01-03_L'autre côté de l-espoir_Extraits critiques

PROPOS du REALISATEUR

L’Autre côté de l’espoir continue la trilogie sur les réfugiés du réalisateur et scénariste finlandais Aki Kaurismäki. Le premier épisode de cette dernière, une tragicomédie intitulée Le Havre, a été récompensé. L’Autre côté de l’espoir est dédié au défunt réalisateur, scénariste et historien du cinéma, Peter von Bagh, directeur du Midnight Sun Film Festival, que les frères Kaurismäki ont fondé en 1986.


Pourquoi avez-vous décidé de réaliser une trilogie sur des gens occupant une ville portuaire?

Aki Kaurismäki: De manière générale, cela s’est produit automatiquement, parce que je suis fainéant. Il faut toujours que je fasse une trilogie pour dire de faire quelque chose, voilà tout. Je ne savais pas couper du bois. Ce n’est plus une trilogie sur une ville portuaire, c’est devenu une trilogie sur des réfugiés. J’espère que la troisième partie sera une comédie joyeuse.


Selon vous, L’Autre côté de l’espoir peut-il faire changer d'avis?

Le cinéma n’a pas une telle influence, mais j’ai sincèrement essayé de faire comprendre aux spectateurs que nous sommes tous égaux, nous sommes tous humains. Si aujourd’hui c’est ‘’lui’’ ou ‘’elle’’, demain cela pourrait être ‘’vous’’.


Quelles instructions donnez-vous habituellement à vos acteurs?

Je ne veux pas déplacer mes acteurs à l’excès et leur demander de ne pas bouger leurs mains comme des moulins à vent. Bien sûr, je les ai choisis parce qu’ils sont beaux et qu’ils jouent bien. Les acteurs devraient savoir jouer; la caméra peut être leur amie ou leur ennemie. S’ils savent jouer, elle est leur amie; sinon, elle est leur ennemie.


Que pensez-vous de l’islamisation de l’Europe?

L’islamisation? Hé bien, l’Islande s’est bien débrouillée au football à un certain moment, cela ne veut pas dire qu’il y a aura une «» de l’Europe. C’était pas mal, le pays s’est classé en huitième position à la Coupe du monde. Ce n’est pas pour cela que l’Islande va conquérir l’Europe. Je ne vois aucune islamisation en Europe. C’est un changement culturel normal, dont nous avons d’ailleurs besoin, car notre sang s’épaissit.

Ce n’est pas votre premier film sur les réfugiés Pourquoi ce sujet est-il si important pour vous?

Au siècle dernier, nous n’avions aucune culture de l’humanité. En Europe, une certaine organisation démocratique a récemment vu le jour. Nous avons cependant .vécu une année difficile avec tous ces crimes et dans dix ans, tout s’effondrera, car nous ne sommes bons à rien. Il y a soixante ans, il y avait 60 millions de réfugiés, à l’instar d’aujourd’hui. À l’époque, les gens les aidaient. Aujourd’hui, nous sommes ennemis. Où est donc passée notre humanité? Si nous ne faisons pas preuve d’humanité pour nos amis, nous ne pourrions pas exister. Et nous ne devrions pas exister? Si nous ne sommes pas humains, qui sommes-nous? C’est pour cette raison que je respectais madame Merkel, car elle était la seule politicienne qui semblait au moins s’intéresser au problème. Les autres jouaient leur jeu, mais ceci n’est pas une déclaration politique.

Cineuropa, d'après Birgit Heidsiek (traduit de l'anglais), 2017.


NOTE  D’AKI  KAURISMäKI


Avec ce film, je tente de mon mieux de briser le point de vue européen sur les réfugiés considérés tantôt comme des victimes objets de notre apitoiement, tantôt comme des réfugiés économiques qui avec insolence veulent prendre notre travail, nos femmes, nos logements et nos voitures. La création et le développement de nos préjugés en stéréotypes ont une sombre résonance dans l’histoire de l’Europe. L’Autre côté de l’espoir est, je l'avoue, un film qui tend dans une certaine mesure et sans scrupules à influer sur l'opinion du spectateur et essaie de manipuler ses sentiments pour y parvenir. Cette tentative va naturellement échouer, mais il en reste, j'espère, un film intègre, un peu triste, porté par l'humour et un peu réaliste sur les destins de quelques hommes dans ce monde aujourd'hui.

Dossier de Presse (2017), Monica Donatti

Et aujourd’hui en Finlande...


La Russie est soupçonnée de chercher à déstabiliser la Finlande en encourageant des migrants à se rendre à ses frontières. Face à cette pression migratoire, la Finlande a fermé tous ses postes-frontières avec la Russie sauf un, au nord. Les deux pays, en froid depuis que la Finlande a rejoint l’OTAN, ont 1300 km de frontière commune. Pour les migrants, originaires d’Irak, de Somalie, du Yémen, la Russie n’est qu’un pays de transit. Passer en Finlande, c’est entrer en Europe.

La Finlande voit donc arriver chaque jour dix fois plus de demandes d’asile qu’en temps normal. Cette situation peut fragiliser le pays qui dénonce une instrumentalisation des migrants par la Russie. Moscou dément formellement son implication dans ce mouvement de migrants, alors que la Commission européenne dénonce aussi une manipulation.

France 2, Maryse Burgot, Anne Ponsinet

                   Article publié le 27/11/2023

Extraits critiques