Midnight traveler_Synopsis
Midnight traveler_ Propos du réalisateur

EXTRAITS CRITIQUES

Document passionnant et précieux, Midnight Traveler raconte avec beaucoup d’humanité et d’émotion, ainsi qu’un sens aigu du récit et de la mise en scène, la réalité tangible de ces grands voyages clandestins vers l’Europe.

Bande à part, Pierre Charpilloz


Souvent déchirant, notamment lorsque la famille se heurte au racisme et au rejet des populations locales, mais aussi d’une beauté fulgurante dans la façon qu’il a de montrer que la vie, les liens d’amour qui unissent cette famille, résistent à tout, Midnight Traveler rompt avec l’esthétique et la portée des reportages journalistiques et témoigne de l’incroyable courage des migrants.

Les Inrockuptibles, Bruno Deruisseau

C’est un documentaire de «vie» contre la faim, la fatigue, la maladie. Midnight traveler est l’histoire d’un couple de cinéastes qui fuit l’Afghanistan avec ses deux filles, et filme son voyage en enfer grâce à trois téléphones portables. Alors que la tendance est à la perfection visuelle et sonore, notamment pour filmer des parcours de migrants, un film comme Midnight traveler doit convaincre que la beauté du cinéma n’est pas du tout égale au simple rapport de beauté entre une image associée à un son, et qu’en matière de film sur la détresse des hommes, tout ce qui peut décorer, édulcorer ou magnifier une réalité sordide est périlleux. Ici, nul besoin d’apparat, c’est l’échange des regards entre Hassan, sa femme Fatima et leurs deux filles qui compte.

Analyses, Jules Berg

C’est certes un documentaire sur la migration d’individus partant d’une région du monde (l’Afghanistan) pour une autre (l’Union européenne), sur le sort des réfugiés, des migrants, des demandeurs d’asile, mais de cela c’est tellement l’évidence que ce serait réducteur et partiel de ne le regarder qu’ainsi. Car, vraiment, ce qui ressort du travail narratif de Hassan Fazili, et ce qui demeure après la projection, ce sont sa femme et ses deux filles. Le parcours migratoire de sa famille, le cinéaste a décidé de le raconter par elles, par les trois femmes de sa vie. Il s’est effacé pour les laisser, elles, occuper le plus d’espace possible à l’écran. (.) C’est également, en filigrane, un film sur le courage et la difficulté, non d’être «ée» (le mot n’est jamais prononcé), mais de ne pas être religieux, d’être, comme il est dit à au moins deux reprises dans le documentaire, des gens «d’esprit» (une autre façon de le dire quand on ne préfère pas fâcher les croyants). Oui, lors de deux discussions entre mari et femme (elle-même est également réalisatrice), cette expression pudique – cet euphémisme – revient avec une telle insistance qu’elle ne peut être anodine. Cela rappelle la réticence physique, étouffante, de Fatima lorsqu’elle est obligée de porter une burqa au début du film afin de voyager—c’est ironique— plus «». Cela s’illustre également par ce que raconte M.en commentaire sur la longue lignée de Mollahs dont il est issu – et de laquelle il s’est extrait pour s’en émanciper. (…) La question religieuse est bien sûr la cause de leur départ vers l’Europe. (…) Ce cinéaste afghan veut donc ici rappeler combien la décision qu’il a prise, par les moyens du cinéma, de critiquer l’idéologie religieuse de ce mouvement armé a été un acte courageux et indirectement suicidaire par conséquent, et de redire qu’à l’heure actuelle cette critique faite à leur encontre par des gens «d’esprit» comme lui et sa femme est impossible, et mène fatalement, tragiquement, à la fuite, à l’exil. C’est bien sûr un documentaire particulièrement important pour saisir, pour vivre par procuration en l’occurrence, l’expérience concrète, quotidienne, des réfugiés partant pour notre continent. Des milliers de sujets vidéos, des reportages radio ou télévisuels à foison et quelques grands documentaires se sont évertués, sous toutes les formes, sur tous les tons, à témoigner des «de l’exil».  Mais cette réalité nous apparaît souvent de manière parcellaire, fragmentée, par «» de vie, d’étape, de situation géographique, territoriale et narrative quasi découpés. Alors qu’avec ce documentaire, nous est donné la possibilité de voir tout cela du début à la fin, de A jusqu’à (presque) Z. (.) Rares, semble-t-il, sont les films qui ont éussi cette «» de témoigner de toutes les étapes listées plus haut, de coudre ensemble toutes les étoffes de ce vécu, afin d'être des récits complets sur le sujet.

Le Blog Documentaire, Benjamin Genissel

Synopsis

Propos des réalisateurs