Donbass
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Serge LOZNITSA


Sergei Loznitsa est né en Biélorussie en 1964 mais grandit à Kiev en Ukraine. Il obtient en 1987 un diplôme de mathématiques appliquées à L’école Polytechnique de Kiev puis travaille ensuite comme chercheur à l’Institut de Cybernétique de Kiev, spécialisé dans l’intelligence artificielle. Parallèlement à son activité principale, Loznitsa est traducteur de japonais en russe et développe un vif intérêt pour le cinéma. En 1997, il est diplômé de l’Institut National Russe de cinéma, à Moscou, où il étudie la réalisation.

Depuis, il a réalisé 18 documentaires primés à travers le monde et 3 films de fiction, tous présentés en compétition au festival de Cannes (My Joy en 2010, Dans La Brume en 2012, Une Femme Douce en 2017). Donbass, son quatrième long métrage de fiction, a fait l’ouverture de la section Un Certain Regard au festival de Cannes 2018 et reçu le Prix de la Mise en Scène.

En février 2022, il quitte l'European Film Academy, estimant que la réaction de cette dernière face à l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe est trop faible; Sergeï Loznitsa est exclu quelques semaines plus tard de l'Académie cinématographique ukrainienne, qui lui reproche son «de loyauté» et son «cosmopolitisme».

Ses films documentaires, parfois à la lisière de l’expérimental, représentent une «é confrontée à des bouleversements économiques, sociaux et politiques de grande ampleur», comme l'a souligné Télérama, peignant ainsi le délitement moral de la Russie. Son sens du paysage, la rigueur de ses partis-pris de mise en scène ainsi que ses audaces narratives ont souvent été remarqués par la critique.

D’après Wikipédia et Dossier de presse


Pour décrire cette guerre à la fois civile et internationale, Loznitsa laisse libre cours à sa colère, à la répugnance que lui inspirent les forces qui œuvrent à la partition, au risque de déconcerter le spectateur non averti par la violence univoque de son expression. C’est en tant que documentariste que le cinéaste a chroniqué la révolution ukrainienne. Il aurait été trop risqué pour lui de tourner dans les régions tenues par les partisans de l’union avec Moscou. En Crimée, autre région ukrainienne passée sous contrôle russe, son collègue Oleg Sentsov a été condamné à vingt ans de bagne, qu’il purge en Sibérie. C’est donc à la fiction que Sergei Loznitsa a eu recours pour raconter les deux premières années du conflit, 2014 et 2015. Changeant de mise en scène à chaque séquence, du pastiche de reportage télévisé au pur film de guerre, en passant par la comédie grotesque, le cinéaste semble n’avoir d’autre fil conducteur que son inébranlable pessimisme, qui confine à la misanthropie.

Le Monde, Jacques Mandelbaum

Dans son nouveau film, présenté en ouverture d’Un Certain Regard à Cannes, le cinéaste ukrainien a voulu filmer l’absurdité de la guerre civile qui ravage son pays. Depuis la crise de mars 2014, marquée par la chute du président Viktor Ianoukovitch et l’annexion de la Crimée par la Russie, la région du Donbass, à l’Est de l’Ukraine, est en effet aux mains de séparatistes pro-russes. Ayant proclamé la République populaire de Donetsk, ceux-ci sont en guerre ouverte avec le gouvernement ukrainien officiel, dirigé, selon eux, par des "fascistes". Observateur très critique des turpitudes de la société russe, Loznitsa poursuit ici sa critique radicale, en s’attachant à dépeindre l’enfer dans lequel est tombé le Donbass sous influence de Moscou. Et ce, à travers treize petites histoires qui s’enchaînent et se répondent pour décrire l’absurdité de cette guerre. Sept de ces histoires sont directement inspirées de scènes repérées par le cinéaste sur YouTube. Ce que dénonce Loznitsa dans Donbass, c'est en effet la manipulation de l'information organisée à grande échelle par les autorités pro-russes, via la télévision mais aussi les réseaux sociaux.

La Libre Belgique, Hubert Heyrendt


Sergei Loznitsa, né en Ukraine, s’était déjà penché sur la situation de cette république en adoptant un point vue critique vis-à-vis de Moscou. Maidan, sorti en 2014, était un documentaire sobre et incisif qui relatait les effets d'un rassemblement populaire réclamant un pouvoir central indépendant des autorités russes. Une femme douce, librement inspiré de Dostoïevski, n'abordait pas directement le problème mais se présentait comme un brûlot implicite contre le pouvoir de Poutine. Le premier intérêt de Donbass est de ne pas s'enfermer dans un seul genre, le matériau fictionnel étant enrobé d'une forte tonalité documentaire.

Loznitsa a par ailleurs voulu adopter une narration à la fois dramatique et bouffonne. Dans cette région du nord de l’Ukraine occupée par des gangs divers, un conflit a toujours lieu entre l’armée ukrainienne, appuyée par des volontaires, et des groupuscules séparatistes soutenus par les forces de combat russes. Le réalisateur a voulu cerner le chaos qui en a résulté, insistant sur l’agressivité, le déclin et la désagrégation à la base des nouveaux rapports sociaux. Dès lors, la structure en épisodes va permettre de cerner la pluralité de comportements absurdes et déviants. Si les situations malsaines et gênantes s’enchaînent pendant deux heures, le réalisateur a recours à l’humour grotesque non pas pour les tempérer mais pour en accentuer l’énormité, à l’image de cette scène de mariage qui évoque l’univers de Fellini...

Avoiralire.com, Gérard Crespo


Avertissement: des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs


Dans une caravane, des figurants se font maquiller et attendent qu’on les appelle. Une responsable les emmène entre de petites baraques et, alors qu’un bus explose, leur demande de courir. Ils se retrouvent ensuite à témoigner de ce carnage, tels de vrais civils, devant les caméras de télévision. Nous sommes dans le Donbass, à l’Est de l’Ukraine, et le secteur est en état de guerre civile...

SYNOPSIS

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Extraits critiques