Winter Brothers_Extraits critiques
Winter Brothers

SYNOPSIS


Emil et son frère aîné Johan travaillent dans une carrière de calcaire dans une petite ville de l’est du Danemark. Emil est rejeté par ses collègues qui le trouve étrange, trop sensible et excentrique. Pour cette raison, il a tendance à s’isoler des autres. Son attitude intrigue sa voisine Anna, dont Emil est secrètement amoureux. Il est plus connu de la communauté pour l’alcool de contrebande qu’il produit grâce aux produits qu’il vole dans son usine. Quand un ouvrier tombe malade, tout le monde, et plus particulière- ment son patron, soupçonne Emil. Emil va peu à peu perdre la confiance de son entourage, et son frère va s’éloigner de lui.


Décidemment, le cinéma islandais a le vent en poupe. Le nouveau cinéaste à nous venir de cette île volcanique se nomme Hlynur Pálmason.

Même si son film a été tourné et coproduit au Danemark – centre névralgique du cinéma nordique–, on y retrouve une certaine imagerie qu’il partage avec ses compatriotes. Et comment ne pas trouver naturel leur goût pour des univers visuels si âpres et minimalistes de la part de personnes originaires d’un pays aux paysages rocailleux ? Pálmason n’est d’ailleurs pas un néophyte puisqu’il s’est précédemment fait connaître en tant que plasticien et a déjà signé plusieurs courts-métrages.

Ce qu’il parvient à rendre tangible dans son premier long- métrage est le trouble qui pèse dans les relations sociales au sein d’une communauté de mineurs pris dans un hiver très rude. Dès la scène d’ouverture, le réalisateur nous plonge dans un microcosme visuel et sonore terriblement étouffant. Cette atmosphère pénible, voire même sordide malgré la blancheur virginale des décors enneigés, c’est celle du quotidien d’Emil et Johan. Le plus jeune de cette fratrie, Emil, est un garçon asocial, un peu naïf, et pour qui le spectateur ne tarde pas à ressentir une certaine empathie malgré son com- portement anxiogène envers sa jolie voisine. On comprend aussi très vite que ce sympathique balourd n’est accepté par ses collègues que grâce à l’alcool frelaté qu’il prépare secrètement et leur vend sous le manteau. C’est aussi de là que viendront ses problèmes.

La façon très brute dont est filmé le mode de vie de ces ouvriers et le mépris impardonnable dont le contremaître de la mine fait preuve envers Emil, qui à côté de ça s’entraîne au fusil, laisse aisément présager vers quelle fin explosive se dirige le long-métrage. C’est ainsi que Pálmason pose les bases de ce qui semble être une inévitable montée de tension, avec laquelle il va jouer, non pas en filmant la violence de façon frontale, mais au contraire en focalisant sa caméra sur la quête d’affection d’Emil pour faire ressortir l’universalité du drame qui se noue sous nos yeux.

La photographie organique de Sigurður Guðmundsson et le mixage sonore immersif sont tous deux mis au profit d’un dispositif qui flirte à plusieurs reprises avec le surréalisme. En plus de l’exercice de style, la puissance émotionnelle donnée à un sujet aussi abstrait que le manque d’amour fonctionne avant tout grâce à la prestation impressionnante d’Elliott Crosset Hove. À l’inverse du personnage de Johan (incarné par Simon Sears) dont la mise en scène magnifie la beauté virile, Emil est présenté de la façon la plus dégradante qui soit, sans que son interprète ne le fasse sombrer dans la pure figure pathos. C’est grâce à cette retenue dans la dramatisation que le spectateur s’attache à lui, permettant au réalisateur de mieux jouer avec nos attentes et nos émotions via sa réalisation hors du commun.

Julien Dugois, aVoir-aLire.com

HLYNUR PÁLMASON

Né le 30 septembre 1984 à Hornafjörður en Islande, il commence sa carrière en tant qu’artiste visuel et s’oriente vers le cinéma en entrant à la Danish National Film School de Copenhague (École nationale de cinéma danoise). En 2012 il réalise A Day O Two (court-métrage).

Son film de fin d’étude, The Painter (2013), Prix du meilleur film à Odense et Reykjavík, est nommé à l’Académie danoise du cinéma. Son dernier court-métrage, Seven Boats (2014) est présenté à Toronto. Winter Brothers est son premier long-métrage et participe à sa première compétition à Locarno. Hlynur Pálmason vit en famille à Copenhague et travaille actuellement sur son second long métrage, A white, white day. En parallèle, il expose ses travaux artistiques et ses installations vidéo.












« J’ai travaillé avec Elliott pour la première fois dans The Painter, mon film de fin d’études, et je l’ai tout de suite beaucoup apprécié. Il était différent tous les jours, il apportait des éléments nouveaux à chaque fois. Je voulais donc qu’il soit le protagoniste de cette histoire sur le manque d’amour. Il a une personnalité très contrastée, entre une intensité extrême et une sorte d’ambiguïté, il fait aussi preuve d’une naïveté pure et fragile, que je trouve très stimulante. Il était présent lorsque j’écrivais le scénario, car je savais que je le voulais dans le rôle principal. Nous n’avons jamais parlé de ce que nous pensions, il jouait et je le suivais, ce qui nous a permis de développer de nouvelles choses. Cela donne un aspect plus organique au film »

Hlynur Pálmason, Dossier de Presse

Extraits critiques

Blod, il est nommé à la fois au Robert de l’Académie Danoise et au Bodil décerné par l’Association Danoise des critiques de films. Il joue aussi dans les séries Bron (saison 4) et Bedrag (saison 1). Il s’est établi une solide réputation dans le théâtre danois, a reçu le Prix Reumert 2017 (Meilleur talent de l’année) et le Prix d’interpréta- tion masculine à Locarno pour Winter Brothers.

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