Winter Brothers_Extraits critiques

Où le film a t’il été tourné ?

Le film a été tourné aux alentours d’une mine de calcaire et d’une vallée, près de la petite ville de Faxe au Danemark. Tout a été tourné dans environ 2km², ce qui nous a donné une grande flexibilité et un accès total à tous les décors 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Il fallait que nous puissions filmer chaque scène avec la météo et l’atmosphère adéquates. Les habitants et les employés de l’usine nous ont beaucoup aidés et ont participé en tant qu’acteurs.


Vous venez de l’art visuel. Comment cela vous a t’il influencé pour ce film ?

Je me considère comme un artiste qui travaille avec de l’audio et du visuel. Au fur et à mesure du projet, je réalise s’il va devenir un film, une installation vidéo, une peinture, une sculpture ou une série de photos. Je pense que certains projets ont tendance à se transformer en histoires plus longues et dans ce processus, lentement, elles commencent à s’exprimer sous forme cinématographique. J’aime bien travailler en parallèle sur différents projets et avec différents matériaux. La plupart du temps, ces projets s’alimentent les uns les autres d’une façon quasi-organique et dépassent ainsi leurs propres limites.


Aviez-vous déjà ces images en têtes avant de les écrire, ou les avez-vous écrites puis vues ?

Le cinéma, touche la vue et l’ouïe. Quand je plonge dans  le processus d’écriture, je commence à voir les images et à entendre les sons. J’écris et je développe mes scénarios sur place, tout est écrit pour un endroit précis. Je m’intéresse énormément à l’espace intérieur d’un film, c’est quelque chose qu’il faut entretenir pendant tout le cheminement d’un film. Je vois la création d’un film comme quelque chose de très fragile et mystérieux donc, plus j’approfondis le scenario, les personnages, l’endroit, plus j’essaye de laisser de la place pour que des choses se passent. C’est un processus ; l’émotion et la vue vont émerger au même mo- ment, tout est également important, le dialogue égal à l’image et l’émotion égale à la narration.


Le film a un design sonore très particulier. De quoi vous êtes-vous inspiré ?

Le son m’intéresse énormément, et ce dès les premiers stades de l’écriture. Il joue un rôle important dans la façon dont nous faisons l’expérience d’un film, c’est un fil conducteur de la narration. Il n’est pas simplement là pour accompagner le film, ni pour faire qu’une scène fonctionne ou ait l’air réaliste. J’aime que le son ne fasse pas exacte- ment la même chose que l’image. J’ai l’impression que le son est l’intérieur du film et l’image son extérieur.

Extraits critiques

Vous vivez entre le Danemark à l’Islande. Comment ces deux cultures et perspectives ont elles influencé votre travail ?

Je vis entre ces deux pays et tous deux influencent mon travail. Si je me divise en passé, présent et futur, mon passé est profondément enraciné en Islande. Je peux le voir clairement dans mes premières œuvres et mes actuels travaux, l’utilisation de poissons comme matière pour la sculpture ou l’utilisation répétitive de la forme ou de l’image du bateau et l’observation du processus de décomposition d’un cheval. Toutes ces choses explorent quelque chose de profondément connecté à mes racines, quelque chose qui a joué un grand rôle dans le façonnement de l’Islande au cours des derniers siècles.

Le présent est influencé par le temps que je passe ici au Danemark, mais également par la nostalgie de chez moi. Le futur est encore inconnu, mais est une des influences à l’œuvre dans mes visions et mes rêves. Je suis déchiré entre ces deux pays, que j’aime et déteste en même temps. Ça me plait de pouvoir y trouver un équilibre personnel et artistique.


Comment s’est déroulé le casting ?

On a commencé le casting en même temps que l’écriture et j’ai eu la chance de travailler avec les acteurs que j’ai choisis. La directrice de casting, Rie Hedegaard, a eu un grand rôle dans le déroulement de la distribution […]. Je recherche des choses très différentes dans chaque personnage. Certains, je veux simplement qu’ils soient là. D’autres doivent avoir la capacité d’aborder de longues scènes avec des dialogues difficiles. Mais en réalité, il s’agit de trouver l’humanité en chacun. J’ai trouvé mon personnage Emil, joué par Elliott Cros- set Hove, avant d’écrire le scénario. Ensemble, nous avons fait plein de trucs pendant la phase d’écriture et il a également travaillé sur une performance de Lou Reed avec la chanson préférée de notre personnage : Street Hazzle.


Le cinéma islandais a rencontré récemment de beaux succès internationaux. Comment Winter Brothers s’intègre t’il dans ce cinéma ?

Winter Brothers est mon premier long métrage, c’est une extension de mon travail antérieur. Il n’est pas surprenant que ce soit très différent du cinéma islandais ou danois vu dernièrement. Je crois que mon travail précédant allait déjà dans une autre direction, il était évident que j’explorais autre chose. Lorsque tu es totalement sincère dans ton travail, tu crées quelque chose d’unique. Je pense que c’est l’individu artiste, son tempérament et sa personnalité, qui confère la teinte et la vitalité du cinéma contemporain.

Par Stanislas Baudry

(Dossier de Presse, Arizona Distribution)

Propos du réalisateur