Il était un père_Synopsis
Il était un père_Propos du réalisateur

Il était un père, révélation d'une œuvre charnière d'Ozu. Inédit en France, ce film réalisé au Japon durant la seconde guerre mondiale par l'un des plus grands cinéastes, Yasujiro Ozu, met superbement en scène la mutuelle et fertile déconvenue entre un père et son fils. Qu'est-ce qu'être père, qu'est-ce qu'être fils ? Voilà les questions auxquelles ce film, à défaut de les trancher, confère la mystérieuse conviction d'une forme cinématographique. Cette forme, terriblement ambiguë et en même temps si intensément, si cruellement juste, est celle de l'éloignement, qui permet à la fois au père de cesser d'être un fils et au fils de devenir père à son tour.

 

Jacques Mandelbaum, LE MONDE juin.2005

                                                        EXTRAITS CRITIQUES


Rappelons qu’Ozu fut séparé de son père entre l’âge de 10 et 21 ans lorsque ce dernier l’envoya faire des études à Kyoto afin qu’il devienne meilleur. Comme le héros de son film, il ne le vit pratiquement pas durant une dizaine d’années et comme lui aussi il assista à sa mort, terrassé par une attaque. Il n’est donc pas étonnant que cette œuvre si personnelle ait été l’une de ses préférées ; elle ne fut pourtant découverte en France que très tardivement, seulement en 2005. L’histoire toute simple est celle d’un professeur, veuf, qui, en dehors de son métier, se consacre uniquement à l’éducation de son jeune fils. Se sentant coupable de négligence lors de la mort d’un de ses élèves, il démissionne et part vivre dans son village natal à la campagne avec son rejeton. Afin que ce dernier ait la meilleure éducation puis une situation préférable à la sienne, il décide ensuite de l’éloigner de lui. Pour son bien, ils devront désormais se voir le moins possible. Leurs rares retrouvailles seront pour tous deux des moments d’intense bonheur. Alors que les histoires dans les films d’Ozu se déroulent en principe sur de très courtes périodes, Il était un père fait un peu office d’exception, les ellipses temporelles faisant ici se passer des dizaines d’années. Chishu Ryu accomplit d’ailleurs à l’occasion une belle performance d’acteur puisque alors âgé de 38 ans, il tient le rôle d’un homme d’une soixantaine d’années.

 

DVD CLASSIK, Erick Maurel, juillet 2006 

La trame de ses récits, tournant autour des relations ou des conflits familiaux, est toujours très simple et comporte peu d’actions spectaculaires, voire aucune. Le cinéaste reprend sensiblement, d'un film à l'autre, le même canevas, très ténu, et des personnages identiques, interprétés par la même troupe d'acteurs. La répétition, la légère nuance, la scrutation d'infimes détails, la saisie de gestes rituels et la dilatation du temps, perçu comme une entité flottante, sont au cœur de son dispositif. Cinéaste du temps qui fuit et de l'évanescence, Ozu se veut le chroniqueur mélancolique d'un Japon en pleine mutation et d'un monde qui disparaît. Sur le tard, le réalisateur délaisse ostensiblement la dramatisation et cherche, par l’extrême sobriété et densité de la forme cinématographique, à atteindre l’essence même de ce qu’il filme. En cela, il est d’ailleurs fidèle à une longue tradition artistique japonaise.

 

Erick Maurel - juillet 2006

C’est l’histoire d’un père et d’un fils qui vivent dans l’abnégation, la soumission aux lois, l’amour du travail, de la patrie, le respect des défunts. Le fils obéit au père sans broncher, et quand il verse une larme, celui-ci lui rappelle que les garçons ne pleurent pas. Le film a été tourné en 1942 au Japon, trois ans après le retour d’Ozu du front chinois. Il n’y a pas de haine entre le père et le fils, car la haine est interdite entre les pères et les fils dans un pays en guerre, où il n’y a plus de pères ou de fils, mais des soldats. Tous les jeunes hommes du film sont de bons citoyens, cadres, mariés, pères, futurs soldats. On ne parle pas de guerre dans Il était un père, mais elle est là. C’est l’histoire de quatre ombres, de deux vivants (le père et le fils) plus morts que les morts, de deux morts (la mère et l’écolier noyé) bien plus vivants que les vivants. La mort semble être un retour à la vraie vie, paraît plus vraie que la vie (ce cauchemar parfois doux). Ces quatre ombres se meuvent devant la lumière, de plan en plan.

 

Les INROCKS, Jean-Baptiste Morain, juin 2005

SYNOPSIS

PROPOS DU REALISATEUR