Les nuits blanches du facteur
Les nuits blanches du facteur_Extraits critiques

SYNOPSIS


Coupés du monde, les habitants des villages autour du lac Kenozero sont pratiquement livrés à eux-mêmes. Le facteur Lyokha et son bateau sont leur seul lien avec le monde extérieur. Chaque jour, cet homme célibataire apporte à la population de ces villages délaissés des lettres, du pain, des pensions, des médicaments, des outils, de l’essence et des ampoules électriques. Mais, un matin, Lyokha découvre que le moteur de son bateau a disparu. Peu de temps après, il apprend qu’Irina, la femme dont il est amoureux depuis l’enfance, part travailler à la ville avec son jeune fils. Désemparé, Lyokha décide de changer de vie en quittant son village.


Entre fiction et réalité, Les Nuits blanches du facteur raconte la vie isolée des villageois russes. Les acteurs, presque tous non-professionnels [à l’exception d’Irina Ermolova], interprètent leurs propres rôles.

Aleksey est le facteur des villages situés autour du lac Kenozero. Avec son bateau, il est bien souvent la seule source de nouvelles pour ces habitants coupés du monde. Ancien alcoolique, c’est avec humour qu’il a un petit mot pour chacun, témoin du ravage de la vodka sur des villageois qui partagent tous une extrême solitude.

Le temps semble durer une éternité dans ce village de la région d’Arkhangelsk. Tous les matins, le facteur se lève et regarde ses chaussures… et l’on se demande bien ce qui le pousse finalement à se lever pour aller délivrer lettres, retraites et bonne humeur à ces oubliés de la civilisation moderne. Il serait bien tenté par l’Amour mais comment faire lorsqu’on y a presque renoncé dans sa tête? Andreï Kontchalovsky dans Les nuits blanches du facteur a mis en scène des personnages réels pour montrer ce qui l’a toujours marqué: la vie presque médiévale de ces villageois russes. En posant sa caméra au bord du lac, il porte sur ces gens cabossés et résignés un regard à la fois tendre et touchant. Il y a quelque chose de fascinant à voir ces acteurs non professionnels rejouer leurs propres vies, les voir accepter leur destin qui se limite bien souvent à la visite d’un facteur. Seul le lancement d’une fusée au loin leur rappelle qu’un ailleurs est sans doute possible. Kontchalovsky réussit à nous transporter dans un monde où le temps s’est arrêté. Un monde où le soleil est un facteur un peu rougeaud, drôle et bienveillant.

Matthieu Culleron, France Inter


L’idée du film est venue à Andreï Kontchalovsky quand il a vu sur internet un article consacré aux facteurs dans les provinces de Russie. Il y était écrit que lors des 5 dernières années le nombre de villages en Russie est passé de 51à 34Des villages comptant au plus 10 habitants chacun. Dans bon nombre d’entre eux, du fait de leur éloignement des villes et de la mauvaise qualité des routes, les habitants sont hors du système. Ils ne peuvent facilement être en contact avec la police, le médecin, l’électricien et encore moins les services publics. Ils sont livrés à eux mêmes.

Près de chez eux, la puissante machine gouvernementale fonctionne pour fabriquer et lancer des fusées, mais ces villages restent isolés. Les habitants vivent de leur travail, de ce que la nature leur apporte et la solidarité, l’entraide, plus qu’une ligne de conduite, est une question de survie. Souvent dans ces régions, le facteur est le seul représentant du gouvernement. C’est le seul lien entre les habitants de ces villages désolés et la civilisation. Le facteur ne distribue pas que les lettres et les mandats. Il apporte de la nourriture, des médicaments, des outils et de l’essence. Ce n’est pas stipulé dans sa fonction mais il le fait pour aider les gens.

Notes de Production, ASC Distribution

Andreï Kontchalovsky

 Issu d’une famille d’intellectuels et d’artistes, Andreï Mikhalkov prend comme pseudonyme le nom de son grand-père maternel, le peintre Piotr KONTCHALOVSKY. Il est le fils de l'écrivain Sergueï Mikhalkov, et le frère du cinéaste Nikita Mikhalkov. Se destinant d'abord à une carrière de pianiste, il étudie dix ans durant au Conservatoire de Moscou avant d’intégrer la célèbre école cinématographique VGIK. En 1960 il y rencontre Andreï Tarkovski, dont il est scénariste (Le rouleau compresseur et le violon, 1961, Andrei Roublev, 1966) et même l'acteur (L’Enfance d’Ivan, 1962).

Il se lance dans la réalisation avec le court métrage Le garçon et le pigeon (1961), puis le long Le premier maître (1965), plongée dans la Russie post révolutionnaire de 1917, suivi du Bonheur d’Assia (1966), portrait d'une paysanne, censuré pendant vingt ans pour son réalisme sans fard. À sa sortie le film sera considéré comme son chef-d’œuvre. Cinéaste prolifique, Kontchalovsky se tourne alors vers l’adaptation de classiques russes, adapte Tourgueniev pour Le nid de gentilshommes (1969), chronique aristocratique des années 1840, et Tchekhov pour Oncle Vania (1970); il continue de séduire avec La Romance Des Amoureux (1974) et Sibériade (1979), fresque sur deux familles antagonistes dans un village de Sibérie, qui obtient le Prix spécial du Jury à Cannes en 1979 et assure une réputation internationale à son réalisateur, rendant possible son exil aux États-Unis en 1980.


Surveillé par les autorités russes et courtisé par les producteurs étrangers, il se tourne vers Hollywood, signant le court métrage Split Cherry Tree (1982), s'essayant à des genres variés, du drame (Maria’s Lovers, 1984) à la série B (Tango & Cash, 1989), en passant par le film d'action (Runaway train, 1985).


Il revient dans son pays natal à la fin de la guerre froide avec des films sur la Russie contemporaine, mais financés grâce à des coproductions. En Russie il tourne le Cercle des intimes (1991) qui met en scène le projectionniste de Staline et pose la question de la collusion avec le totalitarisme, puis Riaba ma poule (1994) où l'on retrouve les personnages du Bonheur d’Assia dans la Russie post-soviétique. La Maison de fous (2002), qui décrit la vie d’un asile psychiatrique en Tchétchénie, lui vaut le Grand prix du jury à la Mostra de Venise. Il obtient ensuite le Lion d’argent du meilleur réalisateur pour Les nuits blanches du facteur (2014). En 2016, il reçoit de nouveau cette récompense pour le film Paradis.


Actuellement il travaille en Italie et monte un spectacle autour de Sophocle.

Son fils Yegor, né en 1966, est également réalisateur.

Les nuits blanches du facteur

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