L'Étrange affaire Angelica_synopsis
L'Étrange affaire Angelica
L'Étrange affaire Angelica

EXTRAITS CRITIQUES


«Le monde pour Oliveira va et vient, de l’harmonie au chaos, du chaos  à la grâce, du travail au repos, du visible à l’invisible, de la matière à l’esprit, de l’esprit  à la matière, du sourire des morts au visage grimaçant sous l’effort des vivants qui creusent la terre, un monde où le temps ne s’arrête jamais, même pour un cinéaste centenaire qui, parce qu’il se réclame de ce monde-là, de ce temps-là, circulaire, infini, aimable, filme sa propre mort comme une nuit blanche et comme une aube noire.»

Jean-Philippe Tessé (Cahiers du cinéma N°  665 ; mars 2011


«à ce que le sujet pouvait laisser penser L’Etrange affaire Angelica n’est pas une œuvre crépusculaire, mais plutôt un de ces films de vieux maîtres qui jouent à être plus vert, et parfois plus courageux que les jeunes turcs (on peut penser, par exemple, au Rohmer de L’Anglaise et le Duc). Le film atteint ainsi une poésie et une efficacité qui en font peut–être l'un des plus émouvants de son auteur, au sein d'une carrière extrêmement riche mais toujours en mouvement.» S. G. (Annuel du cinéma 2012)

«L’Étrange affaire Angelica tient, par sa seule atmosphère, une alliance entre la sobriété lumineuse caractéristique de l'œuvre du cinéaste et une touche fantastique primitive dont la simplicité confine au sublime. La magie qui émane des apparitions d'Angelica repose sur de délicats jeux de contrastes. Contraste, d'une part, entre le détourage phosphorescent des deux amants scintillants, semblant tout droit sortis d'une peinture de Chagall, et le noir et blanc mat choisi pour figurer les rêves d'Isaac… beauté de ce film, sa douceur ensorcelante, vient essentiellement du point de vue que Manoel de Oliveira adopte sur les penchants mortifères de ce personnage qu'il a fait interpréter par son petit-fils, Ricardo Trepa. Comme s'il était lui-même prêt à  rejoindre la farandole de ses fantômes

Isabelle Regnier(Le Monde; 15/03/2011)

«Métaphysicien facétieux, Oliveira ne cesse de questionner, avec ses images modestes et magiques, la différence entre le corps et l'âme, la frontière entre le présent et l'éternité, entre l'ici et l'infini. Le scénario dormait depuis 1952 dans ses cartons. Il s'est enrichi de considérations contemporaines : à la table de la logeuse, des pensionnaires éclairés commentent les dernières avancées de la recherche scientifique, dans ces domaines où la physique confine à la philosophie. Oliveira en prend bonne note, mais rit aussi sous cape, comme toujours : dans un coin de la pièce, un chat s'impatiente sans fin au pied de la cage d'un oiseau. Soit une autre vision du monde, tout aussi dérisoire, pas moins vraie.» Louis Guichard (Télérama 16/03/2011)


«La liberté d’Oliveira se manifeste autant dans le choix de son intrigue - un photographe est appelé une nuit pour tirer le portrait d’une jeune morte, qui lui sourit quand il porte son œil derrière le viseur, ce qui provoque chez lui une attirance irrésistible pour ce joli fantôme… L’humour est incessant chez le doyen portugais des cinéastes, en même temps qu’une interrogation sur l’au-delà des apparences, du réel et de la matière, empreinte d’un mysticisme déroutant. l’Étrange affaire Angélica a été tourné dans la région du Douro, non loin de Porto, là où les travailleurs sont réputés être durs à la tâche, lieu propice pour réunir dans un même film de grands espaces d’eau ou de ciel (l’ailleurs) et des paysans qui travaillent encore la terre à la pioche (l’ici et maintenant).»

Christophe Kantcheff (Politis 14 mai 2010)


«La mort est joyeuse et émerveille chez Oliveira (ce vieil olivier lusitanien qui donne de si beaux fruits sucrés et un brin amers). Les amoureux volent en souriant dans le silence plein de brouillard de la nuit, l’amoureuse se repose souriante dans la mort et sourit à son aimé. La mort n’est pas une paix, mais mieux encore : une joie, un bonheur extatique promis.  Merci à Monsieur de Oliveira, merci à lui de nous laisser ces petits indices sur le monde, ces petits cailloux bizarres qui nous permettront peut-être, parfois,  de nous y retrouver et de sourire un peu au milieu des éboulements qui bouleversent nos vies.»

Jean-Baptiste Morain (Les Inrockuptibles )

Synopsis