Docteur Jerry et Mister Love_Propos du réalisateur

Propos du réalisateur

EXTRAITS CRITIQUES


« …Jamais encore Lewis n’avait exprimé avec autant de frénésie l’univers insensé dans lequel vit constamment le personnage, qu’il approfondit de film en film depuis dix ans… Personne n’a encore poussé aussi loin la destruction systématique de l’univers normal, et surtout personne avant lui n’avait osé, pas même W.C. Fields, pas même les Marx, s’aventurer derrière le miroir pour explorer cet univers angoissant, étrangement proche de Kafka et de Borges… De film en film plus grave, de film en film plus drôle, de film en film plus inventif, de film en film plus délirant, Jerry Lewis vient de réussir avec The Nutty Professor, la tragédie la plus drôle et la comédie la plus bouleversante de l'histoire du cinéma, Jerry Lewis est peut-être en train de réinventer le cinéma.»

Yves Boisset (Cinéma 63: N° 81)

«The Nutty Professor se développe en féroce satire sociale. Il dénonce toute société, l’américaine d’abord bien sûr, mais pas seulement l’américaine - où pour réussir il vaut mieux être Buddy Love que le  Kelp, un mufle sans culture mais avec des muscles, sans scrupules, mais avec sex-appeal, qu’un intellectuel à binocles si génial soit-il ; où le culte de la beauté et de la jeunesse à tout prix, avec ses modes, ses recettes miracles pour vous transformer le temps d’un clin d’œil en apollon pour plages ou en M. Muscle, prime tout -  tout est vraiment affaire d’emballage ; où l’apparence, pourvu qu’elle séduise, l'emportera toujours sur la vérité. Monde inversé, monde à rebours que celui où Buddy love est roi.»  Jean Louis Bory (Dossier du cinéma)

«Une grande puissance créatrice, un brin de sentimentalité, une perpétuelle auto-analyse, une conscience très aigüe qu’il est israélite, c’est l’un des meilleurs cinéastes comiques de notre époque : auteur, acteur, réalisateur, il restitue, en même temps que les siens, toute une part des complexes de l’Amérique moderne.»

P.L. Thirard (Positif N° 38)

«pourrions commenter longuement la perfection plastique de ce film qui contient la plus belle scène de transformation que nous ait livrée la filmographie de Jekyll et Hyde (la couleur, les mouvements de grue y jouent un rôle primordial). Nous pourrions également parler de Jerry chanteur, assurément devenu l’un des vocalistes les plus brillants de son pays; mais c’est en dernier ressort, la satire qu’il convenait de souligner dans ce film surprenant. Lewis y dépasse les constats désenchanteurs de Preston Sturges ou de Tashlin, y approche dans sa chronique désabusée de l’homo americano, les prestigieuses découvertes de Buster Keaton.»

Robert Benayoun (Bonjour Monsieur Lewis; Eric Losfield éditeur; 1972)

«la caricature de l'intello met en relief les qualités de coeur du Pr Julius, autant celle du don Juan (règlements de comptes avec Dean Martin ?) dénonce le machisme imbécile et la séduction poudre aux yeux. Cette parodie de Docteur Jekyll et Mister Hyde devient alors un plaidoyer pour la « beauté cachée des laids », comme disait Gainsbourg. La fantaisie est totale et certains gags, ahurissants, n'ont rien à envier aux folies cartoonesques d'un Tex Avery. Le film le plus célèbre de Jerry Lewis. A juste titre .»

Philippe Piazzo (Télérama : Le guide du cinéma)

«aurons la nostalgie du Lewis tonique et Fregoli de  Docteur Jerry et Mister Love. Depuis plusieurs films, nous l’avons vu se diriger vers cette gravité, vers cette abstraction et cette béance  de faille et d’effroi… Mais ce qui en émerge, ce n’est pas un auteur brisé, dégoûté, désenchanté… C’est un auteur grave qui devrait passionner les amoureux d’Antonioni et les lecteurs de Kierkegaard…  Ce qui prouve qu’il faut toujours de méfier des clowns.  Comme les très jeunes enfants, ils en savent plus que nous… et ça ne les rend pas plus gais !»

Noël Simsolo