Extraits critiques

EXTRAITS CRITIQUES

Propos du réalisateur


 

 Note d’intention du réalisateur :

 

« Que sait-on des Roms ? On croit tout savoir, et finalement on ne sait pas grand chose, tant ils sont enfermés derrière un mur de préjugés et de stéréotypes, qu’ils soient négatifs – mendiants, voleurs, sales… – ou positifs : l’image exotique de l’éternel nomade libre et insouciant, musicien de génie ou danseuse passionnée…

A contre-courant d’une sempiternelle approche folklorique ou misérabiliste, j’ai voulu, à l’image de mes précédents documentaires, réaliser un film politique. La chronique d’un ghetto rom, celui de Nadejda en Bulgarie, métaphore de l’apartheid qui frappe aujourd’hui l’immense majorité des Roms d’Europe, mais aussi parabole d’un combat universel contre toutes les formes de discrimination raciale. 

« Il y a une espèce d’incommunicabilité entre Bulgares et Roms depuis des générations et des générations, même si elle s’est quand même beaucoup accentuée après la chute du Mur de Berlin. Et c’est vrai que les seuls qui pénètrent dans le quartier, ce sont les institutrices, quand elles vont notamment chercher des enfants avant la rentrée des classes. Donc c’est vrai qu’il y a des frontières physiques, mais je voulais articuler ce film autour des frontières mentales, donc il est centré autour du regard des Roms – je ne voulais pas de commentaire, pas d’interviews, et construire un film qui s’articule autour de leur point de vue et de leurs discussions, qui font avancer le film – et il y a en contrechamp le point de vue des Bulgares sur les Roms, qui est incarné par les institutrices, par le directeur de l’école, qui sont assez représentatifs dans leur vision des Roms des autres milieux sociaux bulgares, même s’il y a évidemment des milieux sociaux qui sont plus ou moins ouverts à cette question des minorités. »

 Entretien réalisé par Catherine Ruel :

Radio RFI : 22 mars 2009

 

« Ce qui me fait plaisir c’est de montrer ce film à d’autres communautés et voir que cela leur parle aussi. Bien sûr, en travaillant sur ce sujet je voulais non seulement donner une image différente des Roms, mais je cherchais également à obtenir une dimension universelle. J’aime l’ambivalence du mot « cité », parce que c’est à la fois la "polis" grecque et le nom qu’on donne aux zones défavorisées, de relégation et de non-intégration, des banlieues françaises aux favelas brésiliennes ou africaines. Je voulais qu’au-delà de la question rom, le film parle de la manière d’intégrer les minorités. Ces gens que j’ai filmés sont remarquables de détermination et peuvent être pris en exemple, ils essayent de faire avancer les choses, de changer, de résister, de ne pas avoir un regard fataliste. »

 Lucrezia Lippi

(Le Petit Journal, – 11 mars 2009)

De fait, j’ai construit ce film autour de deux protagonistes centraux extrêmement attachants et bien éloignés des stéréotypes sur les Roms : Stefka, dont le bar à soupe constitue la véritable place publique du quartier, et Angel, une militante rom qui se bat avec une conviction acharnée pour défendre les droits de sa communauté, et permettre aux enfants roms d’être intégrés dans des écoles bulgares.

 

J’ai voulu montrer cette réalité d’une manière crue, âpre, immerger le spectateur dans une histoire articulée autour du point de vue unique des Roms et dépouillée de tout commentaire ou interview. Avec l’espoir peut-être de faire découvrir une autre image des Roms, et de faire reculer cette méconnaissance qui bien souvent suscite l’incompréhension, la peur, les préjugés, l’intolérance. En bulgare, Nadejda veut dire « espoir »…

 Frédéric Castaignède