Amour_de_jeunesse_Extraits critiques
Amour_de_jeunesse_Extraits critiques

« Il s'agit clairement d'un film sur le temps qui passe, mais je ne me suis pas imposée de règles à ce sujet lors de l'écriture du scénario. Je me suis plutôt laissée porter par mes intuitions, en accordant beaucoup d'attention à des petits moments anodins, et beaucoup moins à d'autres, je n'ai pas cherché à rendre compte de tout. Pour moi ce qui doit justifier qu'on monte telle ou telle scène c'est juste le fait qu'on ait envie de la filmer. J'ai juste écrit les scènes que j'avais envie de filmer, ensuite je les ai rassemblées et puis j'ai recherché une fluidité. Je ne me suis pas posée la question de manière théorique. »

 

« L'important pour moi est que la musique entretienne un rapport organique avec les images, que ce soit une évidence. En tout cas ce rapport à la musique est pour moi indissociable du fait de ne pas travailler avec un compositeur, car j'aime détourner, recycler, greffer des morceaux à mon film, pour justement produire un nouvel objet. La rencontre entre mon film et une chanson qui vient d'ailleurs est donc fondamentale, car la musique à mon sens sert à élargir, à élever, et ne doit pas uniquement commenter mes images. »

 

« Il y a beaucoup de films très bavards, dans lesquels le silence me manque, et d'autres fois le silence est si pesant, si insistant, qu'il en devient artificiel et ne retranscrit pas la réalité de la vie. Pour entendre le silence j'ai besoin de la parole et réciproquement. Je recherche donc un équilibre, qui permet de donner du relief au film. Plus généralement j'essaye d'être sensible à beaucoup de choses, aux gestes, à la manière de marcher, de bouger, d'être ouverte à toutes ces manifestations, aux sons de la vie. »

 

« Je ne sais pas peindre mais je sais que le cinéma a souvent à voir avec la peinture : parler de l’invisible à travers des images, tenter de retrouver ou réinventer une présence singulière et disparue. Affirmer un ton, une couleur, un mouvement, rendre définitif l’éphémère.

Mais ce qui n’est propre qu’au cinéma, c’est par exemple le choix d’un acteur, d’une réplique, d’un cadre, d’une durée ou d’une coupe ; c’est surtout le sentiment d’incarnation qui en résulte et où se trouve pour moi l’essentiel d’un plaisir qu’on aimerait cathartique, pour soi comme pour les autres. »

 

« Le cinéma a pour moi été une forme d'émancipation, d'épanouissement, car lorsque j'étais adolescente j'avais le problème de ne pas arriver à m'enraciner, m'ancrer dans le monde. Ce sera toujours mon seul moyen possible d'expression, puisque c'est un art qui en même temps ramène au monde, qui se heurte au réel en permanence. On ne peut pas vivre uniquement dans l'abstraction, j'avais tendance plus jeune à beaucoup fuir le réel. »

Entretien avec Mia Hansen-Love (Vodcaster.com)

 

« Je ne me pose jamais la question : comment expliquer au spectateur ? J’ai une confiance totale en lui. Je trouverais déprimant de  tourner une scène juste parce qu’elle explique quelque chose. Je regrette souvent au cinéma qu’un personnage ne puisse pas dire une chose et son contraire, alors que dans la vie c’est plus confus, contradictoire. »

Entretien avec St. Delorme : (Les Cahiers du cinéma N° 668)

 

« Ce film est du côté de la vie. Il raconte l’histoire de quelqu’un qui transforme une souffrance en bonheur. L’idée que les sentiments d’une passion amoureuse soient ceux de deux adolescents demande pour moi plus de maturité pour en retranscrire la gravité. Je ne sais pas si c’est le bon mot, mais devenir adulte, ou tout du moins s’accepter, est quelque chose qui hante totalement ce film. »

Entretien avec Ph. Azoury (Libération : 06/07/2011)

  

« Ma grand-mère qui n’a pas vu mon film m’a écrit récemment, citant de mémoire Kierkegaard : "La vie ne peut être comprise qu’en revenant en arrière, mais doit être vécue en allant de l’avant." C’est justement ce que j’ai voulu dire – et faire – avec ce film ».

Propos de la réalisatrice