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JASON REITMAN

Jason Reitman est un réalisateur, producteur et scénariste canadien, né le 19 octobre 1977 à Montréal.


Il est le fils du réalisateur et producteur torontois Ivan Reitman et de la comédienne québécoise Geneviève Robert. Sa famille a quitté Montréal pour Los Angeles quelques mois après sa naissance. Jason entre dans le bain du cinéma très jeune en faisant quelques apparitions dans les films réalisés par son père comme Jumeaux, SOS Fantômes 2, Un flic à la maternelle et Président d’un jour. Reitman est diplômé de la Harvard-Westlake School en 1995 et est aussi diplômé en anglais, création littéraire à l'Université de Californie du Sud.


Après ses études, il réalise de 1998 à 2004 six courts métrages. En 2004, il est révélé au grand public par Thank You for Smoking, film sur le thème des lobbies – en particulier celui du tabac – avec Aaron Eckhart (nommé comme meilleur acteur aux Golden Globes). Le film est un succès commercial et critique.

Il réalise ensuite Juno, en 2007, Oscar du meilleur scénario aux 80e Oscars du Cinéma, qui révèle le jeune acteur canadien Elliot Page (et où Ellen Page est nommée pour l'Oscar de la meilleure actrice, finalement gagné par Marion Cotillard). En plus de connaître un succès critique comme son prédécesseur, le film obtient un énorme succès commercial, engrangeant plus de 230 millions de dollars dans le monde. La même année, il réalise deux épisodes de la série The Office.

En 2009, il réalise son troisième long-métrage, In the Air, avec George Clooney dans le rôle d'un spécialiste du licenciement, qui devait être à l'origine son premier long-métrage. Le film obtient des critiques positives et une pluie de récompenses, notamment le Golden Globe du meilleur scénario et de nominations.

En 2011, il retrouve la scénariste Diablo Cody pour la comédie dramatique indépendante Young Adult, portée par la star Charlize Theron dans le rôle d'une quadragénaire divorcée retournant dans sa ville de province d'origine pour tenter de séduire son amour de jeunesse, père de famille. Les critiques sont positives et Theron est nommée au Golden Globe de la meilleure actrice.

Le réalisateur passe à un projet véritablement dramatique pour son cinquième long-métrage, Last Days of Summer, une adaptation du roman Labor Day, dont il confie les rôles principaux à Kate Winslet et Josh Brolin. Cette fois, les critiques sont médiocres, et le film rembourse à peine son budget, lors de sa sortie en 2013. Le réalisateur poursuit pourtant l'année suivante dans cette veine avec le film choral Men, Women and Children, qui parle du rapport aux écrans et à la sexualité dans la classe moyenne supérieure américaine. Le couple central est incarné par Adam Sandler et Jennifer Garner. Le film est considéré comme un flop critique et commercial.


Il faut attendre quatre ans pour voir le réalisateur dévoiler deux projets successifs: tout d’abord la comédie dramatique Tully, qui reforme son trio avec Diablo Cody et Charlize Theron cette fois dans le rôle d'une mère de famille de classe moyenne dépassée par ses trois enfants, qui finit par recruter une nounou. Ce retour aux sources permet au cinéaste de retrouver une excellente presse et Theron une nouvelle nomination aux Golden Globes.

En revanche, la sortie à la fin de l’année 2018 du drame politique The Front Runner, porté pourtant par Hugh Jackman, passe inaperçu.

Le réalisateur s’attelle à l’écriture et à la réalisation de son premier projet de studio, SOS Fantômes: L’Héritage, suite de SOS Fantômes (1984) et SOS Fantômes 2 (1989), deux classiques de la comédie fantastique mis en scène par son père, Ivan Reitman. Le blockbuster sort en 2021.


D’après Wikipédia et Marc Cassivi, La Presse

«Tully» : la nounou au chevet de Charlize Theron


Le réalisateur Jason Reitman met en scène une jeune fille qui transforme une maternité compliquée en conte de fées.

Quand les acteurs se transforment, il est d’usage que ce soit pour une cause sortant de l’ordinaire. […] Charlize Theron s’est enlaidie pour toucher à la réalité d’Aileen Wuornos, la meurtrière de Monster (2003). Quinze ans plus tard, elle mue à nouveau, cette fois pour être une femme comme on en croise chaque jour, une mère de famille qui perd pied. Ce n’est pas une petite affaire pour un mannequin qui n’a pas tout à fait abandonné sa profession d’origine […]. Marlo, la jeune femme épaissie par la grossesse dans Tully, prendra place aux côtés de rôles spectaculaires, hissée à ce rang par son interprète, mais aussi par le travail délicat et énergique du duo Jason Reitman (réalisation) – Diablo Cody (scénario).


Soutien paternel limité


On découvre Marlo comme à travers une eau trouble dans laquelle elle se débat sans jamais arriver à remonter à la surface. Mère de Sarah, petite fille sérieuse, et de Jonah, un enfant aux «spéciaux», selon l’expression en usage aux états-Unis, dont le trouble reste hors d’atteinte des médecins, Marlo est enceinte d’un troisième enfant.

Le secours que lui apporte son compagnon Drew (Ron Livingston) est limité à un pourcentage soigneusement calculé des tâches ménagères et parentales qui, une fois atteint, autorise le patriarche à se réfugier dans la chambre conjugale où il se consacre à l’extermination de ses adversaires dans un jeu vidéo.

Aussi sympathique que soit la physionomie de Ron Livingston, cette figure paternelle tiendra le rôle du méchant dans cette histoire qui ne va pas rester banale. C’est par le mâle du foyer qu’arrive le malheur.

Après la naissance de Mia, Marlo finit par accepter la proposition, initialement refusée, que lui avait faite son frère, un parvenu sympathique (Mark Duplass): il s’est engagé à payer les services d’une nounou de nuit, qui viendra chaque soir s’assurer que Marlo et Mia parviennent jusqu’au matin fraîches et reposées. C’est ainsi qu’un soir Tully (Mackenzie Davis) apparaît sur le seuil de la maison de Marlo.

à partir de ce moment, la chronique quotidienne de la maternité, teintée de sarcasmes et de colère (une autre recette de la maison Cody), devient une espèce de conte de fées. Tully prend en main non seulement l'intendance mais aussi la psyché fêlée de son aînée. Jason Reitman prend un plaisir évident à arranger le duo entre les deux actrices, la star qui s'est délibérément ternie, l'étoile ascendante qui brille de sensualité et d'amour. Tully, c'est une Mary Poppins alternative, l'irruption des charmes et des sortilèges dans le quotidien le plus pesant. Son pouvoir curatif impressionne.


Retournement final


Restait à faire tenir dans le même espace imaginaire ces deux dimensions a priori incompatibles. Le retournement final imaginé par Diablo Cody, et la façon dont Jason Reitman le met en scène, propose un modèle de sidération douce. Il ne s’agit pas de mettre à l’envers l’esprit du spectateur mais de l’accompagner dans sa rêverie, autour d’un sujet si banal qu’on n’y accorderait guère d’attention si une star n’avait pas pris une douzaine de kilos pour le porter.


D’après Thomas Sotinel, Le Monde

SYNOPSIS

Marlo, la petite quarantaine, vient d’avoir son troisième enfant. Entre son corps malmené par les grossesses qu’elle ne reconnaît plus, les nuits sans sommeil, les repas à préparer, les lessives incessantes et ses deux aînés qui ne lui laissent aucun répit, elle est au bout du rouleau.

Un soir, son frère lui propose de lui offrir, comme cadeau de naissance, une nounou de nuit. D’abord réticente, elle finit par accepter. Du jour au lendemain, sa vie va changer avec l’arrivée de Tully…

Extraits critiques

Tully