Bravo virtuose_Extraits critiques
Bravo virtuose

SYNOPSIS


Arménie. Alik, 25 ans, musicien d’exception, membre d’un orchestre de musique classique prépare un grand concert. Tout bascule quand le mécène de l’orchestre est assassiné. Par un concours de circonstances, Alik se retrouve en possession du téléphone d’un tueur à gage nommé “Virtuose”. Il saisit cette opportunité, endosse l’identité du tueur, le temps de sauver l’orchestre de la faillite et protéger celle qu’il aime. 


Une clarinette et un pistolet superposés forment un étrange objet hybride au bas duquel s’accroche un personnage tout petit au milieu d’une pluie de billets de banque. De part et d’autre de la verticale du corps-canon, en gros plans, deux visages plutôt sérieux, également beaux. Celui d’un jeune homme (Samuel Tadevosian) et d’une jeune femme (Maria Akhmetzyanova). Derrière eux, un paysage sauvage blanchi, estompé, barré par des montagnes. C’est ce qu’on voit sur l’affiche du film de Lévon Minasian : Bravo virtuose. Et tout y est ! la musique, le polar, le burlesque, la comédie sentimentale, l’Arménie en toile de fond. Pourtant le film arrivera encore à nous surprendre par ses changements de registres, ses partis-pris facétieux, sa liberté de ton et de style(s).

 

Dans l’Arménie post soviétique livrée au capitalisme sauvage, la musique classique vue comme l’expression de « l’Europe pédérastique » n’est pas très soutenue. Or Alik est clarinettiste dans un orchestre de chambre. Fils de héros tués en 1993, pendant la guerre du Haut-Karabagh, il a été élevé par son grand-père, ancien professeur au Conservatoire, dans la rectitude et l’exercice de l’Art d’Euterpe. Il prépare avec son orchestre dont tous les membres exercent d’autres boulots pour survivre, un grand concert. Las ! L’administrateur se barre avec la caisse et le mécène qui finançait le projet est malencontreusement assassiné. Faute d’argent tout va être annulé. C’est alors que les scénaristes imaginent l’improbable romanesque si jouissif ! Par un concours de circonstances, Alik virtuose de la clarinette, récupère un téléphone – rouge, bien sûr- et endosse l’identité de son propriétaire, un tueur à gages maestro du meurtre, et surnommé pour cette raison : Le Virtuose. « Le sublime ne se construit pas sur le répugnant » lui affirme son grand père mais voilà notre « gentil » entraîné dans le monde des « très méchants » par un engrenage tout aussi virtuose.

 

Sur son chemin, il rencontre Lara au prénom pasternakien, petite sœur de l’Uma Thurman de Pulp fiction, semblant sortir d’une BD érotique des années 80, fillette persécutée d’un ancien conte slave ou vénéneuse belle-fille gothique d’un dangereux mafieux. Il boit de l’Orgamus cocktail servi par un barman mutique et effrayant. Croise un SDF médaillé, débris d’un passé révolu et d’horribles bonhommes ventripotents se considérant comme les héros du présent et qui, même réunis dans l’or du tableau de la Cène ne sont les Apôtres que de la violence, du fric et du mépris. Lévon Minasian parle de la perte des valeurs humanistes et des codes moraux en jouant sur les codes génériques. On pense, référence involontaire ou non à La mort aux trousses d’Hitchcock pour la clarinette et l’usurpation d’identité par temps de guerre froide. Le jeune réalisateur convoque l’Histoire, l’histoire du Cinéma, la Peinture et surtout la Musique dans une partition tout en ruptures servie par deux musiciens contemporains : le pianiste de jazz Tigran Hamasyan et Michel Petrossian qui a conçu comme un véritable personnage, le Concerto pour clarinette et orchestre joué par la formation d’Alik, et interprété par Philippe Berrod. On connaît mal le cinéma arménien et il faut remercier Robert Guédiguian d’avoir produit Bravo Virtuose. Un premier film brillant, joyeux, tonique et audacieux.


Élise Padovani, Zibeline

LEVON MINASIAN

Originaire d’Arménie, Lévon Minasian (48 ans), nourri de cinéastes soviétiques tels que Paradjanov, Péléchian, German, Mikhalkov ou Tarkovski, a voulu faire du cinéma depuis son plus jeune âge. Tour à tour comédien en Arménie, scénariste en France, metteur en scène en Russie, sa détermination n’a jamais fléchi, au-delà des langues, des cultures qui se croisent en lui, il est animé par la passion des images et des belles histoires.

Il a écrit et réalisé des courts-métrages, notamment les très remarqués Lux aeterna et Terra emota, sélectionnés dans plus de 70 festivals dans le monde, Le Piano qui a participé à plus de 80 festivals et a obtenu une trentaine prix et L’homme de l’île Sanswich, primé une dizaine de fois, sélectionné dans plus de 50 festivals à travers le monde.


Il a écrit et réalisé des courts-métrages, notamment les très remarqués Lux aeterna et Terra emota, sélectionnés dans plus de 70 festivals dans le monde, Le Piano qui a participé à plus de 80 festivals et a obtenu une trentaine prix et L’homme de l’île Sanswich, primé une dizaine de fois, sélectionné dans plus de 50 festivals à travers le monde.

 

Son premier long-métrage Bravo Virtuose, produit par Robert Guédiguian, est sorti sur les écrans en France le 14 février 2018. Le film a déjà obtenu de nombreux prix, entre autres, Grand Prix FIFOG d’Or au Festival International du Film Oriental à Genève (Suisse), Ibis d’Or Prix du Public au Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule (France,) L'Anello d'Oro Meilleur Film à Ravenna Nightmare Film Festival (Italie).


















Il remporte le prestigieux prix théâtral Artavazd (le « Molière » arménien) dans la catégorie "Meilleur jeune acteur", un Anahit de l’Académie du Cinéma d’Arménie (le César arménien) dans la catégorie « Meilleur acteur », ainsi que le Prix d’interprétation au Festival international du film Golden Apricot d’Erevan

Extraits critiques

Samvel Tadevosian

L’acteur principal


Acteur de théâtre, de cinéma et de télévision.

Metteur en scène.


 Né à Erevan le 6 juin 1993, il étudie à l’École Nationale du Théâtre et de la Cinématographie d’Erevan, d’où il est renvoyé pendant son tournage dans un film.

Metteur en scène de théâtre, il a déjà mis en scène trois représentations dont un ballet, un mono-spectacle qu’il a aussi interprété, et sa dernière création, Matrie, dont la première a eu lieu en novembre 2018.

Bravo virtuose