09-01_Un homme intègre_synopsis
09-01_Un homme intègre_Entretien

Rasoulof ne se contente pas d’un constat politico-social. Ses personnages sont faits de chair et de sang. Ils ne peuvent pas être simplement tout d’une pièce. Comment peuvent-ils réagir et se défendre face aux attaques multiples auxquelles ils font face ? Les drames intimes se mêlent alors aux conflits économiques. Voici alors une autre qualité qui fait d’Un Homme intègre un vrai film à suspense où les protagonistes se démènent pour survivre. Le récit est porté par une image très naturaliste, une bande son ultra-minimaliste qui ne garde que les bruits de la nature qui laissent au spectateur le temps de se concentrer sur l'intrigue elle-même. Il ne fait aucun doute que le film est destiné avant tout au public de son pays. Profondément enraciné dans la vie iranienne, le film développe pourtant une réflexion plus universelle: jusqu'à quel point un homme peut-il conserver son intégrité en luttant contre un système corrompu?

Trigon-film, Martial Knaebel

Ce qu'il y a de formidable dans Un homme intègre tient dans l'art de l'ellipse. Si tout était dit, le film ploierait sous le poids de la morale, et porterait un regard extérieur sur ses personnages perdus dans un océan d'absurdité. Si on comprenait tout, on s'ennuierait. Or, ce que montre Rasoulof est autant la machinerie inéluctable dès lors que Reza lutte, seul contre le monde qui l'entoure, que la sensation de terreur et de solitude qui l'étreint, et nous avec, et que le film capte, notamment lorsqu'il déguste son alcool de pastèque fait maison, seul dans son trou d'eau chaude naturelle.

Libération, Anne Diatkine

Dans cet univers, les puissants, au nom de la religion, se permettent tout. Tout s’achète, sous le manteau, alcool, drogue, tout se négocie, un coup de pouce pour qu’une plainte soit traitée en priorité par le juge ; un certificat bidon délivré par un médecin-légiste complaisant. Reza semble le seul à refuser ce système de petits arrangements et de passe-droits où tout le monde est complice. Quand le beau-frère de Reza glisse quelques billets aux employés du tribunal pour accélérer sa sortie de prison, il les excuserait presque : « Il faut bien qu’ils vivent. Ils n’ont qu’un salaire de fonctionnaire… » Dans ce contexte, les intérêts économiques, le pouvoir politique et les interdits religieux se confondent pour mieux contrôler les citoyens.

Tanukiwo free.fr

Un homme intègre tient du western. L’humble héros du film est Reza, pisciculteur qui vit dans une ferme isolée avec sa femme et son fils. Une compagnie privée a des visées sur son terrain et use de divers stratagèmes pour l’en déloger. Reza et son épouse tentent deésister et le film raconte les évolutions de cet affrontement dude terre contre le pot de fer. Car l’éleveur de poissons se rend compte qu’il ne lutte pas seulement contre une entité aux comportements mafieux mais contre tout un système où business, féodalités locales, institutions étatiques et religieuses se donnent la main et se tiennent par la barbichette. Comment rester un honnête homme quand tout l’environnement est vérolé, telle est la question éthique posée par Rasoulof qui sait évidemment deil parle en tant que cinéaste iranien.

Inrockuptibles, Serge Kaganski

  

Reza apparaît donc comme l’alter ego de son réalisateur, pris dans la quête du passage au monde adulte: tenter de se dresser contre l’autorité établie et extérioriser enfin ce qui aété trop longtemps refoulé. Le film désigne ainsi les espaces incarnant la psyché du personnage. La grotte, tout d’abord, fait office de ça intérieur ou de jardin secret (Reza peut y, fumer et se laisser aller à'abri des regards); la ferme familiale, de moi, zone intermédiaire entre la conscience de la réalité et son désir de liberté; et l'ensemble des espaces publics (commissariat, école, rue) son surmoi, où Reza n'a d'autre réaction qu'une attitude renfrognée et parfois puérile, àlimite de l'hyperbole implosive: les yeux noirs de colère et la mâchoire serrée, le regard insistant, accompagnant chacune de ses apparitions et amplifiant l'impression de rigidité générale. Tout ce schéma de rage refoulée sous une carapace implacable se résume finalement dès le premier plan, celui d'une injection d'alcool fait-maison dans une pastèque.

Critikat.com, Alain Zind

Synopsis

Entretien avec le réalisateur

EXTRAITS CRITIQUES