Il était un père
Il était un père_Extraits critiques

Depuis la mort de sa mère, le petit Ryohei est élevé par son père, le professeur Horikawa. Leur existence s'écoule paisiblement, ponctuée par les joies du quotidien qui viennent renforcer leurs liens. Mais un drame vient bouleverser cette quiétude : échappant à la surveillance de Horikawa lors d'un voyage scolaire, l'un de ses élèves se noie. L'instituteur, qui s'estime coupable de cet accident, donne sa démission. Il reste pourtant déterminé à inculquer à son fils le sens du devoir qui lui fait défaut. Pour lui imposer un cadre plus sévère, il l'envoie dans une pension. Après plusieurs années de complicité vient le moment de la séparation….

SYNOPSIS

Il était un père avait connu un grand succès au Japon lors de sa sortie. La liquidation de la société Alive, qui avait activement participé à la reconnaissance du cinéma japonais en France, a gelé la sortie de « Il était un père ». Carlotta Films a acquis les droits de cette œuvre en 2004 et le distribue en juin 2005. Si la copie a été restaurée pour la partie image, les défauts inhérents du début du parlant n'ont pas été gommés. C'est accompagné d'un effroyable et incessant bruit de mitraillette déclenchée par d'innombrables impuretés qu'elle nous est présentée aujourd'hui. Spectateurs : exiger un passage en muet !

Jean-Luc Lacuve janvier 2006, cinéclub de Caen

 

Comment convaincre de regarder un vieux film japonais au son crachotant ? Préciser qu'il s'agit d'une poignante et simplissime histoire d'amour paternel et filial, et qu'elle est signée Yasujiro Ozu, immense cinéaste nippon, est insuffisant. Il faudrait dire aussi à quel point ce film oublié nous paraît actuel, comme un écho à des plaisirs récents. Ses images en noir et blanc, souvent frontales (Ozu n'était pas fou des mouvements d'appareil), évoquent ainsi ces mangas « d'auteur » ancrés dans le quotidien. (…) Le héros du film d'Ozu est-il un père sans talent ? La question n'est pas tranchée. Il assume d'abord ses responsabilités. Prof consciencieux, il voit mourir par accident l'un de ses élèves lors d'une sortie scolaire. Il quitte alors l'enseignement, se donne tout entier à l'éducation de son fils, qu'il élève seul depuis son veuvage. L'éducation prend des airs de sacrifice : envoyer le petit Ryohei en pension, travailler dur pour payer ses études, le voir grandir de loin. Adulte, Ryohei est prof comme papa, mais en manque cruel de ce père qu'il a peu vu, tant celui-ci s'est effacé pour lui. L'amour familial, brûlant mais tu, est-il condamné par la fatalité du temps qui passe et sépare les êtres — ce que le père, en quelque sorte, prévient ? Ou nos personnages font-ils fausse route, se condamnant à tort à une vie de sacrifice ? Jamais Ozu ne donne la réponse...

Aurélien Ferenczi , TELERAMA, 2014

Yasujiro OZU

1903 : Naissance à Tokyo. Il a douze ans quand sa mère s'installe avec ses enfants près de Nagoya. Le père, lui, demeure à Tokyo pour son commerce, et cette absence marque l'adolescence d'Ozu. Pensionnaire au collège, il se passionne pour le cinéma : il préfère aller voir des films — notamment ceux d'Hollywood — plutôt que d'étudier.1922. Engagé aux studios Shochiku comme assistant opérateur.

 1927. Réalise Le Sabre de pénitence. Première collaboration avec Kogo Noda, son scénariste attitré.

 

1929-1931. Tourne une série de comédies sociales. La contestation sociale, la misère et les relations parents/enfants deviennent les thèmes fétiches du cinéaste japonais. Il devient l’un des réalisateurs les plus célèbres du Japon, aussi talentueux dans la comédie que le drame en passant par le film noir.

 

1936. Premier long-métrage parlant, Un fils unique, traitant de la relation entre une mère et son fils.

 

1938-1940. Appel dans l'armée impériale, en Chine. De retour au Japon, il écrit un scénario, qui sera censuré puis modifié et donnera naissance au Goût du riz au thé vert en 1952.

 

1949. Après plusieurs années passées à Singapour, notamment aux mains des Anglais, Ozu retrouve Kogo Noda et tourne Printemps tardif considéré au Japon comme le "film le plus profondément japonais jamais réalisé".

 

1953. Réalise Voyage à Tokyo, le plus célèbre de ses films, tourné à hauteur d'homme accroupi sur un tatami et fait uniquement de plans fixes. Ce sera la première œuvre du cinéaste sortie sur les écrans français en 1978.

 

1958. Fleurs d'équinoxe, premier film en couleur.

 

1959-1960. Le réalisateur japonais entreprend plusieurs remakes de ses films antérieurs.

 

1963. Ozu meurt le jour de ses 60 ans, quelques mois après la sortie de son dernier film Le Goût du saké.

  

Il était un père

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