Le Grand Bal_Propos de la réalisatrice
Le Grand Bal_Synopsis

Accro aux bals traditionnels depuis son adolescence, Laetitia Carton capte magnifiquement les corps-à-corps des danseurs et l’ivresse du mouvement. Chaque année, deux mille personnes débarquent dans ce festival unique: le Grand Bal de l’Europe, à Gennetines, dans l’Allier. Durant une semaine, hommes et femmes de toutes générations y dansent la scottish, la polka et la bourrée. Nuit et jour, sous de grands chapiteaux, ils tournent au son de chansons traditionnelles ou d'Etienne Daho et de Dominique A, vibrent au rythme des tambourins, de la vieille et de l'accordéon, s'enlacent et sautent à en faire trembler les parquets. Quant aux débutants, ils peuvent s'initier à la mazurka ou à la pizzica avec des professeurs. Ce film à l’énergie communicative restitue toute la magie d’une parenthèse chorégraphique.

Télérama, Emmanuelle Skyvington

II y a des films contagieux qui donnent envie, une fois la salle quittée, de vivre dans leur sillage lumineux… Le Grand Bal appartient à cette catégorie précieuse qui ouvre plus grand les horizons de nos existences. On en sort avec un irrépressible désir de danser. Le virus a été inoculé à Laetitia Carton par sa grand-mère. Il a proliféré lors d’un premier bal traditionnel dans une grange d’Auvergne, puis au Grand Bal de l’Europe, à Gennetines dans l’Allier. Sur les parquets, les univers musicaux glissent d’un pays à l’autre. Mazurka, scottish, valse, polka, pasodoble, etc. On s'invite, on se dévisage et on s'envisage. Mais tout va au-delà du jeu de séduction. En cercle, à deux, en ligne, on se met à l'unisson. La cinéaste n'idéalise pas la danse, synonyme aussi de «de ne pas être choisi, jalousie face à des danseurs plus gracieux».

Et puis parce que, même au Grand Bal, il n’y a pas que la danse, le documentaire nous en dévoile les coulisses, les «œufs» d’après fête, les confidences sur un canapé. Des pauses brèves. Vite, il faut se jeter à nouveau dans le tourbillon où le spectateur se prend à vouloir suivre les danseurs.

La Croix, Corinne Renou-Nativel

EXTRAITS CRITIQUES

On danse sept jours de rang, de 10 heures à 6 heures du matin, avec une succession bien menée d’ateliers, bals, puis «œufs». À cette heure-là, ne restent plus que les jeunes, les autres ont succombé, fourbus. À Gennetines, on danse sur une dizaine de parquets répartis dans la nature. Cinq cents musiciens se relaient pour jouer, deux mille personnes montent leur tente dans les champs alentour et se lancent sur la piste.

Fan de bals, Laetitia Carton a voulu y planter sa caméra, pendant les sept jours de l’été 2016. Elle le fait avec une infinie délicatesse, attentive à cerner ce vertige de la danse. Un besoin essentiel qu’elle dégage et dont elle étudie les mille temps. La caméra vire et volte, comme les sentiments des danseurs que la réalisatrice passe à la question. Que procure le plaisir de la danse? Danse-t-on pour que cela soit beau? Pour accrocher le regard des autres? Avec qui danser? Comment se faire inviter? Parle-t-on avec son partenaire? Pleure-t-on de trop danser ou de ne pas danser? Comment vivre la douleur de ne pas savoir danser ou de faire tapisserie? Comment embrasser le bonheur de transmettre? Depuis quand une femme peut-elle guider un homme?

Le Figaro, Ariane Bavelier

Laetitia Carton filme le Grand Bal non pas comme une observatrice extérieure, mais comme une cinéaste qui a d’abord été contaminée par la manie dansante, avant de décider d’en faire un documentaire. Le point de vue est moins celui de l’œil que celui d’un corps qui frémit, s’impatiente de rejoindre la piste de danse. Voilà pourquoi la cinéaste choisit le plus souvent de fixer sa caméra au milieu du parquet et des danseurs: pour nous faire participer, pour qu’on sente les corps nous frôler depuis notre siège.

Très vite, on comprend que les festivaliers viennent chercher ce que la société n’offre pas: assouvir leur soif d’être touché et de toucher, l’invitation à danser d’un inconnu qui peut être indifféremment homme ou femme, jeune ou vieux, une joie collective qui se passe de mots, et, comme le dit bien Laetitia Carton en voix off, le sentiment d'un abandon, d'une déprise de soi. Les images sont éloquentes, car tout se lit à la surface des corps: l'euphorie, l'épuisement, le désir. Une grande sensualité se dégage du Grand Bal, si bien que, même s'il n'est jamais évoqué frontalement, le désir règne en maître sur le festival.

Le Monde, Murielle Joudet

PROPOS DE LA

REALISATRICE

SYNOPSIS