans une alchimie impeccable, un fascinant flot d’images (reportages, archives, extraits de films, photos) qui nous propulse au cœur de l’identité américaine, voire occidentale, de ses cruautés et de ses faux-semblants. En plus de rendre hommage à un écrivain majeur, ce documentaire, primé à maintes reprises, offre un voyage saisissant au cœur d’une société américaine au bord de l’implosion. L’un des plus beaux films de Raoul Peck qui, à l’instar de Baldwin, porte sur son sujet un regard sensible et engagé.

Arte Cinéma

James Arthur Baldwin (2 août 1924 – 1er décembre 1987) est un écrivain américain, auteur de romans, de poésies, de nouvelles, de théâtre et d’essais. Son œuvre la plus connue est son premier roman semi-autobiographique intitulé  La Conversion (Go Tell It on the Mountain), paru en 1953.Ses essais, rassemblés notamment dans Chronique d’un pays natal (Notes of a Native Son, 1955) et La Prochaine Fois, le feu (The Fire Next Time, 1963), explorent les non-dits et les tensions sous-jacentes autour des distinctions raciales, sexuelles et de classe au sein des sociétés occidentales, en particulier dans l’Amérique du milieu du XXe siècle.

Ses romans et pièces de théâtre transposent quant à eux vers la fiction des dilemmes personnels, questionnant les pressions sociales et psychologiques complexes qui entravent non seulement l’intégration des personnes noires, mais aussi des hommes gays ou bisexuels. Il dépeint également les obstacles intériorisés qui empêchent de telles quêtes d’acceptation, par exemple dans son roman La Chambre de Giovanni (Giovanni’s Room), écrit en 1956, bien avant le mouvement de libération des homosexuels.

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Raoul PECK

Pendant ses études, il milite à gauche et envisage de retourner clandestinement en Haïti, comme beaucoup d’autres étudiants avant lui pour se battre contre la dictature : « Ce qu’aucun de nous ne savait à l’époque, c’est que nous aurions été attendus avant même notre arrivée et nous aurions été tués, puisque la CIA dénonçait systématiquement au pouvoir en place, tous les "subversifs" potentiels ».


 Après plusieurs courts métrages, il entre à l’Académie du film et de la télévision de Berlin où il fait son premier long métrage : Haitian Corner. Il enchaîne avec un documentaire sur Patrice Lumumba, qui sera le sujet d’une fiction intitulée Lumumba réalisée en 2000.

Déjà se pose la question du point de vue du héros « noir », contrairement à l’approche usuelle de raconter ce genre d’histoire à travers un personnage « européen », mieux accepté par les financiers (exemple : Steve Biko dans Cry Freedom). Devant les difficultés évidentes, il décide de réaliser à la place un documentaire de création qui deviendra en 1991 Lumumba, mort d’un prophète, sur le leader congolais, père de l’indépendance du Congo ex-belge, assassiné en janvier 1961.

  

Raoul Peck est l’auteur d’une œuvre multiforme, engagée politiquement et socialement, traversée de thèmes récurrents, l’exil, la mémoire ou l’héritage post-colonial. Il va du documentaire à la fiction, entre racines haïtiennes (L’Homme sur les quais, Desounen : dialogue with death, Moloch tropical…), blessures africaines (Lumumba ou Sometimes in April, sur le génocide au Rwanda) et critique sociale (Le Profit et rien d’autre, L’Affaire Villemin).

Professeur à l’Université de New York de 1994 à 1995, il devient ministre de la culture de la République d’Haïti jusqu’en 1997 mais il s’est rapidement désolidarisé de la dérive autoritaire du président Jean-Bertrand Aristide.

En mai 2000, Raoul Peck est nommé par Catherine Tasca président de la Commission d’aides sélectives aux pays en voie de développement (Fonds sud).

 

Lauréat en 2001 du prix Irène Diamond (Human Rights Watch) pour l’ensemble de son œuvre, il est nommé en 2010 puis reconduit en 2013 au poste de président de la Fondation européenne pour les métiers de l’image et du son (FEMIS). En 2012, il fait partie du jury du Festival de Cannes. En 2013, il questionne la reconstruction d’Haïti après le séisme de janvier 2010 dans le documentaire Assistance mortelle.

 

Le 27 septembre 2017 est sorti le film Le jeune Karl Marx.

Raoul Peck, né en Haïti en 1953, quitte le pays en 1961 pour le Congo car ses parents ont voulu fuir la dictature des Duvalier.

Ses premières années sont marquées par « la disparition de plusieurs jours de son père et par le souvenir de sa mère s’entraînant à tirer dans le jardin ».

Après son diplôme d’ingénieur obtenu à l’Université de Berlin, il devient journaliste et photographe.