On l'appelait Roda_Synopsis
On l'appelait Roda_Propos de la réalisatrice

EXTRAITS CRITIQUES


Homme de l’ombre, discret, Étienne Roda-Gil, qui se définit comme "poète de l’industrie", c’est-à-dire homme de mots communiquant avec le public par le disque, rejaillit toutefois entier. Toujours fidèle à ses origines, anarchiste dans les gênes, il parvient à partager sa fibre par des canaux, des chanteurs que l’on n’attendait pas forcément (Claude François, Julio Iglesias). Ses interprètes eux-mêmes ne s’en rendent pas toujours compte, sans parler de son public. Mais son discours reste constant, fidèle à lui-même.

Issu d’une famille catalane réfugiée en France après la guerre d’Espagne qui vit la défaite des Républicains face aux franquistes ; né dans un camp de réfugiés à Montauban, Etienne Roda-Gil gardera pour toujours ses racines. Elles sont inscrites dans ses paroles qu’il écrit pour les chanteurs du moment, mais chez lesquels il sent une sensibilité réceptrice. Dès 1968, cela sera au premier rang Julien Clerc qu’il découvre à la Sorbonne, venu voir ce qui se passait dans le milieu estudiantin de l’époque…C’est cette transmission que traduisent les entretiens qu’il accorda à Charlotte Silvera à la Closerie des Lilas, son QG de Montparnasse. Des entretiens réunis dans ce beau documentaire, d’où ressort toute la personnalité, l’enthousiasme, la ferveur de l’auteur Roda-Gil. Comment la traduire autrement qu’à travers ses mots, ses paroles, toujours la clope au bec, cigarette sur cigarette, avec ses addictions qui lui seront fatales pour disparaître à 62 ans. Trop tôt, alors qu’il avait tant encore à dire.

Jacky Bornet, France Info culture

 

Personnage haut en couleurs, il est le seul parolier dont le nom et même le visage deviennent célèbres sans qu’il ne monte jamais sur scène. Sa haute taille, sa tignasse blanche, ses cigarettes qu’il fume sans discontinuer, ses grandes phrases tranchantes jetées avec une emphase de prince guerrier, rien chez lui ne laisse indifférent. Étienne Roda-Gil ose ce que personne n’a osé encore en France : triompher par les méthodes les plus ouvertement commerciales de la variété tout en confessant avec force des idées souvent à la gauche de la gauche. (…) Roda-Gil est considéré par le métier comme le plus sûr artisan du succès et peut se permettre de choisir lui-même pour qui il travaillera. Et il est vrai qu’il connaît peu d’échecs commerciaux, malgré des créations parfois fantasques, hors de toute norme courante. Mais il sait toucher le public, tantôt par l’extrême simplicité, tantôt par des sophistications inattendues. Et le résultat est là : jamais peut-être la mort d’un parolier n’aura autant touché les Français.

Bertrand Dicale, RFI musique


6Il est appréciable que de grands artistes tels que Julien Clerc, Vanessa Paradis ou Roger Waters (Pink Floyd), s’effacent durant leurs témoignages au profit de Roda, devenant quasiment ses faire-valoir d’une manière touchante. (…)

La véritable rugosité entourant Roda (…) se matérialise dans le formidable travail sur l’image effectué par Charlotte Silvera et ses différents opérateurs. Tandis que les chanteurs et les compositeurs sont filmés, statiques, dans des espaces aux couleurs chaleureuses, éclairés par des projecteurs, Roda, quant à lui, s’offre en partage dans une mise en scène des plus modestes. En effet, l’absence d’éclairages additionnels pour le magnifier et une moindre qualité vidéo lors de ses entretiens, mettent l’accent sur l’homme avec intimisme et suivent ses mouvements. Ainsi, le grain de l’image colle à la voix infiniment rauque de celui qui a écrit pour les autres, tapi dans la demi-pénombre de son antre ou sur le velours terne des banquettes de La Closerie des Lilas. La réalisatrice nous rappelle ainsi qu’aux fastes de la Cour, Étienne Roda-Gil a toujours opposé et revendiqué son ascétisme. (…)

Les différents entretiens avec Roda s’enchaînent, passant d’une idée à une autre, ponctués par des images d’archive – rares plateaux télévisés, cérémonie des victoires de la musique – ou des témoignages d’artistes. Plutôt que de se perdre dans le propos ou les temporalités, c’est une forme d’intemporalité que l’on peut y voir, une liberté de ton et de parole à l’image de Roda-Gil, sa carrière et sa vie durant.

Valentin Ribas, CineChronicle

SYNOPSIS

PROPOS DE LA REALISATRICE