Enfances_Extraits critiques

EXTRAITS CRITIQUES

Propos du réalisateur

On a souhaité se recentrer sur des cinéastes qui ont fondé le cinéma tel qu’il est aujourd’hui, explique Le Gal. Mais il fallait que chaque histoire fonctionne indépendamment de leur nom pour qu’on puisse apprécier ces courts sans connaître leur oeuvre dans le détail. Et chacun devait rentrer dans nos budgets serrés : 5 000 euros par film. Moi-même, j’ai dû renoncer à mon idée de raconter celle de Polanski car il aurait fallu reconstituer le ghetto de Varsovie.»

Pour les six réalisateurs chargés de mettre en images les scénarios de Le Gal, ce dernier souhaitait au départ des réalisateurs réputés comme Besson ou  Assayas.

« Puis on a compris qu’on allait devoir attendre trop longtemps leurs réponses. Et on s’est souvenu que le but du court est de faire démarrer des jeunes cinéastes. On a donc fait appel à quatre réalisateurs qui n’avaient réalisé qu’un long et à deux qui n’avaient fait que des courts. Des gens habitués au système d’auteur-réalisateur à qui on allait demander d’accepter un film de commande non payé !»

 

Pour déterminer l’ordre de présentation des segments,  Le Gal a décidé d’imaginer le parcours émotionnel d’un spectateur face à eux. «On a mis la seule comédie, Tati, au milieu pour permettre une respiration. Juste après, on a placé le plus long : Renoir. Puis comme ceux sur Lang et Bergman traitaient de deux petits monstres, on a voulu les éloigner. J’ai choisi de mettre le Bergman à la fin car il est le plus jouissif de tous et le Lang au début car sa gravité permet d’emblée de comprendre qu’Enfances ne se résume pas à une suite d’anecdotes. Enfin, le Hitchcock, le plus formel de tous, fonctionnait parfaitement après le Renoir.»


Parmi les grands cinéastes de l'histoire du cinéma, Fritz Lang est une des figures les plus fascinantes. Comme pour Ozu ou bien encore pour George Stevens, le nazisme et la Seconde Guerre mondiale ont été pour Lang à l'origine d'une scission fondamentale dans son cinéma. Étonnamment, on retrouve dans l'enfance de Lang ce même basculement. Enfant de son siècle, il fut en effet bercé par les idées du moment, déjà nationalistes, déjà antisémites. En 1900, alors qu'il a dix ans, il découvre que sa mère est juive. Ce choc lui sera plus tard salvateur: il se souviendra de cette filiation juive avant de quitter l'Allemagne nazie. Quand on sait l'amour et la fascination qu'il avait pour sa mère, on peut même penser que Fritz Lang quitta le régime nazi en partie pour rester fidèle à sa mémoire... ».

Yann Le Gall (réalisateur du ‘’Fritz Lang’’)


« Le film repose sur l'idée que dans l'enfance de chacun, on peut trouver un moment charnière, un événement singulier, qui a joué un rôle essentiel dans la construction de l'adulte qu'il est devenu. Essentiel car il aura permis à cet enfant de franchir un cap, d'affirmer sa personnalité par rapport à sa famille, ses amis, en un mot de "grandir". Essentiel également car cet événement aura été suffisamment marquant pour influencer de manière permanente l'univers créatif de ce futur adulte. »

 

« Les cinéastes que nous avons sollicités pour participer à ce projet ont été choisis à la fois pour leur approche singulière du cinéma et pour une certaine proximité avec un cinéaste du patrimoine. Chacun a dû penser sa mise en scène, non pas seulement comme un simple hommage ("à la manière de...") mais plutôt comme une approche personnelle des problématiques cinématographiques et des thèmes chers au cinéaste qu'ils auront choisi de raconter ».

Laurence Darthos (productrice du film)

 

« C'est l'histoire de cet enfant dont la vie est dominée par la peur: peur de la mère trop sévère, de la religion et de la punition, de l'obscurité. C'est la peur qui va nourrir son imaginaire, et le conduire à s'inventer avec terreur cette nuit trop brève où il croit voir de vraies mains sur la boîte à bijoux de la chambre de sa mère, ses parents morts par terre... ».

Corinne Garfin (réalisatrice  du Hitchcock)