L'étrange affaire Angelica_Propos du réalisateur
L'étrange affaire Angelica_Propos du réalisateur
L'Étrange affaire Angelica

SYNOPSIS


Une nuit, Isaac, jeune photographe et locataire de la pension de Dona Rosa à Régua, est appelé d’urgence par une riche famille afin de faire le dernier portrait de leur fille Angélica, une jeune femme morte juste après son mariage.


Dans la maison en deuil, Isaac découvre Angélica et reste sidéré par sa beauté. Lorsqu’il porte à son oeil l’objectif de son appareil photo, la jeune femme semble reprendre vie, pour lui seul. Isaac tombe instantanément amoureux d’elle.


Dès lors, Angélica le hantera nuit et jour, jusqu’à l’épuisement.


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 «Il est impossible d’évoquer Manoel de Oliveira sans prendre en compte sa longévité miraculeuse, qui lui permet avec constance de réaliser un film par an alors qu’il a dépassé le siècle d’existence. Plus encore que le miracle, ce sont le paradoxe et le contretemps qui permettent d’approcher une œuvre qui a expérimenté plusieurs possibilités esthétiques sans se figer dans un style immuable, invitant dès lors à une relecture anachronique de l’histoire du cinéma. On peut retenir deux constantes dans ce long parcours : l’indifférence, voire le refus de la vraisemblance, et une conscience forte de la valeur artistique du cinéma. Au-delà de ces repères, l’impression de diversité prévaut...


D’une profonde originalité, l’œuvre d’Oliveira associe aussi bien d’amples méditations sur l’histoire qu’une ironie savoureuse. Grand cinéaste de la parole comme le rappelle de manière radicale Gebo et l’Ombre, son dernier film, il manifeste aussi un tempérament visuel qui en fait un des grands créateurs d'images du cinéma contemporain. Il ne craint jamais, par ailleurs, une touche d'impertinence afin de déjouer la crispation des certitudes ou l'assurance du vieux sage qui formulerait le dernier mot.


De la sorte, traversée par un doute joyeux, l’œuvre d’Oliveira demeure profondément actuelle et toujours en devenir, plus de quatre-vingts ans après son commencement.»


Mathias Lavin   :

Auteur de La Parole et le Lieu :

le cinéma selon Manoel de Oliveira

(Presses Universitaires de Rennes, 2008)

et d’une étude sur  Val Abraham.

(éditions Yellow Now,)

Né en 1908 à Porto au Portugal, fils d'une famille aisée, Manoel de Oliveira débute au cinéma en tant qu'acteur dans un film muet, à la fin des années 1920. Il décroche un rôle plus important dans un film parlant, Cancao de Lisboa (1933) de Cottineli Telmo. Il tourne son premier film en deux ans (de 1927 à 1929) Douro, faina fluvial qui ne sort qu'en 1931 lors d'un festival local. Pendant une dizaine d’années, il tourne divers films industriels ou de commande. En 1941, à 33 ans, il tourne son premier long métrage Aniki-Bobo  qui montre la vie des enfants des quartiers populaires de Porto, mais le régime de Salazar n'apprécie pas. Manoel de Oliveira passe donc quatorze années sans réaliser un seul film. Après un séjour passé en Allemagne où il étudie les nouvelles techniques du cinéma en couleur, il réalise encore un film sur Porto, Le Peintre et la ville (1956). En 1961, il réalise son second long métrage de fiction, Le Mystère du printemps qui fait état des mentalités portugaises de l'époque. Suivent ensuite plusieurs courts métrages, dont La Chasse en 1963 qui est une parabole sur la solidarité. Il avait, dit-il, «intentions cachées touchant la dictature». Après ce film, le gouvernement portugais l'empêche à nouveau de tourner jusqu'en 1971. Cette année là,  il réalise Le Passé et le présent,  premier volet de sa tétralogie des Amours frustrés. Suivront, Benilde ou la Vierge Mère (1975), Amour de perdition, (1978) et Francesca  (1981).


En 1985 il tourne  Le Soulier de satin de Paul Claudel, Non, ou la vaine gloire de commander en 1990 et Val Abraham en 1993. En 1996, Voyage au début du monde, salué par la critique et présenté dans des festivals du monde entier, est la dernière apparition au cinéma de l'acteur Marcello Mastroianni. En 1997, il tourne Inquiétudes, qui le sacre meilleur réalisateur, l'année suivante, à Hollywood. Malgré son talent, ses films ne connaissent pas le succès.  Les longues années de dictature portugaise et la petite place que le Portugal occupe dans le cinéma mondial sont les causes majeures de la faible notoriété de ses films.


Après Le Couvent, en 1995,  il tourne La Lettre en 1998, puis Je rentre à la maison et Porto de mon enfance en 2000. Les années suivantes, il réalise entre autres, Momento (2002), Un film parlé (2002), Le Cinquième empire (2004), Le Miroir magique (2005), Belle toujours (2006), Chacun son cinéma (2006), Christophe Colomb, l'énigme (2007), Singularités d’une jeune fille blonde (2009), L'Etrange affaire Angélica (2009) qui concourt dans la catégorie Un certain regard au Festival de Cannes en 2010. En 2012, sort son dernier film, Gebo et l’ombre.


Il est  le réalisateur en activité le plus âgé au monde et le seul à avoir commencé sa carrière à l'époque du cinéma muet. Il a reçu lors du Festival de Cannes 2008, l'année de ses 100 ans, sa première Palme d'or, une Palme d'or pour l'ensemble de son œuvre.  Il prépare actuellement un nouveau film, L’Eglise du diable.

MANOEL DE OLIVEIRA

«Le cinéma, comme tout art, est un miroir de la vie. C’est la meilleure occasion offerte à l’homme de penser.»

L'étrange affaire Angelica