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Samuel THEIS


Né en 1978, Samuel Theis étudie l’art dramatique à l’École Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre à Lyon. Il intègre ensuite l’atelier scénario de La Fémis avant de réaliser son premier long-métrage Party Girl, inspiré de la vie de sa mère. À la frontière entre documentaire et fiction, les membres de sa famille y jouent leurs propres rôles. Le film obtient la Caméra d'or à Cannes. Samuel Theis est également acteur et metteur en scène. Petite Nature, est son deuxième long-métrage.

EXTRAITS CRITIQUES


La réussite de Petite nature est de mettre en valeur le paradoxe entre des situations où Johnny doit assumer des rôles bien trop grands pour son jeune âge, comme s'occuper à plein temps de sa petite sœur, mais aussi de son inexpérience dans presque tous les domaines, qui le ramène à sa condition d'enfant. Plutôt que de s'attarder sur le rejet vis-à-vis de l'instituteur, l'histoire et la mise en scène développent le besoin de changement de cadre du personnage principal. Il énonce de lui-même son besoin de quitter son foyer pour enfin exister à part entière, par le biais d'un internat au collège, et devenir la personne qu'il souhaite. En cherchant un père, Johnny a fini par se trouver lui, ou du moins le chemin qui pourra le mener à son futur, débarrassé d'un climat toxique et d'injonctions à devenir un homme, un vrai. S. Theis réussit finement à s'extraire d'une histoire qui aurait pu être un bourbier, pour raconter la volonté d'émancipation d'un jeune garçon désireux d'explorer d'autres voies que celles qu'on a tracées pour lui à l'avance. C'est l'histoire d'une différence et d'une liberté.


Le Bleu du Miroir,


Samuel Theis réalise un film qui rappelle les codes de ceux de Céline Sciamma (Tomboy): un métrage fortement ancré dans les vies des petites gens, avec des comédiens plus vrais que nature et des histoires troubles, osées, délicates, qui interpellent et nous touchent fatalement. Petite nature, c'est un passage, une frontière franchie, une émancipation, celle que l'on touche tous du doigt un jour et qui nous marque à vie.


Abusdecine.com, Mathieu Payan

  

SAMEDI 25 MAi 2024 17h


PETITE NATURE   de  Samuel  THEIS


Comédie dramatique, France, 2021, 1h 35, inédit à Troyes


Présence de Clémence Davigo

Entretien avec le réalisateur

Votre film marque par son traitement très progressif et délicat de l’éveil sexuel...

Johnny est au seuil de l’adolescence. C’est encore un moment de grande liberté d’expression du corps. C’est ce qui me plait aussi dans le récit de cet âge-là. Je voulais rendre compte de la multiplicité des désirs. Il y a l’attirance physique, ce qui se passe dans un corps, mais aussi ce qui se passe à l’intérieur d’une tête. Chez Johnny, le désir est aussi constitué par sa soif de savoirs. Adamski vient de Lyon, il y a tout de suite une forme d’exotisme pour le garçon qui n’est jamais sorti de Forbach. Il incarne l’apprentissage, les livres, la culture, ce qui déclenche chez Johnny une libido de la connaissance. Adamski incarne un autre monde. C’est la figure du mentor, le maître comme on dit à l’école primaire. Dans le désir des enfants, il y a quelque chose qui est de l’ordre de la conquête, une forme de toute puissance. Les enfants sont des explorateurs. Et puis, j’ai le sentiment que notre rapport au monde passe avant tout par le corps. Surtout à un âge où ça ne peut pas encore passer par les mots. Le désir comme une force dynamique donc, mais aussi la marque d’un manque, la source d’un vacillement


Petite Nature sort dans un contexte où plusieurs histoires d’inceste ou de sexe entre adulte et adolescent sont sorties, suscitant un vaste débat public. Or, dans votre film contrairement à ces affaires, le désir vient de l’enfant. Pensez-vous que le film encourt le risque d’être mal perçu?

Sur ces questions, il est clair que le climat actuel peut être effrayant. Le problème, c’est que la forme de ces affrontements ne permet pas le débat, interdit tout propos nuancé. Les expériences humaines sont plus diverses et mystérieuses qu’un débat outré. Je pense que les films doivent se permettre de parler de tout et faire fi de ces espèces de campagnes médiatiques. Par contre, le réalisateur ne peut pas éviter la question morale de son film. C’était très important pour moi, la réponse de l’adulte.

Vous êtes à l’évidence très attaché à Forbach et à la Lorraine. Pensez-vous toujours filmer là?

Pour l’instant, je n’en ai pas fini avec ce territoire. J’aime bien l’idée que mes films recouvrent à la fois une identité sociale et régionale. J’estime qu’il y a un déficit de représentation de ce milieu, les classes populaires se sont peu à peu effacées du discours médiatique. Il y a eu un sursaut avec les gilets jaunes, mais très vite étouffé. Bien sûr qu’il ne suffit pas de filmer des ouvriers, il faut savoir d’où on les filme et pourquoi. Cela induit des questions: comment je regarde ce milieu, qu’est-ce que je choisis d’en raconter? Ne pas réduire les quartiers populaires à la fatalité du chômage et à la délinquance. Ce n’est pas gagné de faire des films comme les miens, ce n’est pas assez glamour de filmer les classes populaires, des visages inconnus. Pourtant, il y a une riche histoire de ce côté-là du cinéma: Pialat, les Dardenne, le néo-réalisme italien.

Dossier de presse

Synopsis :

Johnny a dix ans. Mais à son âge, il ne s’intéresse qu’aux histoires des adultes. Dans sa cité HLM en Lorraine, il observe avec curiosité la vie sentimentale agitée de sa jeune mère. Cette année, il intègre la classe de Monsieur Adamski, un jeune titulaire qui croit en lui et avec lequel il pousse la porte d’un nouveau monde.

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