Le temps des forets_Propos du réalisateur
Le temps des forets_synopsis

Ce documentaire engagé a le mérite de donner la parole à toutes les parties, et donc aussi aux partisans de la sylviculture intensive. On découvre dans le film les revers sociaux et environnementaux de ce modèle d’exploitation, qui favorise notamment les espèces de résineux plus rentables : pin maritime dans les Landes et pin Douglas dans le Limousin et le Morvan.

 

Ces monocultures mettent en péril la biodiversité de la forêt française : elles conduisent en effet à pratiquer des coupes rases de plus en plus fréquentes, qui nuisent à sa régénération naturelle. Inexorablement, la forêt disparaît pour laisser place à des friches évoquant une scène de bombardement. En outre, les bûcherons d’hier ont été remplacés par des engins énormes de quelque 20 tonnes, qui provoquent des glissements de terrain quand ils opèrent sur les pentes. D’où la pollution des cours d’eau et l’appauvrissement des sols par retournement et tassement.

EXTRAITS CRITIQUES

Enfin, le film nous montre que la France se trouve menacée non de déforestation comme le Brésil mais de « mal forestation ». « Quelle forêt voulons-nous demain ? interroge le réalisateur, François-Xavier Drouet. Un champ d’arbres artificiel ou un espace naturel vivant ? »

 

Le Journal minimal, Luc Tribel

Conscient des problématiques environnementales qu’impliquent le sujet traité, le réalisateur souhaite remettre en cause quelques poncifs que le discours public et médiatique semble ruminer sur la question forestière : depuis le XIXe siècle, la surface de la forêt française ne cesse de s’accroître. Derrière cet accroissement continu de la surface, il reste important de se questionner sur la qualité de ces nouveaux espaces boisés. Ainsi, à l’image de la nutrition, la gestion forestière en France, et plus généralement dans les pays développés, doit faire face à des problèmes de mal-forestation plutôt qu’à des problèmes de déforestation. Le débat forestier ne doit pas être simplifié à une question binaire où la forêt existerait lorsque des arbres sont debout, et où elle n’existerait pas lorsque les arbres sont absents. (…)

 

Nous comprenons rapidement que le débat sur les forêts est complexe et qu’il ne peut se résumer à l’opposition : "présence d’arbres" contre "absence d’arbres". Pour nous éclairer et comprendre les multiples enjeux qui se cachent derrière ce débat, les acteurs de la filière sont interrogés, en présentant chacun leurs actions et leurs points de vue. Cependant, alors que l’objet premier du film est de remettre en cause l’analyse binaire présentée précédemment, les sujets choisis semblent recréer un manichéisme combattu ailleurs. Les acteurs mobilisés pour une gestion durable de la forêt font face aux acteurs répondants aux logiques d’une sylviculture ultra-mécanisée et globalisée. D’un côté, le forestier passionné regrettant un mode de gestion pluriséculaire soucieux de la biodiversité et d’un autre, l’industriel parisien en costard cravate à la botte des entreprises multinationales américaines. Soit un David contre Goliath de la gestion des forêts. Dans chacune des régions présentées, les postures sont identiques. On remplace l’accent landais par l’accent vosgien mais l’histoire, les combats restent les mêmes.

 

Sens critique, DrCell

 

Ainsi va ce film, d’images en paroles. Sans pathos, sans grande démonstration. Il met à la disposition du spectateur les pièces du procès. C’est du cinéma, pas un pamphlet, mais par là, combien plus efficace.

 

L’Humanité, Emile Breton 

Vulnérable, la forêt devient peu à peu dépendante de l’agrochimie : les sylviculteurs doivent désormais déverser sur les friches devenues stériles des engrais chimiques et des pesticides pour que les jeunes pousses d’arbres puissent se développer ! Et voilà comme on boucle la boucle pour Monsanto-Bayer…

Outre le prix des intrants, il faut dans ce modèle acheter ces abatteuses qui valent des fortunes car il s’agit de produire très vite du bois standardisé en masse. Place donc aux résineux qui poussent facilement. Et à des engins comme la John Deere, la 1270G, moteur 6 cylindres turbocompressé refroidi par air qui vous abat et dépiaute un arbre en moins d’une minute chrono. Et vive l’endettement paysan : avec l’engouement pour ces nouvelles machines, les banquiers agricoles doivent aussi se frotter les mains…

PROPOS DU REALISATEUR

SYNOPSIS